ENVIRONNEMENT
Conférence environnementale : ce qu’il faut retenir pour l’agriculture
Quatre mesures ont concerné le monde agricole lors de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre, à Paris.
Le rendez-vous était avant tout politique. De fait, à l’issue de la Conférence environnementale qui s’est tenue les 14 et 15 septembre à Paris, les avancées concrètes sont minces, en particulier sur les sujets agricoles. En clôture de ce rendez-vous, le Premier ministre a confirmé la pause de la France sur les biocarburants et le plafonnement du taux d’incorporation à 7 %, tout en précisant le calendrier : “La baisse progressive des taux de défiscalisation des biocarburants interviendra à compter de 2014 jusqu'à leur extinction, au 31 décembre 2015”. Enfin, la France demandera à l'Europe de généraliser cette pause. Maintenir “le moratoire sur les semences OGM autorisées au niveau communautaire” figure également au chapitre des confirmations. En citant “le lancement d’un nouveau plan en faveur du développement de l’agriculture biologique”, Jean-Marc Ayrault rappelait un travail déjà lancé : la première réunion de préparation du plan bio 2013-2017 s’est tenue le 4 septembre au ministère de l’Agriculture. En outre, le Premier ministre a mentionné “l’interdiction de l’épandage aérien de produits phytosanitaires (…) sauf en l’absence de solutions alternatives”. Un principe qui figure déjà dans les textes français et européens, qui prévoient la délivrance de dérogations. “Et d’une façon générale, l’effort de réduction de l’utilisation de ces produits sera poursuivi”, a assuré Jean-Marc Ayrault, sans réaffirmer ni infirmer l’objectif du plan Écophyto de réduire de 50 %, si possible, l’usage des pesticides.
Il y aura tout de même eu deux annonces vraiment nouvelles. Un objectif fort a été affirmé : celui de stopper l’artificialisation nette des surfaces agricoles ou naturelles, grâce à “tous les moyens juridiques nécessaires”, a précisé François Hollande. Annonce saluée par Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, qui a noté : “les problématiques ont été abordées de manière équilibrée, c'est-à-dire avec l'objectif de maintenir la production agricole dans le respect de l'environnement”. Reprenant une proposition des associations environnementalistes, François Hollande a annoncé la création d’une agence nationale de la biodiversité, cousine de l’Ademe pour l’énergie, sans toutefois que les missions ou l’organisation n’en soient précisées. Les feuilles de route promises par Jean-Marc Ayrault, devront préciser chacun des points retenus. Elles devraient être publiées en milieu de semaine.
M.L.
INTERVIEW DE PASCAL LAIZÉ*
Les bonnes intentions à l'aune du pragmatisme
Quelles réactions vous inspire cette conférence environnementale ?
Pascal Laizé : La rencontre aura au moins eu le mérite de montrer l'agriculture comme une solution et non comme un problème. Pour autant, à côté de ces bonnes intentions nationales, j'attends de voir la déclinaison régionale et la mise en œuvre locale dans les cinq ans qui viennent.
Par exemples ? Par exemple, la méthanisation. L'agriculture, avec la biomasse, peut apporter une solution, pourvu qu'il n'y ait pas d'opposition aux plans d'épandage. Je pense aussi à l'artificialisation des sols. Dans le nord ouest d'Angers, un projet de déviation doit choisir entre une friche sur laquelle vit une espèce rare de lézard et une exploitation agricole. Que sera t il décidé ? J'attends de voir si la logique de la préservation du foncier agricole ira jusqu'au bout.
Et sur le plan des phytosanitaires, qu'en est-il par rapport au Grenelle de l'environnement ? 2012 est une année idéale pour rappeler que c'est le climat qui commande. Il suffit pour cela de discuter tomates avec les jardiniers. Cela permet de comprendre que l'agriculteur ne traite pas par plaisir. Rappelons que la réduction de phytosanitaires inscrite dans le Grenelle de l'environnement est assortie d'un "si possible". Certains ont tendance à l'oublier.
La Conférence environnement a également évoqué la biodiversité ? En l'occurrence, ce qui est à craindre, c'est l'excès de réglementation. Là aussi, je réclame du pragmatisme. Les réserves d'eau tant incriminées, si elles sont bien insérées dans le paysage, créent de la diversité. Ce qui démontre, une fois de plus, que l'agriculture est source de solutions et non de problèmes.