Conseil
Conseil aux entreprises : des agriculteurs témoignent
Groupes de progrès, vie en société, études de marchés, diagnostics
agri-environnementaux : des professionnels parlent de l’intérêt de se faire accompagner.
Avancer à plusieurs. Confronter les expériences. Enrichir ses connaissances pour gagner en autonomie de décision et en compétitivité. Les groupes de progrès permettent tout cela. Ils se multiplient en Maine-et-Loire, d’une quinzaine voilà dix ans, on en compte maintenant trente, impliquant 300 agriculteurs. “On peut dire que cela ne concerne qu’un petit nombre de personnes, mais les groupes de progrès ont souvent un rôle moteur au sein des communes, des Cuma… cela débouche, par exemple en Segréen sur des investissements en matériels de binage et désherbinage”, a expliqué Laurent Lelore, président du pôle conseil aux entreprises de la Chambre d’agriculture, lors de la session du 8 avril. Les actions du pôle y étaient déclinées au travers de témoignages de jeunes ou futurs agriculteurs.
Laurent Vincent, Avrillé : “Sortir de la routine qui consiste à acheter des produits et les appliquer”.
Éleveur laitier, Laurent Vincent s’est engagé à l’automne dernier dans le groupe de progrès pour la maîtrise des intrants en agronomie. “Je suis installé depuis dix ans, je faisais confiance au technicien de la coop même si je n’étais pas toujours d’accord avec lui. Mais il est difficile de contredire lorsqu’on n’a pas les éléments pour justifier d’autres choix. Face à une pression environnementale de plus en plus forte et un contexte économique plus difficile, j’ai voulu aller chercher des réponses en groupe.” L’intérêt du travail en collectif est clair pour le jeune agriculteur : “On apprend des choses, on discute beaucoup, on confronte nos idées, nos pratiques et on avance, c’est super intéressant”. C’est dans le domaine des fongicides que Laurent Vincent espère faire le plus d’économies. Il s’intéresse aussi au désherbage mécanique du maïs. Aux jeunes qui s’installent, il conseille même de ne pas perdre de temps pour s’impliquer dans une telle démarche : “Sinon, on entre dans la routine qui consiste à acheter les produits et les appliquer. Il est important d’avoir du répondant par rapport aux personnes qui interviennent sur l’exploitation et qui sont là, entre autres, pour vendre”.
En cinq mois, le groupe d’une quinzaine de personnes s’est déjà réuni autour des thématiques des couverts végétaux, des besoins en azote et du fractionnement, de l’observation du sol et du chaulage. Il doit travailler prochainement sur les maladies des céréales et sur le désherbage mécanique du maïs.
Jérémy Leduc et Alexandre Guérinet, La Possonnière : “Baser le Gaec sur les personnes plus que sur les productions”.
Dans une exploitation passée, en quelques années, d’une EARL entre époux à un Gaec à cinq associés, dont un tiers, les agriculteurs ont ressenti le besoin de faire le point. En 2010, ils ont suivi une session intitulée “projet commun en société”. Jérôme Leduc, installé en 2004 s’explique : “Nous avions suivi beaucoup de formations économiques, techniques, nous avions finalement beaucoup investi de temps et d’argent dans l’exploi-tation mais peu de temps sur les aspects humains. Or il était important pour nous de baser le Gaec sur des personnes, plus que sur les productions”. Pour Alexandre Guérinet, l’associé hors-cadre familial, il s’agissait s’“intégrer” dans la famille, de “faire connaître (sa) personnalité au travail, pour que chacun trouve sa place”. Dans un lieu neutre, les associés ont clarifié les rôles de chacun, les objectifs de l’exploitation, ont envisagé son évolution à l’horizon de 10 – 15 ans. “Tout le monde sait où l’on veut aller ”. Très concrètement, en termes d’organisation du travail, les associés ont mis en place une réunion hebdomadaire. L’interven-tion d’un tiers a facilité la communication entre associés : “En posant des questions ouvertes aux agriculteurs, on favorise l’expression de manière équitable et sans jugement”, explique Sibylle Leckner, conseillère en sociétés.
Line Rochereau, Saint-Georges-des-Gardes : “L’étude de marché m’a permis de mieux cibler ma clientèle”.
Line Rochereau va débuter au 1er juillet un élevage de volailles et d’ovins en vente directe, en lieu et place d’une ancienne ferme porcine. La jeune femme a été l’une des premières à réaliser une étude de marché avec la Chambre d’agriculture. “Devant l’essor de la vente directe et des circuits courts dans les dossiers d’installation, la Chambre d’agriculture se doit d’accompagner les porteurs de projets. Nous avons constaté que sur certains projets de ce type, les clients n’étaient parfois pas au rendez-vous et il y avait des difficultés à atteindre le chiffre d’affaires fixé. De plus, c’est maintenant une obligation réglementaire dans le cadre du parcours à l’installation”, explique le conseiller Serge Lambert. Cette démarche est indispensable pour solliciter des subventions aux investissements en vente et transformation du Conseil général et de l’Europe (Feader). Pour Line Rochereau, l’étude de marché est sans conteste “une garantie supplémentaire pour la banque”. Elle a permis de mieux cibler la clientèle visée. “Je pensais commercialiser auprès des restaurateurs, des particuliers et des comités d’entreprises. Après plusieurs rendez-vous avec des professionnels de la restauration, j’ai finalement recentré le projet sur les deux premières cibles”, explique la jeune femme. L’étude a aussi montré qu’il était préférable de réduire le cheptel, de 250 brebis, prévues au départ, à 80 brebis, de manière à pouvoir valoriser l’intégralité de la production en vente directe.
S.H.
Chiffres
En 2010, à la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire,
1 250 diagnostics ou conseils ont été réalisés,
1 739 personnes ont participé à une formation,
600 agriculteurs utilisent un logiciel mis à disposition par la CA49,
300 exploitants participent à un groupe de progrès.