Fruits-légumes
Crises des fruits et des légumes : des pistes déjà bien engagées
Jean-Paul Douillard et Bruno Dupont donnent leurs premières pistes de travail avant le 22 septembre.
Les fruits et légumes ont connu un été très médiatique. Sur fond de crise conjoncturelle, les sujets de discussion ont été
nombreux : plans de campagne, compétitivité, exportation, distorsion de concurrence… Les rencontres entre le ministre de l’Agriculture et les représentants de la filière se sont succédées et les pistes de travail sont nombreuses.
Dès début août, le ministre a annoncé une enveloppe de 15 millions d’euros destinée à des mesures d’urgence (échelonnement des charges et fonds d’allégement des charges) et rendez-vous a été pris pour le 22 septembre prochain afin d’apporter à la filière des solutions structurelles, notamment en matière de coûts salariaux.
À quelques jours de cette réunion, Bruno Dupont (président de la Fédération nationale des producteurs de fruits) et Jean-Paul Douillard (vice-président de Légumes de France), tous deux producteurs en Pays de la Loire, ont livré leur analyse de la situation.
Bruno Dupont : Cette année, nous sommes marqués par une crise sans précédent. Jamais autant de fruits n’ont été en crise en même temps, avec une telle ampleur. Sur le fond, le ministre a confirmé sa volonté de maintenir une activité fruitière et maraîchère en France. Il en va de la qualité et de la sécurité alimentaire mais également de l’avenir de nombreux emplois. L’enveloppe de 15 millions d’euros n’est qu’un premier pas, la route est longue et passera inévitablement par une harmonisation du coût de la main-d’œuvre en Europe. Le coût du travail représente plus de 60 % du coût de production. C’est donc le principal levier pour redonner de la compétitivité à nos entreprises. La FNPF a d’ores et déjà des propositions et demande à ce que le coût du travail saisonnier soit réduit à 7 €/heure. Cette aide à l’emploi pourrait être financée par une partie de la TVA de la filière fruits et légumes (environ 1,13 %).
Jean-Paul Douillard : La situation des producteurs de légumes est très difficile. Il est aujourd’hui impossible de
penser à l’avenir, sans traiter d’urgence les problèmes de trésorerie des exploitations. Pour ce faire, nous demandons une année blanche sur les cotisations sociales et les emprunts. Ensuite, bien sûr, il faut apporter des solutions sur de nombreux sujets comme les coûts de l’énergie (avec bientôt la taxe carbone) et de la main-d’œuvre qui sont les principaux postes de charge et qui fluctuent énormément au sein de l’Union européenne. Comment être compétitif face à des entreprises allemandes qui rémunèrent leurs salariés saisonniers à 6 euros de l’heure ? Il faut une vraie politique en faveur de l’emploi agricole, avec la mise en place d’une aide de 3 à 4 euros sur l’heure de travail de tous les salariés. Nous insistons sur le fait que la production légumière emploie une majorité de permanents. Il est donc essentiel que cette mesure bénéficie à l’ensemble des salariés.
Hélène PAUCET
FRSEA Pays de la Loire