Syndical
Dans le Segréen, des pratiques qui exaspèrent
FDSEA et JA dénoncent l'accaparement des terres dans le Segréen par quelques structures peu scrupuleuses. Le battage d'une parcelle de blé par un des "chasseurs de terres" de Loiré a déclenché une mobilisation spontanée.
FDSEA et JA dénoncent l'accaparement des terres dans le Segréen par quelques structures peu scrupuleuses. Le battage d'une parcelle de blé par un des "chasseurs de terres" de Loiré a déclenché une mobilisation spontanée.
Une trentaine d'adhérents FDSEA-JA du Segréen se sont réunis vendredi 21 juillet à Chazé-sur-Argos, sur une parcelle située près du château de Raguin, pour dénoncer l'accaparement des terres par quelques exploitations du secteur. Une situation et des pratiques qui déstabilisent fortement le marché agricole local.
Depuis plusieurs années, le foncier agricole est source de tensions sur certaines communes du Nord-Ouest de l'Anjou. Une situation due à une poignée de sociétés agricoles qui reprennent des terres au mépris des réglementations, ou en les contournant via des montages sociétaires, et qui jouent la surenchère sur les prix du foncier. Une situation facilitée par des propriétaires et certains cédants qui ont bien compris que ces personnes disposaient de moyens financiers importants et, plus surprenant, par des notaires qui n'hésitent pas à informer les intéressés des biens mis en vente.
Des installations bloquées
Cette situation a pour conséquences de bloquer de nombreuses installations de jeunes, comme l'a rappelé la présidente des JA49, Nathalie Pichaud, qui était présente à l'action : "les jeunes du coin n'arrivent pas à suivre les tarifs pratiqués, et plusieurs projets d'installation ont été stoppés. Il y a plusieurs exemples comme à Chazé-sur-Argos, au Louroux-Béconnais ou bien à Saint-Michel-et-Chanveaux".
Dépôt de plainte
Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est ce qui est arrivé au Gaec Philippeau de Sainte-Gemmes d'Andigné. Ils exploitent une parcelle à la sortie du bourg de Chazé depuis 1988 et en début d'année ils ont appris, suite à un départ d'associé, que le propriétaire souhaitait vendre alors que la parcelle avait été semée en blé à l'automne. Une proposition a été faite à 3 500 €/ha, au prix du marché, mais le propriétaire en souhaitait près du double, ce qu'un des "chasseurs de terres" de Loiré n'a pas hésité à mettre sur la table. La Safer est intervenue en révision de prix et la vente a été cassée. Mais le 13 juillet, cette même société agricole qui avait surenchéri, et qui ne dispose d'aucune autorisation, est rentrée sur la parcelle et a moissonné près de 4 hectares… emportant dans sa benne 250 quintaux de blé. "Nous sommes intervenus pour stopper la machine, mais il est parti avec sa remorque pleine. Pour nous c'est clairement du vol de céréales et nous avons déposé plainte en gendarmerie", raconte Vincent Philippeau, l'un des associés du Gaec.
En effet, rien n'autorise un propriétaire à récolter ou à faire récolter par un prestataire une parcelle, surtout quand on ne l'a pas semée. Il faut justifier de la qualité d'exploitant et avoir une autorisation d'exploiter. Quant à la société qui est intervenue, celle-ci n'avait aucun droit de rentrer dans la parcelle, même si elle se disait missionner par le propriétaire. Pour Hugues Sauloup, responsable FDSEA du Segréen "il est temps de dire stop à ces comportements intolérables".
Deux poids deux mesures
Les responsables syndicaux présents demandent aussi à l'administration de mettre fin à ces pratiques et que les mêmes règles s'appliquent à tous : "il n'est pas normal que certaines structures passent régulièrement en dessous des radars. Certains dossiers ne passent pas en CDOA, idem pour des travaux de drainage réalisés sans autorisation, idem pour des arrachages de haies. Tout le monde voit bien ce qui se passe sur le terrain". On demande constamment aux agriculteurs d'être dans les clous des réglementations, de remplir des quantités de formulaires, et là on a des gens qui, parce qu'ils ont les moyens, se sentent au-dessus des lois. Un "deux poids deux mesures" qui n'est plus acceptable. Et une des conséquences, c'est un paysage du Segréen qui évolue à grande vitesse avec des agrandissements qui se font toujours au détriment de l'élevage. Or quand l'élevage disparait, il ne revient jamais.