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Prix
De gré ou de force, la vérité sur les prix

Au terme d’une semaine de forte mobilisation, la profession agricole a obtenu du gouvernement que la grande distribution mette les chiffres sur la table.

Nous avons obtenu satisfaction : les principaux responsables de nos maux, à savoir la grande distribution, iront autour de la table. » Au terme de quasiment une semaine de blocage dans la région, Christiane Lambert rend compte à ses troupes de l’avancement des négociations. À ses côtés, Frédéric Vincent, président de JA49.
« Notre action a porté ses fruits », apprécie-t-il. Il est 18 h, vendredi, centre Leclerc d’Angers. Des agriculteurs de toutes les productions sont présents. La FDSEA l’avait annoncé : la mobilisation sur le lait n’était que les prémices d’une mobilisation plus générale pour l’ensemble des productions qui sont toutes touchées par les pratiques de la grande distribution.
Les choses ont donc avancé du côté des pourparlers parisiens. Christiane Lambert l’annonce et invite à lever les blocages, mais reste vigilante. Elle le dit aux quelque 300 agriculteurs rassemblés sur le parking du grand magasin en plein agrandissement. Cette fin d’après-midi est le point d’orgue d’une semaine d’action. Car les agriculteurs et les agricultrices de Maine-et-Loire sont sur le pont depuis dimanche soir. Depuis qu’ils bloquent, avec leurs collègues de la Sarthe, de la Mayenne, de Vendée, de Loire-Atlantique, les centrales d’achat : Lidl à Sautron, Socamaine (Leclerc) au Mans où ils se relayent et, depuis 48 heures, la centrale d’achat de Super U à Trélazé. Là, vendredi midi, une injonction d’huissier, un dépôt de référé, comme au Mans en milieu de semaine, les a contraints à lever le camp. Direction : le magasin Leclerc. Depuis Trélazé, une cohorte d’une vingtaine de tracteurs, suivie par des remorques chargées en tout genre, s’achemine, par la quatre voies, vers le magasin. L’accueil est plutôt froid. À l’annonce de l’arrivée des tracteurs et des manifestants, les responsables ont fait évacuer les clients du magasin – non sans leur avoir laissé le temps de passer à la caisse d’abord - ; l’accès est refusé aux nouveaux clients qui se présentent ; les caddies sont ramassés ; les voitures quittent une à une le parking ; les portes d’entrée sont fermées…

La mobilisation n’a pas failli, partout en France
L’objectif visé n’est pas le magasin, ses responsables, les salariés qui y travaillent et les consommateurs, mais bien Michel-Edouard Leclerc. « Michel-Edouard Leclerc, soutenu par l’article toxique de la LME, Loi de modernisation économique, autrement dite “Loi Michel Edouard”, met le bazar dans nos trésoreries. C’est le juste retour des choses de venir mettre le bazar chez lui », proclame Christiane Lambert.
La mobilisation n’a pas été vaine. Et n’a pas failli, partout en France, tout au long de la semaine. Enfin, les pouvoirs publics considèrent le dossier et réunissent une cellule d’urgence. À l’issue d’une rencontre, vendredi au ministère de l’Agriculture avec les responsables de la FNSEA et de JA, le ministre de l’Agriculture confie le dossier à Christine Lagarde. Une réunion est prévue dès ce mercredi. D’ores et déjà, des faits concrets sont venus rassurer les responsables agricoles sur la volonté du gouvernement de faire évoluer les choses. Ainsi des premiers contrôles ont eu lieu dans une centrale d’achat de l’est de la France, à Strasbourg. « Enfin, les comptes arrivent. »
Entretemps, trois sujets avaient été évoqués à la rue de Varenne sur lesquels le ministre de l’Agriculture s’engage à travailler : la réalité des marges, ce qui ne devrait pas poser de problème puisque maints rapports sont connus depuis six mois. L’examen des pratiques commerciales ensuite. Il s’agit là de l’article de la LME (Loi de modernisation économique) qualifié de “toxique”, en ce sens qu’il permet à la grande distribution d’imposer des ristournes et des rabais à tous les producteurs, agriculteurs ou non. Car la méthode dénoncée par la profession agricole ne se limite pas aux produits alimentaires. « Ce n’est pas un combat corporatiste », indique Christiane Lambert. Cet aspect du dossier prendra sans doute du temps, estime la présidente de la FDSEA, mais « dès que l’observatoire des marges et des pratiques disposera de données tangibles, on pourra changer les pratiques ». La responsable professionnelle table sur la Loi de modernisation de l’agriculture et de l’agroalimentaire, annoncée par le président de la République, Nicolas Sarkozy, le 19 février dernier, pour corriger cet article de loi. Enfin, les importations, notamment de fruits et légumes, en provenance de pays non soumis à des cahiers des charges sur des aspects sanitaires, environnementaux, sociaux, sont également considérées comme une distorsion de concurrence. Christiane Lambert cite des importations d’animaux du Brésil, en situation sanitaire difficile  ; des importations de pommes de Chine, à la législation sur les phytosanitaires inexistante. Sur le plan social, les salaires payés – et les chariots – sont sans commune mesure avec les rémunérations pratiquées en France. « La planète n’est pas un grand supermarché », rappelle-t-elle en appelant à un prochain “Grenelle de l’alimentaire”.
M.L.-R.

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