Viticulture
De la « consommation responsable » du vin
L’inauguration du 23e Salon des vins du Val de Loire a été l’occasion d’une charge vigoureuse contre un projet de loi bientôt à l’examen et visant, entre autres, à interdire la dégustation.
Le Salon aura-t-il encore lieu l’an prochain ? » Par cette question volontairement provo-catrice, Marie-Christine Tarby-Maire, présidente de Vin et Société (association qui réunit le négoce, l’interprofession et la production), évoque ainsi une conséquence possible du projet de loi “hôpital, patients, santé et territoires”, tel que rédigé dans sa version actuelle. Plus précisément, se trouve dans le collimateur l’article 24 du projet de loi, qui interdit d’offrir gratuitement, et à volonté, des boissons alcoolisées dans un but promo- tionnel, ou de les vendre au forfait. « Ce serait la fin des dégustations dans les caveaux et les salons, estime Marie-Christine Tarby-Maire. Or, les dégustations et les échanges qui s’ensuivent font la qualité de nos produits. »
La sensibilisation plutôt que la culture de l’interdit
Selon Marie-Christine Tarby-Maire, le législateur se trompe de cible. « Ce sont les bières, les spiritueux avec les open bars, qu’il faut viser en priorité. Le monde du vin n’est pas responsable de la problématique des jeunes. On prône une consommation responsable. » Et de citer les exemples des sacs à bouteille (“Quand on ne finit pas sa bouteille au restaurant, on l’emballe et on l’emporte”), ou de la pyramide de la modération (“Trois verres par jour maximum pour un homme”). Elle souhaite aussi mettre l’accent sur la sensibilisation, « plutôt que sur la culture de l’interdit. Au Québec, le groupe Éduc’Alcool effectue un travail reconnu à desti-nation des jeunes. » Par ailleurs, Marie-Christine Tarby-Maire veut maintenir le fait que le vin figure toujours au rang des produits régionaux vendus dans les stations-services, alors que le projet de loi prévoit l’interdiction totale de la vente d’alcool en ces lieux. Elle demande également à ce que la vente à distance ne soit pas assimilée à de la vente à emporter et que la publicité de l’alcool sur internet, « avec des garde-fous », soit autorisée. « On ne peut pas mettre en valeur, d’un côté, la viticulture comme image de la France à l’étranger et étouffer la filière de l’autre, comme c’est le cas avec ces dispositions », a souligné Pierre Aguilas, président du Salon. Les discussions sur le projet de loi débuteront mardi, devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Jean-François Mater