Environnement
De l’herbe pour une eau de meilleure qualité
Joël Merlet, éleveur à Chanteloup-les-Bois, est un des agriculteurs qui contribuent à la reconquête de la qualité de l’eau du bassin versant du Ribou.
Le maïs remplacé par des prairies multi-espèces, l’engraissement des taurillons abandonné au profit d’un recentrage sur le naissage et la finition des femelles, et maintenant des mesures MAE (agro-environnementales), avec plantation de haies... En quelques années, Joël Merlet est en train de faire prendre un nouveau virage à son exploitation. Installé en vaches allaitantes charolaises (55 vêlages) à Chanteloup-les-Bois, à l’extrême est du bassin versant de Ribou, l’agriculteur témoignait lors de la journée sur la qualité de l’eau organisée par la Communauté d’agglomération du Choletais, jeudi 27 novembre. Plusieurs agriculteurs, en mode conventionnel ou en agriculture biologique, ont ainsi fait partager leurs expériences, montrant que toute exploitation, quelles que soient ses spécificités, peut évoluer vers des systèmes plus respectueux de la qualité des eaux, enjeu majeur sur le bassin. Joël Merlet a livré son témoignage en toute modestie : « Je n’ai pas de certitude, je suis toujours en recherche, et je crois que je chercherai longtemps encore ».
Zéro phosphore minéral
Depuis le 15 juin dernier, l’exploitant a franchi une étape décisive, en signant une MAE qui impose un taux de 0 % de phosphore minéral et un maximum de 30 % d’azote minéral par hectare. « Jusqu’ici, j’apportais 50 unités de phosphore sur mes cultures, tous les deux à trois ans. Quant à l’azote, les dosages pouvaient aller jusqu’à 100 unités hectare sur du ray grass italien, environ 60 unités sur prairies… ».
Du fumier sur les prairies
Pour gérer au mieux ces nouvelles contraintes inscrites au cahier des charges MAE, il a choisi de miser au maximum sur l’herbe. 95 % de la SAU est aujourd’hui en vert. « C’est un système plus simple, moins coûteux, et parce que je suis seul sur l’exploitation, je cherchais à réduire le volume de travail. Seules des pointes d’activité demeurent, au moment de l’ensilage et de l’enrubannage ». En même temps, l’éleveur cherche aussi à mieux valoriser les 450 tonnes de fumier que produit son exploitation chaque année, en l’épandant
« sur la totalité des prairies ».
Encore « juste en fourrage », il doit acheter du foin, de la paille et de l’aliment. Pour accroître son autonomie alimentaire, il envisage de réduire un peu son chargement et mise plus sur une bonne marge qu’un chiffre d’affaires important. L’éleveur veille, enfin, à ce que toutes ces démarches soient compatibles avec une « durabilité économique » de son exploitation. Il songe à l’avenir : « Je souhaite que mon élevage reste rentable et qu’il soit transmissible », souligne-t-il en regardant du côté de la forêt de Vezins, toute proche. « Je n’aimerais pas voir les bois s’étendre jusqu’ici ».
S.H.