Baugeois-Vallée
Des agriculteurs inquiets quant à l’avenir de leur métier
Une soirée débat était organisée par l’antenne locale de la Chambre d’agriculture,
le 3 décembre à Baugé-en-Anjou, sur l’avenir des divers secteurs agricoles de la région.
Le prix et la transmission des exploitations semblent les deux inquiétudes quant à l’avenir de l’agriculture du Baugeois-Vallée. Un ressenti partagé par tous les acteurs du secteur agricole exprimé lors d’une soirée débat organisée, le mercredi 3 décembre, à Baugé-en-
Anjou, par le CRDA Baugeois-Vallée.
Vivre avec des tempêtes
Inquiétudes d’abord sur l’après quota. “Il est difficile de gérer la volatilité du prix du lait malheureusement”, conçoit Daniel Lorillon, directeur des ressources laitières de la Laiterie Tessier (groupe Bongrain). “Aux éleveurs de trouver des solutions pour améliorer sur leur exploitation leur prix de revient. Ils vont devoir vivre avec ces tempêtes sur le prix.” Pour l’une d’entre eux, Francine Meunier, de l’EARL de l’Aireau, “les ficelles sont pas toujours faciles à trouver.” Selon cette agricultrice installée à Baugé-en-Anjou, les laiteries doivent se positionner davantage comme des partenaires.
Le prix, pas assez rémunérateur, préoccupe aussi en filière viande bovine. “Pendant 20 ans, les cours en bovin ont limite rémunéré les producteurs, synthétise Stéphane Jamin, négociant à La Salle-de-Vihiers. De 2011 à 2013, ils ont atteint de meilleurs niveaux. Mais en 2014, on a perdu la moitié de ce que l’on avait acquis pendant la période de progression.” Pourtant, la consommation de viande bovine se maintient. Les fluctuations se jouent sur le marché extérieur. Pour l’éleveur Laurent Foucher, installé en Gaec dans les Basses vallées angevines, à Tiercé, “le marché reste opaque. On nous parle beaucoup de l’embargo russe pour justifier des baisses de prix.” Alors pour se tirer un meilleur revenu, le Gaec a opté pour un marché de niche pour la vente de sa viande de charolaise. Il commercialise via l’éleveur et l’Oiseau, fait aussi de la vente directe. Cette stratégie s’accompagne également d’une réduction des coûts de production. “Par exemple, nous sommes en autonomie alimentaire pour amoindrir les coûts extérieurs”.
Incertitudes sur les aides Pac
A cela s’ajoute une incertitude sur l’évolution de la Pac. “Les revenus des agriculteurs sont trop liés aux aides Pac”, déplore Stéphane Jamin.
Entre l’investissement et la rentabilité longue, la transmission des exploitations que ce soit en viande bovine ou en arboriculture, s’avère parfois compliquée.
“Nous n’avons pas trouvé de solution pour remédier à cette problématique”, constate Daniel Mercier, arboriculteur à Mouliherne et président de la coopérative La Reinette fruitière. Les vergers repris sont des successions. “Il n’y a pas de jeunes de l’extérieur qui souhaitent s’installer”. La coopérative a été obligée de racheter un verger en attendant de trouver preneur. L’arboriculteur envisage même la reprise de ces vergers par des personnes venues d’autres pays. “On embauche bien de plus en plus de Polonais.”
Sécuriser les systèmes grâce à l’irrigation
La taille des exploitations en semences et le coût qu’elle engendre peut aussi poser problème dans la transmission. Mais il s’agit du secteur le plus porteur dans la région. “Les conditions pédo-climatiques sont favorables pour la production de semences”, constate Nicolas Pihée, du Gaec Pihée. Son exploitation, située à Saint-Martin-de-la-Place, s’est spécialisée dans le domaine depuis dix ans après une production en maraîchage. Pour Pascal Goulu, de l’EARL des Prés Gousseaux, “c’est un métier compliqué mais passionnant.”
L’enjeu pour la filière ? L’irrigation. “Nous devons sécuriser nos systèmes d’irrigation pour continuer à être performant”, remarque Nicolas Pihée.