Elevage
Des animaux qui pâturent tout l’hiver
A la Ferme expérimentale bio de Thorigné-d’Anjou, une vingtaine d’animaux, bœufs en croissance et génisses pleines, sont à l’herbe tout l’hiver, sans aucune complémentation.
A la Ferme expérimentale bio de Thorigné-d’Anjou, une vingtaine d’animaux, bœufs en croissance et génisses pleines, sont à l’herbe tout l’hiver, sans aucune complémentation.
Le froid ne leur fait même pas peur. Une vingtaine d’animaux sont au régime herbe pâturée, à la Ferme expérimentale bovine de Thorigné-d’Anjou. Des bœufs de 2 ans et des génisses gestantes, qui seront rapprochées des bâtiments d’élevage 3 semaines avant les vêlages. Il ne s’agit pas d’une expérimentation. L’effectif de ces animaux n’est en effet pas suffisant pour composer des lots et effectuer des comparaisons. C’est une observation. La ferme, qui repose déjà sur un système pâturant, s’inscrit dans une démarche de recherche de systèmes d’élevage encore plus vertueux. « Nous souhaitions nous placer dans une logique de moindre utilisation de concentrés de matières premières sur la ferme, explique ainsi Julien Fortin, responsable de la ferme expérimentale. Nous avions fait le constat que lorsque les animaux sont en bâtiment l’hiver, on doit leur apporter des fourrages. Et pour avoir des rations équilibrées, il faut donner un peu de concentrés afin d’atteindre un équilibre énergie-protéines ».
La ration à base d’herbe a l’avantage, quant à elle, d’être naturellement équilibrée. La ferme s’est alors organisée pour conserver des stocks d’herbe sur pied en hiver, ce qui permet de nourrir les animaux en respectant leurs besoins, sans avoir recours aux concentrés. Seul un peu de foin est ajouté pour avoir de la fibre dans la ration.
Des sols préservés
« La démarche est à la fois économique, écologique et éthique », souligne Julien Fortin. Elle est économe en paille et en temps de travail, puisque les animaux « font tout le travail. C’est le principe “barre de coupe à l’avant, épandeur à l’arrière”», résume l’ingénieur.
Ce pâturage hivernal est permis aussi par l’évolution du climat, qui fait que l’on connaît des hivers de moins en moins marqués. Mais ne risque-t-il pas d’abîmer les sols et d’empiéter sur les stocks d’herbe printaniers ? « Il n’y a aucun impact sur la pousse de l’herbe, car on a des pratiques très respectueuses de la prairie, avec des chargements au pâturage de 0,6 UGB par hectare », explique Julien Fortin.
Bonnes performances zootechniques
Les performances des animaux ne sont pas amoindries à ce régime, bien au contraire, avec une croissance de plus de 500 grammes par jour en ce moment pour les bœufs. Au printemps, ils pourront faire de la croissance compensatrice avec une herbe plus riche. Ces mâles seront abattus à l’âge de 30 mois, pour des poids de 500 kg de carcasse en moyenne.
Quant aux génisses, qui vêleront à 30 mois, elles gagnent 639 grammes par jour, ce qui constitue aussi « de très bons résultats », souligne le responsable de la ferme, qui compte bien poursuivre cette démarche pour les prochains hivers.