Aller au contenu principal

Des cheveux dans les champs

Futur ingénieur de l’Esa, Maxime Pennors développe un procédé ancestral et innovant pour repousser les sangliers : les cheveux.

Les sangliers occasionnent de graves dégats de cultures. Lorsque les années sont sèches, ces animaux se rabattent sur de la nourriture facile d’accès, dans les parcelles des agriculteurs.
Les sangliers occasionnent de graves dégats de cultures. Lorsque les années sont sèches, ces animaux se rabattent sur de la nourriture facile d’accès, dans les parcelles des agriculteurs.
© AA

Pour Maxime Pennors, tout est parti d’une discussion avec son coiffeur. Le jeune homme, étudiant à l’Esa d’Angers, est parti d’un constat simple. Sur l’exploitation viticole de ses parents, située sur les Terrasses du Larzac, les sangliers font des ravages. Il y a quelques années, ce sont près de
20 000 euros qui ont été perdus. En évoquant cette problématique à son coiffeur, celui-ci lui a confié que certains agriculteurs, avaient pour habitude de répandre des cheveux dans les champs afin d’éloigner les suidés. De fil en aiguille, l’idée a germé dans l’esprit de Maxime Pennors, au point qu’il envisage de créer une start-up afin de concrétiser cette innovation.


Premiers tests en septembre
« Les sangliers pullulent dans ma région, et le climat y est souvent sec. Ils se rabattent alors sur les cultures », témoigne le jeune homme. Soucieux de trouver une solution simple  d’utilisation et économique pour les agriculteurs, il a présenté son projet lors d’Agreen Start’Up, concours qui se tient lors du Sival, et véritable révélateur de talents. Durant l’élaboration du projet, l’étudiant, rejoint par 2 camarades de l’Esa et 2 étudiants du Campus de Pouillé, ont découvert l’étendue de la problématique. « De nombreux agriculteurs sont fortement impactés ». L’idée a séduit, puisque le projet de Maxime Pennors, nommé Repulse’Hair, a gagné le coup de cœur du jury lors de l’édition 2020. Les tests sur les exploitations devaient débuter ce printemps, mais le confinement a obligé les étudiants à décaler leur planning. « On pense démarrer les premiers tests courant septembre », confie Maxime Pennors. Pour le moment, il n’y a pas de process clairement établi. « On attend de voir si nos tests sont concluants avant de se lancer réellement, à plus grande échelle ». Cette méthode est déjà expérimentée par certains agriculteurs, mais les utilisations sont multiples. Ainsi, un golf de Loire-Atlantique utilise ce procédé depuis maintenant cinq ans, avec succès.


L’odeur repousserait les sangliers
« Il existe d’autres alternatives, mais nous pensons que notre projet est facile à mettre en place, écologique et innovant », constate l’étudiant. Pour le moment, les étudiants ne sont pas certains des effets des cheveux sur les sangliers, mais ont leur petite idée : « on pense que l’odeur des cheveux effraie les sangliers. Ils l’associent à la présence humaine ». Cependant, rien n’est encore prouvé scientifiquement. Ce sera la première étape de Repulse’Hair, si l’entreprise est créée. « On souhaite mettre en place une étude à plus grande échelle que nos tests préliminaires, en adoptant une démarche scientifique. Cela permettrait de prouver notre méthode », avance Maxime Pennors. De nombreuses questions sont pour le moment en suspens, du fait du confinement, mais le jeune homme continue d’avancer sur son projet. Il a récemment contacté un expert de chez L’Oréal, afin d’en apprendre plus sur le cheveu. De plus, grâce à Agreen Start’Up, un soutien de 1 000 euros de la part de la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire, sous la forme de formation, sera dispensé aux étudiants. Tout est mis en œuvre pour que l’aventure continue. « S’il s’avère que les premiers essais sont concluants, ce serait dommage de ne pas se lancer. On s’en voudrait, car il y a un réel potentiel », témoigne Maxime Pennors.


Facile d’utilisation et économique
Les principaux critères du produit que les étudiants cherchent à développer sont la facilité d’utilisation et le faible coût économique. La matière première ne fait l’objet d’aucune valorisation, et est relativement simple à collecter. « Il faudra mettre en place un système de collecte et de stockage en revanche, car les quantités chez les coiffeurs ne sont pas énormes ». Dans un premier temps, le jeune homme souhaiterait se pencher sur la phase de conception. Il souhaite un produit homogène et aisément applicable dans le champ. En effet, pour le moment, la seule manière de l’appliquer est manuelle, ce qui est particulièrement chronophage. Il souhaite donc développer un procédé pour appliquer ce produit de manière généralisée dans les champs. En s’appuyant sur un réseau de distribution à grande échelle, il est persuadé que les agriculteurs et son entreprise pourraient s’y retrouver financièrement. Si l’idée peut paraître farfelue, le jeune homme, qui s’oriente vers le commerce international, a de la suite dans les idées. Son projet a été plébiscité lors du Sival, et il a fait part de l’engouement de nombreux acteurs autour de Repulse’Hair. « On peut imaginer des utilisations en agriculture, mais aussi pour la voirie, ou bien les particuliers », détaille-t-il.  Avec la première phase de test qui va débuter prochainement, le projet de l’étudiant a de grandes chances de démarrer. Celui-ci ne s’emballe pourtant pas : « il faut s’assurer en testant à grande échelle, et comprendre pourquoi les sangliers sont dissuadés ». Si de nombreuses jeunes pousses ne voient finalement pas le jour, Maxime Pennors est confiant, et considère cette expérience comme un enrichissement.
« L’important, c’est de se faire plaisir dans ce que l’on fait, et de se sentir utile ».

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Anjou Agricole.

Les plus lus

Jean-Claude Bretault, 55 ans et Vincent Ory, 45 ans, associés de l'EARL de la Bouillère. Installés sur 150 ha, ils élèvent 75 truies en naisseur-engraisseur et 73 vaches laitières. Il y a un robot de traite depuis 2009.
Qui pour remplacer Jean-Claude ?
À l'EARL de la Bouillère à Mauges-sur-Loire (La Pommeraye), Jean-Claude Bretault a entrepris, avec son associé, une série de…
Yohann Serreau, producteur en Eure-et-Loir, président de l'Unell.
Ruptures de contrats avec Lactalis : "Une solution pour chaque éleveur à la fin de l'année"

Suite à la décision unilatérale de Lactalis d'interrompre la collecte auprès de 272 éleveurs,  l'Unell (Union nationale…

Nicolas Le Labourier, de Quatuor Transactions et Gwenaëlle Durand, de Cerfrance Maine-et-Loire, ont évoqué l'accompagnement à la transmission d'entreprise effectué par les deux structures partenaires.
Après 2 années favorables,  des temps plus compliqués
Cerfrance Maine-et-Loire a dressé la semaine dernière un bilan des résultats économiques de l'année 2023, les tendances pour l'…
Un ciné-débat sur les femmes en agriculture

Rencontre avec Valérie Gohier, ancienne agricultrice et aujourd'hui formatrice, qui témoignera à la soirée ciné-débat…

Patrick Pineau et sa fille Marie, de l'entreprise Atlantic Aviculture Services, installée à Tillières
Atlantic aviculture services prend son envol

Société créée en 2009 par Patrick Pineau, AAS (Atlantic aviculture services) continue, malgré les aléas sanitaires, à…

Maladie hémorragique épizootique en France.
Point sur la MHE et la FCO en Maine-et-Loire
Le Maine-et-Loire est largement touché par la MHE et dans une moindre mesure, la FCO8. Aucun cas de FCO 3 à ce jour.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 176€/an
Liste à puce
Consulter l'édition du journal l'Anjou agricole au format papier et numérique
Accédez à tous les articles du site l'Anjou agricole
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter d'actualités
L’accès aux dossiers thématiques
Une revue Réussir spécialisée par mois