Des confitures au sommet
L’Abbaye de Saint-Georges des Gardes vient de se distinguer par une médaille d’or au Concours général
agricole du Salon de l’agriculture, pour sa confiture à l’ancienne d’oranges amères et une médaille de bronze pour celle de citron vert. à cette occasion, les sœurs nous ont ouvert les portes du monastère.
L’Abbaye de Saint-Georges des Gardes vient de se distinguer par une médaille d’or au Concours général
agricole du Salon de l’agriculture, pour sa confiture à l’ancienne d’oranges amères et une médaille de bronze pour celle de citron vert. à cette occasion, les sœurs nous ont ouvert les portes du monastère.
Installé depuis deux siècles sur le “toit du Maine-et-Loire” (211 mètres !) à Saint-Georges des Gardes, le monastère des sœurs cisterciennes trappistes compte aujourd’hui 26 sœurs, dont l’essentiel du temps est consacré à la prière. Un petit noyau d’entre elles s’occupe aussi de la fabrication de confitures. Des confitures à l’ancienne, sans pectine ni conservateurs. « La confiturerie s’intègre dans notre histoire, qui est liée à la ruralité, explique l’abbesse, sœur Béatrice. Par le passé, nous avons été producteurs de lait, puis de viande bovine. Cette activité a cessé en 2017, car nous n’étions plus assez nombreuses pour l’assurer ». Le monastère a eu pendant longtemps des vergers de pommiers, poiriers et différents petits fruits (framboises, kiwi, groseilles, cassis...). Les sœurs ont commencé les confitures dans les années 60, activité qu’elles ont vraiment développée à partir de 1992, lorsqu’elles ont cessé l’élevage laitier. à cette période, elles effectuaient en parallèle de la sous-traitance pour la société choletaise Bodet.
Aujourd’hui, leur économie repose principalement sur les confitures et gelées (25 variétés), qu’elles réalisent à partir de fruits achetés, frais ou congelés selon les variétés. « Nous vivons du travail de nos mains, souligne sœur Annie, qui gère les finances de la communauté. Nous nous sommes donc interrogées sur la manière d’assurer la subsistance de notre communauté. Actuellement, la fabrication de confitures se passe dans des locaux exigus, l’ancienne porcherie du monastère. Les équipements prennent beaucoup de place et le travail est pénible ». Les sœurs ont décidé de transformer l’ancienne étable des vaches, laissée vacante, en une confiturerie moderne, avec remplissage et encapsulage automatique de pots. Tout le reste du travail, restant, bien sûr, artisanal. L’aménagement, d’un montant de près d’1 million d’euros, prend fin dans cet espace de 500 m2. Les premières confitures y seront fabriquées début avril. « Cela nous aurait sûrement coûté moins cher de faire construire du neuf, mais construire un bâtiment neuf aurait entraîné une emprise sur des terres agricoles et transformer l’existant, non utilisable en l’état, permet de le faire revivre », souligne sœur Béatrice.
« Une nouvelle façon de travailler »
C’est dans ce contexte que le monastère s’est inscrit au Concours général agricole, un peu par hasard. Pour peaufiner leur projet de confiturerie, les sœurs ont visité les installations du confiturier Mathieu Bouchard, dans le Morvan, médaillé d’or CGA 2015. « Il nous a parlé du concours, on s’est inscrites fin 2019, et au Salon de l’agriculture de 2020, on gagnait deux médailles d’or ! Pour la confiture d’orange et celle de griotte. Tout de suite après, il y a eu le confinement... Nous nous sommes réinscrites en 2022 », raconte l’abbesse.
Sur 10 confitures présentées au jury, deux sont sorties du lot : l’orange amère, médaillée d’or et le citron vert, de bronze. Pour les sœurs, cette récompense est la meilleure publicité qu’elles pouvaient espérer. « L’investissement de 75 à 80 euros par échantillon présenté est largement amorti », note sœur Annie. Cela inaugure aussi une nouvelle manière de travailler, ajoute sœur Béatrice : « pour toutes les confitures présentées, y compris celles non primées, nous avons accès au commentaire du jury, cela est très intéressant car ça nous permet d’affiner la production, de chercher à améliorer la texture, la brillance, la couleur, et enfin de comprendre pourquoi certaines confitures ont moins plu que d’autres. C’est stimulant ».
Il y a eu un vrai “effet médaille”, surtout pour la griotte. Jusqu’en 2020, la production plafonnait à environ 70 000 pots annuels. « En 2020, nous avons continué à produire malgré le Covid, nous avons fait du stock. Et en 2021, nous avons récolté les fruits des médailles. Nous avons dépassé les 90 000 pots vendus, sans beaucoup d’opérations promotionnelles », expliquent les sœurs. La nouvelle confiturerie va permettre d’augmenter le rythme de production et de répondre aisément à cette demande en hausse. Et nul doute que les produits monastiques seront à nouveau en compétition au CGA l’an prochain.