Chambre régionale d'agriculture
Des filières animales fragilisées, des moyens d'actions à déployer
Les filières animales des Pays de la Loire pâtissent du contexte économique volatile. Constat et moyen d'actions.
"La production animale représente deux tiers du chiffre d'affaires agricole régional", rappelle Pierre-Yves Amprou, du pôle économie et prospective des Chambres d'agriculture des Pays de la Loire. "Celle-ci doit faire face à des aléas économiques entraînant une forte variabilité du revenu". Un constat dont il a fait état au cours de la session de la Chambre régionale d'agriculture, le vendredi 5 décembre.
La flambée des prix sur le marché du maïs, du soja, du blé entraîne une hausse des coûts de production des éleveurs, cette année. "Les aléas économiques ont une incidence directe dans les productions agricoles. Il en résulte une variation imprévisible du résultat économique des exploitations agricoles". Aussi, la très forte volatilité et le risque de production, qu'il soit quanti-tatif ou qualitatif, agrandit la fragilité des exploitations.
Plus de régulation
Après deux décennies d'inflexion libérale des politiques publiques agricoles, il y a une redécouverte de l'intérêt de la régulation. "La régulation privée ne suffit pas". Les pouvoirs publics doivent "maintenir les mécanismes de régulation voire les renforcer", souligne Pierre-Yves Amprou. Une stratégie collective et individuelle doit être mise en place pour s'adapter au contexte.
Celle-ci passe par une préservation du foncier. Comme note Dominique Bordeau, élu régional et de la Chambre de Mayenne, "en deux trois ans, le foncier a augmenté de 50 % dans mon département. Cette situation n'est pas saine pour l'installation". Autre constat : "de plus en plus de propriétaires récupèrent leurs terres pour les faire gérer par des entreprises". Christiane Lambert, vice-présidente de la Chambre régionale ajoute : "Avec le rachat des parts sociétales, on ne sait plus quoi appartient à qui". Jean-Marie Gabillaud, président de Coop de France Ouest regrette "qu'en cas de perte de foncier, comme il existe une compensation écologique, il n'y ait pas de compensation économique. La perte du foncier entraîne une perte économique. Il devrait y avoir une compensation".
Une externalisation des capitaux
Claude Cochonneau, président de la Chambre régionale agricole, apporte une piste de réflexion sur l'externalisation des capitaux : "Une solution pour améliorer la situation. Le problème est que les capitaux ne viennent que quand il y a de la rentabilité".
Sécuriser les exploitations
Pour certains élus, il est important de travailler sur le levier de la compétitivité des exploitations. Christiane Lambert constate "une grande hétérogénéité des coûts de production dans les exploitations. La grande taille n'est pas un facteur de performance. Au contraire, on constate une mauvaise maîtrise des coûts de production dans des grandes structures. Dans la région Pays de la Loire, il y a beaucoup de Gaec et c'est pour cela qu'il est important de travailler sur les relations au travail et sur la gestion des ressources humaines". Un moyen avancé pour sécuriser l'exploitation : "La diversification des productions sur une exploitation". Une solution à relativiser selon certains : "En cas de perte, souvent ces agriculteurs ne peuvent pas bénéficier de plans d'aide à cause de quantités insuffisantes". Claude Cochonneau a conclu en rappelant : "Le contexte sociétal a changé. En un siècle, le positionnement de l'agriculture est passé d'exclusif à minoritaire. Et pourtant, nous occupons encore la majorité de l'espace...".
Hélène Rongier
Session Chambre régionale d'agriculture
Trois motions proposées par la Frsea et Jeunes agriculteurs
Pour la dernière session de la Chambre régionale d'agriculture de la mandature, Christiane Lambert, au nom de la Frsea et de Jeunes agriculteurs des Pays de la Loire, a présenté trois motions aux élus consulaires. "Nous sommes inquiets sur trois sujets majeurs justifiant ces trois motions, explique la secrétaire générale de la Frsea à ses collègues membres de la Chambre régionale. Le premier sujet est celui de l'élevage. Nous sommes inquiets car nous constatons, tous les jours, des arrêts de production. Pourtant, l'élevage est la richesse de notre territoire. C'est le secteur qui installe le plus et permet d'approvisionner de très nombreuses entreprises agroalimentaires de la région. Le deuxième est la prochaine directive "Nitrates", en préparation actuellement. La machine administrative est en train de s'emballer et ce projet menace l'activité agricole. Il faut absolument revoir la copie (voir aussi page 3). Enfin, nous sommes inquiets sur le coût du travail en France, décalé par rapport aux autres pays européens voisins. Et alors même qu'il faudrait aller plus loin dans la diminution des charges sociales, le gouvernement revient en arrière sur des éxonérations pour les travailleurs saisonniers. C'est un sujet majeur pour l'agriculture et l'agroalimentaire des Pays de la Loire".
Enrichies par les élus salariés CFDT, ces trois motions ont été adoptées à l'unanimité des membres de la session. La représentante de la Coordination rurale, présente lors de la présentation des motions le matin, n'était pas présente au moment du vote : dommage que les polémiques l'emportent sur la défense concrète des agriculteurs. Les élus de la Confédération paysanne étaient absents de cette dernière session.
Le Préfet de Région, Christian Galliard de Lavernée, dans son intervention de clôture, reprendra, entre autres, les trois sujets présentés par Christiane Lambert, montrant sa connaissance des sujets agricoles. Après avoir expliqué les positions et décisions du ministre de l'Agriculture, il invite les organisations agricoles à travailler avec l'administration régionale pour les points restant à décider. Préfet de Région depuis quelques mois seulement, il s'est dit "frappé, en arrivant, par la puissance de l'agriculture et de l'agroalimentaire en Pays de la Loire".