Social
Des indemnités journalières, pourquoi, à quel prix ?
Une centaine de personnes a suivi la réunion organisée par la MSA, le vendredi 2 décembre à Mazé.
La protection maladie des exploitants est incomplète : pas d’indemnités journalières, pas de capital décès. Pour lancer le débat, le comité local MSA de Beaufort-en-Vallée avait organisé une réunion le 2 décembre. Pourquoi est-ce important de mettre en place des indemnités journalières ? Les arguments en faveur d’une véritable couverture maladie sont nombreux, a expliqué le Dr Jean-Jacques Laplante, co-auteur du livre “Les maux de la terre” : “Sans IJ, on peut épuiser les proches, les amis, les voisins. C’est aussi un moyen de prévenir les départs précoces en agriculture, dont beaucoup sont liés à la maladie”, a-t-il cité parmi de multiples raisons.
“On assure le tracteur, pas l’agriculteur”
Des témoignages sont venus pointer les lacunes du système actuel. Emmanuel Lachaize, agriculteur en Gaec à Brion, engagé dans plusieurs mandants professionnels, a dû être soigné pour une longue maladie en 2010. Il souligne qu’autour de lui, “un grand élan de solidarité s’est mis très vite en place, la mutuelle coup dur a été activée.” Mais, dans le Gaec à trois, il a fallu organiser les choses : “il n’était pas question que les deux autres associés soient surmenés. Nous avons fait appel au service de remplacement”. L’agriculteur avait contracté une assurance privée, dès son installation. “Mais elle est loin d’être à la hauteur, soulève-t-il. À 33,20 euros/jour, cela ne paie même pas deux heures d’agent SR à 17,50 euros de l’heure… C’est l’exploitation qui a dû financer le reste.” Emmanuel Lachaize évoque aussi les difficultés liées aux prêts bancaires qui s’ajoutent, telle “une double peine”, à la maladie. Il conseille, dans l’attente de mieux, “à tout agriculteur d’avoir recours à une assurance privée “ et considère comme “une aberration totale le fait d’assurer la maison, le cheptel, le tracteur, si l’on n’assure pas l’agriculteur.”
Consensus à trouver
Derrière ces constats, ces attentes, une question se pose : tous les exploitants sont-ils prêts à cotiser pour obtenir des indemnités journalières maladie et quel montant sont-ils prêts à avancer ? “Il appartient aux partenaires sociaux de s’entendre pour aboutir à la mise en place d’une nouvelle réglementation, explique Anne Gautier, élue MSA 49 et administratrice à la caisse centrale. Une des difficultés sera d’harmoniser les attentes, différentes, entre les zones d’élevage et de productions spécialisées et les zones de production céréalière”.
“La MSA ne pourra faire que ce que la profession décidera” souligne aussi Pascal Cormery, agriculteur tourangeau élu de la caisse centrale MSA. Concernant les modalités des IJ, tout est à inventer, aussi bien sur le délai de carence (parfois jusqu’à 90 jours dans les assurances privées), sur le montant journalier, sur les liens avec les SR (indemnités journalières simples ou journées de remplacement…). Une chose est sûre, a insisté Pascal Cormery, seule une assiette large, et donc une cotisation obligatoire pour tous les ressortissants non salariés, permettrait de faire jouer pleinement le mutualisme.