Perspectives
Des moyens partagés pour une agriculture durable
La Chambre d'agriculture de Maine-et-Loire confirme son plan de développement durable avec un catalogue d’actions et de démarches, et s’engage dans la mutualisation.
d’agriculture est d’emmener l’ensemble des agriculteurs dans la démarche durable.
Bouger, ne pas se contenter du quotidien », c’est par cette exhortation que Christiane Lambert, vice-présidente de la Chambre d’agriculture, a engagé la présentation du plan de développement durable élaboré par la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire. Produire plus et mieux avec moins, c’est déjà ce que préconisait l’instance consulaire, lors de la présentation de ses actions sur la ressource et la qualité des eaux, la semaine dernière, au Conseil général (voir L’Anjou agricole du 5 décembre 2008) en s’appuyant sur le concept de révolution doublement verte, mis en avant par Michel Griffon. C’est cette même ligne de conduite qui a été rappelée, lundi, lors de la session départementale avec un catalogue d’actions et de démarches qui constituent une véritable feuille de route pour les élus agricoles et leurs structures et qui a pour ambition d’emmener l’ensemble des agriculteurs dans la démarche.
1er rang régional, 8e rang national
Dans un monde qui connaît de profondes mutations et en proie à la versatilité de l’économie de marché, l’agriculture de Maine-et-Loire veut garder toute sa place. Sa carte de visite affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 1,5 millions d’euros avec 37 400 emplois en équivalent temps plein. C’est encore, malgré l’impact démographique, 8 250 exploitations professionnelles agricoles – 1er rang régional, 8e rang national, 64 % de la superficie départementale occupés par les productions agricoles dont 3,8 % pour l’agriculture biologique qui connaît un nouvel essor grâce à la demande croissante et à l’organisation des filières. Autant d’atouts que les responsables professionnels n’entendent pas se laisser perdre. Voire qu’ils souhaitent développer. D’autant que le département compte 88 industries agro-alimentaires (198 établissements de plus de 50 salariés en Pays de la Loire), avec une concentration d’outils, notamment dans le secteur de la viande. En Maine-et-Loire, l’heure n’est donc pas à la décroissance. « Produire plus, c’est répondre aux nouveaux besoins alimentaires et non alimentaires, indique Jean-François Cesbron, le président de la Chambre d’agriculture. Produire mieux, c’est développer de nouvelles ressources et ce avec moins, c’est à dire moins d’intrants, notamment, mais aussi parfois, avec moins de foncier » Quatre axes ont été définis, qui s’appuient sur le projet agricole départemental signé déjà par 38 organismes et bientôt par d’autres structures d’enseignement, a annoncé le président de la Chambre d’agriculture. Les démarches entreprises ou à initier porteront donc sur le maintien des productions animales ou végétales, la poursuite du soutien à l’agriculture biologique, à la vente directe, les mesures agro-environnementales..., répondant ainsi aux objectifs de maintien du nombre des actifs, de soutien aux dynamiques économiques, au développement des bonnes pratiques environnementales et au développement harmonieux du territoire.
Des Chambres en mouvement
Mais l’heure n’est plus à la stratégie individuelle. Cette politique, la Chambre d’agriculture va la mettre en œuvre avec d’autres. Déjà, des actions sont menées conjointement entre les Chambres d’agriculture départementales et la Chambre d’agriculture régionale. Ainsi, le secteur de l’agriculture biologique est-il coordonné par la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire, celui des énergies par celle de Mayenne. C’est dans cet objectif que l’APCA (Assemblée permanente des Chambres d’agriculture) devra se prononcer, le 17 décembre prochain, sur le processus de mutualisation des moyens par le reversement de 6 % à terme des cotisations. « Dans la région des Pays de la Loire, nous avons opté pour un reversement de 6 % dès 2009, indique Jean-François Cesbron, car nous croyons à ce processus de mutualisation ». Le regroupement se concrétise aussi par le rattachement des EDE aux Chambres par exemple ou l’ouverture vers d’autres partenaires non consulaires sur le terrain. Une prochaine université devrait venir renforcer cet axe qui se veut à la fois mutualiste et proche du territoire. « Des mutualisations se feront à l’échelon régional, mais le rôle et la place des CRDA ne sont absolument pas remis en cause », a rassuré Jean-François Cesbron. « On gardera l’échelon local, jusque et y compris les nuances entre les différentes petites régions ».
M.L.-R.
Enquête
Rafraîchir la structure et privilégier l’écoute
Les agriculteurs ont de leur Chambre une image à la fois compétente et vieillissante. C’est ce qui ressort de l’enquête diligentée auprès des agriculteurs, des élus agricoles et des collaborateurs(1). Moins d’un agriculteur sur deux a perçu le changement qui s’est amorcé. Et si leur attachement reste fort à la structure consulaire, ils sont 86 % des agriculteurs, 92 % des élus et 79 % des collaborateurs à considérer que le changement engagé sera nécessaire. La mutualisation semble une piste pertinente pour les élus afin, en priorité, de partager les compétences entre les Chambres aux niveaux régional et national, mais aussi avec les autres organisations agricoles. Et parmi les priorités, ils privilégient l’écoute des
agriculteurs. Quant à l’avenir, les élus attribuent à leur organisme consulaire une moyenne de 6,9 sur 10 ; les collaborateurs, 5,9 sur 10 au niveau national et 6,5 sur 10 à l’échelon départemental.
Parmi les réponses émises, 20 % des agriculteurs et 45 % des élus répondent faire appel régulièrement aux services de leur Chambre, mais ils ne sont que 9 % à avoir recours à des prestations payantes.
(1)Enquête réalisée à partir des réponses de 5 041 agriculteurs (sur 30 000 contactés), 1 250 élus (sur 4 340) et 4 560 collaborateurs (sur 7 800).