Des plaques pour fondre de bonheur
Travailleurs de l’ombre, ils permettent de mettre dans la lumière les exploitations agricoles. La fonderie Doutre livre les plaques du Salon de l’Agriculture, et est basée au Lion-d’Angers.
Dans le monde agricole, tous les éleveurs rêvent de repartir avec une de leurs créations. S’il ne s’agit pas de haute couture, les plaques de concours agricoles sont tout aussi prestigieuses. Au Salon international de l’Agriculture, ce ne sont pas moins de 3 500 plaques qui vont récompenser les éleveurs pour la qualité et le sérieux de leur travail. Ces plaques sont fabriquées dans le département, au Lion-d’Angers. La fonderie Doutre est une des trois fonderies gravitant autour du monde des concours agricoles.
Spécialiste du concours agricole
Créée en 2001, l’entreprise compte actuellement 13 salariés. Romain Doutre en est le gérant : « mon grand-père était fondeur. Mon père également, il travaillait à la fonderie Gargam, autre fonderie angevine. En 2001, il a décidé de quitter Gargam pour fonder son entreprise ». Romain Doutre l’a rejoint 2 ans plus tard, avant de prendre les rênes en janvier dernier. Le chiffre d’affaires est de 730 000 euros, dont plus de la moitié est ramené par les concours agricoles. Parmi les clients de l’entreprise, le Salon international de l’Agriculture, le concours de Cournon, le concours d’évron ou encore le Mondial du Lion-d’Angers. La fonderie Doutre, qui réalise également les plaques pour Festi’élevage, n’a pas que le concours agricole à son arc : « on a environ 30 % de notre chiffre d’affaires grâce à la voirie. Numéros de plaques, matricules de lampadaire permettant aux équipes d’intervenir rapidement lorsqu’une unité est défectueuse. On travaille également avec de grands groupes comme Alstom ». Ainsi, c’est plus de 120 000 plaques qui sortent chaque année des locaux de la fonderie, labellisée 100 % “Produit en Anjou”.
Une fabrication artisanale
Lorsqu’on demande au chef d’entreprise ce qui l’a conduit à la fonderie, il répond naturellement : « je suis né dedans ! Pour être fondeur, il n’y a pas besoin de diplômes particuliers, juste l’envie de bien travailler. J’apprécie énormément voir la réalisation d’une plaque, de A à Z ». En effet, la fabrication des plaques est artisanale. Après avoir reçu une maquette informatisée, une usineuse créée le modèle qui servira de base à toute les plaques du concours. Cette base est ensuite couverte de sable mélangé à de l’argile, sur lequel s’abat une presse. Le sable prend alors la forme d’un moule, rigide grâce à la pression exercée par la presse. De l’aluminium en fusion (à 800 °C) y est alors versé, permettant d’avoir la plaque finale. L’aluminium en excès repart dans le circuit principal et est fondu à nouveau. « On peut également réaliser des plaques en laiton, que certains clients préfèrent. Mais les deux matériaux donnent des plaques de qualité supérieure », témoigne Romain Doutre. Une fois refroidies, au bout d’une dizaine de minutes environ, les plaques subissent la transformation qui les rendent uniques : « on vient coller chaque lettre, manuellement, à la cire d’abeille. Ensuite, les plaques sont peintes, soit au pinceau fin pour les plaques demandant un haut niveau de détail, soit au rouleau ». Ainsi, chaque plaque de concours agricole est unique.
La France est un pays de fondeur, avec le 3ème tonnage le plus élevé d’Europe, derrière l’Allemagne et l’Italie, avec 2,2 millions de tonnes produits. Le secteur se porte bien, et l’avenir est envisagé sereinement du côté de la fonderie Doutre.