magazine
Des pommes bien conservées
Le verger conservatoire de la Hanère, à Aviré dans le Haut-Anjou-Segréen, rassemble une centaine de variétés hautes tiges de pommes, à cidre et à couteau. Une diversité de goûts, de couleurs, de noms à découvrir ou redécouvrir.
Des branches chargées de fruits viennent caresser l’herbe humide du verger. Signe que la récolte sera abondante cette année. « On n’a jamais vu ça, c’est la meilleure année depuis la création du verger conservatoire ! », s’enthousiasme Jean-Louis Lardeux, agriculteur bio à Aviré. Au sein d’une exploitation très diversifiée (légumes, vaches laitières, chèvres…), il produit des pommes à couteau, du cidre, du jus et du vinaigre de pomme. Depuis 1994, il a planté une centaine de pommiers de variétés différentes, locales ou d’autres régions, récentes ou très anciennes comme la Reinette châtaignier, dont on retrouve des
traces au XVe siècle. Chaque arbre porte son étiquette, écrite à la main, et les noms ne manquent pas de poésie : la Jeannette y côtoie le Grand Alexandre, la Patte de loup, la Teint frais, ou la Tête de mouton.
Noms de pommes, noms de familles
Si Jean-Louis Lardeux, et son épouse Marie-Agnès, s’intéressaient depuis longtemps aux variétés anciennes, c’est l’opération “Paysages labellisés” pour la reconquête des vergers hautes tiges dans la région du Haut- Anjou, en 1993, qui leur a permis de concrétiser le projet. Celui-ci a bénéficié d’un coup de pouce financier du Conseil général et de l’Europe, au travers des fonds Feoga. « Nous souhaitions développer l’accueil sur l’exploitation. Nous avons saisi l’opportunité offerte par cette opération Paysages labellisés », se souvient Jean-Louis Lardeux.
Le projet lancé, il est parti à la recherche de variétés. « J’ai appris que Michel Augereau, pépiniériste à Ambillou-Château, possédait de vieilles variétés. Il m’en a fourni une soixantaine dès la première année », explique Jean-Louis Lardeux. Pour le reste, il est allé fouiner dans les vieux vergers des communes alentours, où il a repéré des variétés qui portent parfois le nom de familles du Segréen, comme Frémi, ou Gatineau (plus connue sous le nom de Pépin-Coignat). Il a rapporté des variétés à cidre de Normandie et du Centre de la France, a visité d’autres vergers conservatoires. « Je recherchais des variétés
locales, ou très anciennes, ou encore qui possèdent une certaine particularité, comme la résistance aux maladies ».
Un excellent terrain d’expérimentation
Car le verger constitue aussi un excellent terrain d’expérimentation et d’observation. « La Florina, créée par l’Inra, se développait très bien en conservatoire : un goût correct, et surtout une bonne résistance aux maladies. Nous l’avons reprise sur notre verger classique et nous ne le regrettons pas », note le producteur.
Le verger a vocation à se faire connaître d’un large public. Chaque automne, entre 500 et 700 élèves sont reçus sur l’exploitation. Les particuliers qui viennent acheter des produits sont invités à déambuler dans les allées du verger conservatoire. Et chaque samedi matin, Jean-Louis Lardeux apporte également sa production à la Ferme Angevine, à Beaucouzé. « Chaque semaine, j’aime faire découvrir une nouvelle variété à mes clients. En ce moment, ce sont la cardinal et la calville d’été ».
Soizick Héloury
Ouvert en semaine de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h, le samedi de 9 h à 12 h.