Perspective
Développement durable : être à l’avant-garde de l’inévitable
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Être durable, voilà la question qui se pose de façon inexorable à l’agriculture française. En Maine-et-Loire, le processus est déjà engagé.

Jean-Pierre Tillon, directeur scientifique de In Vivo, a invité les agriculteurs à être acteurs du développement durable.
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Le développement durable, enjeu du 21e siècle. La formule sonne désormais comme un leitmotiv empoigné à bras le corps par une kyrielle d’intervenants : collectivités, hommes politiques, associations environnementales ou de consommateurs, et jusqu’aux philosophes. Des colloques, des salons, et même un Grenelle sont consacrés à l’environnement et les Assises de l’agriculture qui se déroulent pour le moment en traiteront abondamment. Le sujet paraît donc aujourd’hui devenu incontournable. Et d’ailleurs, il l’est. C’est ce qu’est venu rappeler Jean-Pierre Tillon, directeur scientifique de In Vivo, lors du conseil fédéral de la FDSEA qui se tenait cette semaine à la Maison de l’agriculture, à Angers.
Bien, mais
peut mieux faire
Les agriculteurs de Maine-et-Loire avaient-ils besoin de cette réflexion ? Oui, sans aucun doute, car elle confirme l’inexorable tendance vers le développement durable. « La conditionnalité devient un droit à produire », a souligné le scientifique. Pour autant, les agriculteurs de Maine-et-Loire ne sont pas complètement novices en la matière. Christiane Lambert n’a pas manqué de souligner toutes les démarches entreprises. Dès 1992, rappelait-elle, sur le premier Projet agricole départemental et en 1998 avec les CTE, la profession agricole a mis autour de la table les associations environnementales, les pouvoirs publics, les consommateurs. On citera encore les mesures volontaires concernant les zones à forte pression azotée, les actions pour réduire l’utilisation de l’atrazine sur le bassin versant de l’Oudon, les nombreuses mesures agro-environnementales sur les zones humides… Le Maine-et-Loire en est donc plus loin qu’à une simple prise de conscience. Il est déjà passé à l’acte.
Sans doute n’est-ce pas suffisant eu égard aux enjeux. Il serait en effet inexact, voire prétentieux, de
dire que l’agriculture de Maine-et-Loire n’a plus de progrès à faire dans le domaine. Et les responsables professionnels réunis en conseil fédéral FDSEA sont prêts à s’engager plus avant dans le processus. La Chambre d’agriculture a élaboré un plan d’action en sept étapes auquel adhère son personnel. De son côté, la Chambre régionale relaye les critères de durabilité que veut mettre en place le Conseil régional pour conditionner les actions qu’il accompagne financièrement. D’ores et déjà, les jeunes agriculteurs de la région des Pays de la Loire y sont sensibilisés dans le cadre de leur stage préparatoire à l’installation.
Diversité
des systèmes
Aller plus loin, donc, mais comment ? Jean-Pierre Tillon a ouvert des perspectives et des pistes de réflexion exonérées des radicalismes et des idéologies. « Le réchauffement climatique est illustré par des images chocs génératrices d’angoisse. Il faut rétablir la confiance ». Comment relever la gageure, maintenir la place de la spécificité de l’agriculture française et européenne alors qu’il va falloir produire plus pour répondre aux besoins de la planète, mais pas sans conditions ? Quelles nouvelles garanties ou exigences faudra-t-il fournir à la demande sociétale ? Pour le scientifique, c’est la voie la biologie moléculaire qu’il faut développer, tandis que la chimie semble avoir jeté ses derniers feux. D’ici dix ans, les produits qui sortiront des exploitations devront attester d’un éco-bilan favorable comme la valeur estimée en eau intrinsèque ; le respect de la biodiversité, l’analyse du cycle de vie détermineront l’acceptabilité de telle ou telle production. Des critères qui ne sont pas toujours favorables aux productions et aux systèmes, quels qu’ils soient. « Aucun système n’est bon à lui seul pour le développement durable et il est important de travailler dans la diversité des systèmes de production », indique Jean-Pierre Tillon. Cela suppose une certaine solidarité entre les productions, les systèmes, les territoires ainsi que la valorisation des apports de l’agriculture pour l’environnement (crédit carbone, par exemple). Aux agriculteurs de Maine-et-Loire d’en être, une nouvelle fois, l’avant-garde.
Bien, mais
peut mieux faire
Les agriculteurs de Maine-et-Loire avaient-ils besoin de cette réflexion ? Oui, sans aucun doute, car elle confirme l’inexorable tendance vers le développement durable. « La conditionnalité devient un droit à produire », a souligné le scientifique. Pour autant, les agriculteurs de Maine-et-Loire ne sont pas complètement novices en la matière. Christiane Lambert n’a pas manqué de souligner toutes les démarches entreprises. Dès 1992, rappelait-elle, sur le premier Projet agricole départemental et en 1998 avec les CTE, la profession agricole a mis autour de la table les associations environnementales, les pouvoirs publics, les consommateurs. On citera encore les mesures volontaires concernant les zones à forte pression azotée, les actions pour réduire l’utilisation de l’atrazine sur le bassin versant de l’Oudon, les nombreuses mesures agro-environnementales sur les zones humides… Le Maine-et-Loire en est donc plus loin qu’à une simple prise de conscience. Il est déjà passé à l’acte.
Sans doute n’est-ce pas suffisant eu égard aux enjeux. Il serait en effet inexact, voire prétentieux, de
dire que l’agriculture de Maine-et-Loire n’a plus de progrès à faire dans le domaine. Et les responsables professionnels réunis en conseil fédéral FDSEA sont prêts à s’engager plus avant dans le processus. La Chambre d’agriculture a élaboré un plan d’action en sept étapes auquel adhère son personnel. De son côté, la Chambre régionale relaye les critères de durabilité que veut mettre en place le Conseil régional pour conditionner les actions qu’il accompagne financièrement. D’ores et déjà, les jeunes agriculteurs de la région des Pays de la Loire y sont sensibilisés dans le cadre de leur stage préparatoire à l’installation.
Diversité
des systèmes
Aller plus loin, donc, mais comment ? Jean-Pierre Tillon a ouvert des perspectives et des pistes de réflexion exonérées des radicalismes et des idéologies. « Le réchauffement climatique est illustré par des images chocs génératrices d’angoisse. Il faut rétablir la confiance ». Comment relever la gageure, maintenir la place de la spécificité de l’agriculture française et européenne alors qu’il va falloir produire plus pour répondre aux besoins de la planète, mais pas sans conditions ? Quelles nouvelles garanties ou exigences faudra-t-il fournir à la demande sociétale ? Pour le scientifique, c’est la voie la biologie moléculaire qu’il faut développer, tandis que la chimie semble avoir jeté ses derniers feux. D’ici dix ans, les produits qui sortiront des exploitations devront attester d’un éco-bilan favorable comme la valeur estimée en eau intrinsèque ; le respect de la biodiversité, l’analyse du cycle de vie détermineront l’acceptabilité de telle ou telle production. Des critères qui ne sont pas toujours favorables aux productions et aux systèmes, quels qu’ils soient. « Aucun système n’est bon à lui seul pour le développement durable et il est important de travailler dans la diversité des systèmes de production », indique Jean-Pierre Tillon. Cela suppose une certaine solidarité entre les productions, les systèmes, les territoires ainsi que la valorisation des apports de l’agriculture pour l’environnement (crédit carbone, par exemple). Aux agriculteurs de Maine-et-Loire d’en être, une nouvelle fois, l’avant-garde.
m. l.-r.