Dossier Nouvelles énergies
Dossier Nouvelles énergies - La micro-méthanisation s'installe en Anjou
Au Gaec des Buissons, un méthaniseur transforme les effluents de l'élevage bovin en électricité et chaleur.
Depuis mars dernier, les cinq associés du Gaec des Buissons ont mis en marche leur méthaniseur, l'accomplissement d'un projet entrepris il y a déjà quatre ans. "à la suite des Terrenales consacrées à l'agriculture écologiquement intensive organisées sur notre exploitation, nous nous sommes intéressés à cette démarche en vue de revaloriser les effluents de notre troupeau", explique Anthony Ménard. L'agriculteur qui, avec Cédric Saumureau, a rejoint le Gaec en 2009, élève une centaine de vaches laitières qui produisent entre 10 et 12 tonnes de lisier par jour. "Nous souhaitions créer une annexe à notre élevage, sans que cela crée une charge de travail supplémentaire. Nous avons choisi un méthaniseur par voie liquide, qui travaille en permanence. Tout est automatisé, le lisier arrive dans une cuve et une pompe l'envoie régulièrement vers la tour." D'ailleurs, cette tour est la particularité du modèle et en fait aujourd'hui une structure unique en France. Les effluents y sont chauffés à 40 degrés et mélangés durant environ 12 jours, produisant ainsi environ 80 % de la production de biogaz du méthaniseur. "Cela fonctionne bien parce que nous utilisons du lisier frais, avec un fort potentiel de méthane", précise Anthony Ménard. Le reste de la production de chaleur et d'électricité se fait dans le post-digesteur "classique". Ce dôme sert également de stockage du biogaz, et qui "ne risque pas d'exploser, contrairement à ce que pensent certaines personnes, car le gaz n'est pas sous pression à l'intérieur".
Un projet individuel
Contrairement à la plupart des méthaniseurs du département, ici, il n'était pas question de s'engager dans un projet collectif. "Nous souhaitions uniquement utiliser les effluents produits ici. Le lisier, les menues pailles, et un peu de refus d'alimentation sont mélangés, c'est tout. Vivant en zone périurbaine, nous sommes assez isolés des autres exploitations, cela aurait engendré des coûts supplémentaires et un projet nécessairement à plus grande échelle". Le méthaniseur du Gaec des Buissons, produisant au maximum 65 kw/h, fait ainsi partie des projets s'inscrivant en micro-méthanisation (inférieur à 75 kw/h). Après des visites en France et à l'étranger, accompagnés par Jean-Sébastien Tronc de la société Terrena, c'est aux Pays-Bas qu'ils ont trouvé, avec la marque Host, ce type de fonctionnement. "Cette société a voulu exporter son concept, et nous arrivons parfaitement à travailler avec eux. Nous sommes de cette génération qui peut s'adapter, être réactif et tenter de résoudre les problèmes à distance".
Economies à tous niveaux
Au total, le projet a coûté 600 000 euros entre les infrastructures et la nécessité d'adapter la ferme à ce nouveau mode de retraitement (passage d'un système fumier à un système lisier notamment). Subventionné à 37 % par l'Ademe et le Conseil régional, la part des fonds propres reste élevée, même si Anthony Ménard espère un retour sur investissement après environ 7 à 8 ans. "Nous revendons l'essentiel de l'électricité produite à EDF, pour un coût d'environ 17 à 19 centimes par kw/h", tout en précisant que ce sont les négociations avec la société qui ont été le chantier le plus rude à mener depuis l'entame de ce projet. Avec pour objectif de revendre jusqu'à 4 500 euros par mois à EDF, le processus permet également dès à présent de chauffer trois bâtiments du Gaec, la maison d'habitation d'Anthony Ménard ainsi que toute l'eau chaude sanitaire de l'élevage laitier. Des économies à tous les niveaux, d'autant que le digestat qui résulte de la transformation du lisier après la méthanisation peut également être utilisé en engrais en substitution de l'ammonitrate, ce qui permet d'économiser encore 20 % sur leur consommation de fertilisant. Pour l'avenir, les exploitants du Gaec des Buissons espèrent tirer au maximum profit de cette nouvelle structure, mise en fonctionnement tout récemment, et de profiter de la chaleur en continue qu'elle peut dégager, "peut-être en chauffant un futur séchoir à luzerne", annonce Anthony Ménard.
Benjamin Rullier
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