Lait
Échec des négociations sur le prix
Producteurs et transformateurs ne sont pas parvenus à un accord. Les baisses proposées par les industriels restent inacceptables.
Nouvelle impasse dans les négociations interprofessionnelles sur le prix du lait. Après la réunion du 30 octobre, celle du 4 novembre entre les producteurs et les industriels au siège de l’interprofession laitière (Cniel), afin de se mettre d’accord sur un prix à la production pour le 4e trimestre 2008 et le 1er trimestre 2009, a échoué également. Au cours d’âpres tractations suspendues deux fois, les fédérations de transformateurs n’ont pas modifié leurs propositions de baisse de prix pour fin 2008, fixée à - 30 euros pour 1 000 litres, avec une flexibilité de - 15 euros en fonction des mix produits. Ils ont fait en revanche des concessions pour le premier trimestre 2009, acceptant de porter la baisse initiale de -55 euros à - 50, puis à - 45 euros pour 1 000 litres, avec toujours une flexibilité de -15 euros.
« Pas supportable »
Mais pour la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), ces propositions demeurent « très largement au-delà de ce qui est supportable pour les éleveurs », compte tenu de la hausse d’environ 20 % de leurs charges de production (aliment du bétail, fertilisation, énergie) qui a déjà détérioré sensiblement leur revenu. La FNPL avait fait un effort supplémentaire le 30 octobre en mettant sur la table une baisse de 10 euros pour fin 2008 et de 20 euros pour début 2009, avec une flexibilité de - 10 euros. Des niveaux qui répondent au souci des industriels de plus de réactivité de la part des producteurs face aux différents marchés, selon elle. La situation va donc rester très tendue sur le terrain. Dès le 5 novembre, les entreprises se devaient d’afficher le prix pour le 4e trimestre 2008, et elles devraient appliquer théoriquement la baisse de 30 euros pour 1 000 litres qu’elles proposent. « Les industriels ont fait comprendre qu’ils avaient besoin de cette baisse de prix dès le quatrième trimestre », a-t-on appris auprès de la FNPL. Une baisse que l’Association de la transformation laitière (Atla) justifie par la forte dégradation du prix survenue cette année sur les marchés du beurre et de la poudre de lait (produits industriels).
Produits industriels ou PGC ?
Mais pour les éleveurs, la mauvaise tenue des marchés « ne justifie pas de telles baisses ». La mobilisation des producteurs va donc se poursuivre sur tout le territoire, et la FNPL appelait ses troupes à se joindre massivement à la journée nationale d’action lancée par la FNSEA et JA pour le 7 novembre, sur la défense du revenu des agriculteurs. Le 5 novembre, elle prévenait aussi la distribution que les producteurs « n’accepteraient pas que les faux discours sur le pouvoir d’achat se traduisent par une pression aggravée sur leur revenu ».
Responsabilité des pouvoirs publics
La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) dénonce la responsabilité des pouvoirs publics dans la situation interprofessionnelle explosive d’aujourd’hui, dans un communiqué daté du 5 novembre. Insistant sur « la nécessité absolue » pour la filière d’une maîtrise des volumes pour rétablir l’équilibre sur les marchés, les éleveurs rappellent que le gouvernement, en signant une réforme aboutissant à la dérégulation complète des marchés (fin des quotas laitiers en 2015), entraîne le secteur laitier européen « dans une véritable tourmente ». De plus, « en cherchant à suspendre les négociations interprofessionnelles », selon la FNPL, les pouvoirs publics ont fissuré la cohésion du secteur laitier français. Enfin, pour elle, la Loi de modernisation de l’Economie (LME) « renforce encore le pouvoir de la grande distribution ».
actuagri