Dossier
En anjou, les Cultures de plein champ ont pris l’eau
Depuis octobre dernier, le Gaec du Melinais, à Sainte-Gemmes-sur-Loire, subit les conséquences de la pluviométrie. Noyée dans le champ, la production de choux d’hiver est perdue.
“Un automne et un hiver à oublier”. C’est ainsi que Pascal Beaujean parle des derniers mois qui se sont écoulés. Après une saison 2011 compromise par la crise du concombre, 2012 se passait mieux pour la production maraîchère. Un élan coupé par l’excès de précipitations, dès octobre : 350 mm d’eau sont tombés sur les terres de Sainte-Gemmes-sur-Loire en octobre-novembre-décembre. Dont 200 pour le seul mois d’octobre. “Nous avons perdu 200 000 pièces de salades d’automne”, commente le producteur du Gaec du Melinais. Noyée aussi, la quasi totalité de la culture de choux d’hiver. Quant au poireau, il a subi une perte de rendement de 25 % et la saison s’est terminée avec un mois d’avance, fin février. “Entre les dégâts sur le chou et le poireau, le Gaec a perdu 200 000 euros”, a calculé le producteur. La hausse des cours du poireau en fin de campagne n’a cependant pas permis de compenser la perte.
Trois semaines de
décalage pour la salade
La nouvelle saison de salade a commencé difficilement, avec des températures basses et une pluviométrie encore importante. Au Gaec du Melinais, qui compe 60 hectares de cultures, la salade -laitue, batavia, feuille de chêne- représente 60 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. Il s’y produit 5 millions de têtes par an. Cette année, la saison a débuté avec trois semaines de retard sur le calendrier habituel. “Autant de chiffre d’affaires en moins pour les mois à venir. Et les cours de la salade sont globalement moins soutenus que l’année passée, en baisse de 10 à 15 centimes par pièce par rapport à 2012”, explique le producteur qui commercialise les légumes auprès des grossistes et de la grande distribution. “On prend difficilement le relais de la salade du sud de la France”.
Pas d’emplois saisonniers
Des conséquences sur la trésorerie de l’exploitation, et aussi pour les salariés. Le Gaec emploie une quinzaine de permanents. En cette période, il devrait, en conditions climatiques normales, employer quatre à cinq saisonniers. “Nous n’en avons aucun aujourd’hui et nous avons dû réduire un peu les horaires pour les permanents”. Dans ce contexte, la modification du dispositif d’exonération de charges pour l’emploi de travailleurs occasionnels, effective depuis le début d’année, tombe mal. Pour le producteur, “cela n’incite pas à embaucher”.
Des sols matraqués
Des retombées également sur l’état des sols. “Ces conséquences sont moins chiffrables, mais les sols ont été matraqués, et il y a même de la casse dans le matériel”. Le tassement des sols devrait rendre difficiles les prochaines mises en culture, craint le producteur.
Avec une visibilité économique assez restreinte, très dépendante des aléas climatiques,“la gestion de l’exploitation se résume aujourd’hui en un mot : la prudence”, confie le maraîcher.
S.H.