Stratégie
En lait, en viande, l’heure est aux rapprochements
Stratégie
La conjoncture, les perspectives, l'économie conduisent des groupements ou des entreprises à se rapprocher. Deux ont récemment eu lieu dans l'ouest : Eurial et Agrial en lait, Géo et Cavac en viande.
Ci dessus : les responsables d’Agrial (à gauche) et d’Eurial
(à droite), à Nantes, le 18 janvier dernier : complémentaires sur leurs activités et leurs territoires, les deux coopératives se retrouvent dans leurs politiques de marques et dans leurs ambitions à l’export.
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Loire Atlantique agricole
(à droite), à Nantes, le 18 janvier dernier : complémentaires sur leurs activités et leurs territoires, les deux coopératives se retrouvent dans leurs politiques de marques et dans leurs ambitions à l’export.
L’heure est à la restructuration, à la fusion, aux rapprochements. Et ce, dans tous les domaines. L'exemple n’est pas nouveau dans le secteur de la grande distribution où l’on sait depuis longtemps que cinq centrales se partagent le gâteau ; l'industrie également, mais aussi la presse aussi où, tout en revendiquant le pluralisme, les journaux appartiennent à quelques groupes de presse. L'agro-alimentaire, aussi, s'est inscrit dans cette voie et notamment dans le secteur coopératif. On se souvient du rapprochement opéré, voici quelques mois, par Champagne Céréales et Nouricia. À ce propos, Pascal Prot, le président de Viviescia, indiquait “des marges faibles sur nos activités ont tendance à rendre intéressante la mutualisation des moyens”. On a vu aussi naître Triskalia, coopérative issue de la fusion, en 2010, entre la Cam 56, Coopagri Bretagne et Éolys. Sans parler de Maïsadour, dans le sud-est, qui est entré dans la démarche depuis le début des années 1990. Entretemps, on avait vu deux coopératives de la région des pays de la Loire, Cana et Caval, s'unir pour former le groupe Terrena.
“Les coopératives laitières françaises étaient à la traîne”
Si le mouvement est clairement enclenché dans certains secteurs de production, “jusqu'à présent, indiquait un dossier d'Agra presse de juin dernier, les coopératives laitières françaises étaient à la traîne”. Les stratégies de rapprochement sont, de long temps, à l'œuvre aux Pays-Bas par exemple. De même, dans le secteur de la viande, “le regroupement de l'offre de viande doit faire ses preuves”, soulignait le dossier, même si “le nombre d'organisations de producteurs (OP) en filière viande s'est considérablement réduit ces dernières décennies”. Le nombre d'OP en viande est estimé à 65 en 2010 contre 98 en 2000.
L'annonce récente de deux rapprochements dans la région, Agrial et Eurial pour le lait, les groupements Géo et Cavac pour la viande, ne constituent donc pas une révolution, d'autant qu'on savait des pourparlers en cours, sous couvert d'une relative discrétion évidente pour ce genre de tractations. Et si surprise il y a, elle tient peut-être plus du moment choisi ou des partenaires concernés... ou pas.
Pour le directeur général d'Agrial, Ludovic Spiers, dans une interview à l’Agriculteur Normand du 25 janvier dernier, ce rapprochement avec Eurial s'inscrit dans la continuité. "Nous collectons 4 millions de litres de lait de chèvre pour Eurial, les conversations se sont poursuivies sur le lait de vache. Une fusion avec une coopérative nous semblait constituer une bonne solution pour asseoir notre assise territoriale laitière. Eurial a constitué une opportunité. Nos deux entreprises dégagent des résultats. Nous partageons une même vision de l’avenir. Nos activités sont complémentaires (...). Nous avons donc décidé de construire un projet très solide à moyen et long terme”.
L'ensemble représentera un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, soit 10 % de la collecte nationale. Sur le plan juridique, Eurial, SAS détenue par quatre coopératives, va fusionner avec la holding de tête de la filière lait d'Agrial. L'entité fusionnée, qui s’appelera Eurial, sera ainsi une SAS détenue par cinq coopératives.
Pour Ludovic Spiers, cette nouvelle organisation ne va pas éloigner le pouvoir de la base. “ Ce pouvoir de décision, ce sont les coopérateurs qui le détiennent à travers les présidents de bassins. Ils font partie du comité de branche. Toute notre réussite est basée sur cette décentralisation”, indique-t-il.
De même, le responsable de l'entreprise ne prévoit pas de bouleversement en terme d'emploi ou de redéploiement industriel. “Nos activités sont complémentaires et ce projet arrive à un moment ou notre staff laitier n’était pas encore structuré. Nous allons ainsi pouvoir nous appuyer sur l’expérience et les compétences d’Eurial en la matière”.Quant aux relations avec CLE Bongrain, elles ne devraient pas être modifiées car “ce rapprochement Eurial/Agrial est un projet complémentaire”.
Rapprochement
dans la filière viande
En viande, “la diminution du nombre d’exploitations, le besoin d’optimiser les coûts, notamment en logistique transport, et la nécessité de faire entendre une voix unie et forte des producteurs dans les négociations commerciales nous ont conduits à constituer un pôle commun”, indiquent le président du GPVB-Cavec Guy Mérieau, et le président du Groupement des Eleveurs de l’Ouest, Mickael Bazantay.
Cette nouvelle union deviendra “un outil économique puissant, qui assumera l’ensemble des métiers exercés par Géo et GPVB, portera le regroupement, l’organisation et le management des compétences et conduira à renforcer la dynamique des politiques commerciales, et à unifier les règles de fonctionnement et de gestion”. À l’image des deux groupements qui la composent, cette nouvelle structure veut également s'intégrer comme un “partenaire moteur dans la construction de filières (démarches qualité, contractualisation, export,…)”.
La nouvelle entité qui entrera officiellement en fonction le 1er juillet 2013 portera sur la totalité des métiers et des services aux 2 500 éleveurs adhérents et assurera la commercialisation de près de 130 000 animaux sur une zone qui couvre les départements
17, 44, 49, 79, 85.
Ces nouvelles organisations préfigurent-elles de prochains rapprochements ? Quelles conséquences peuvent-elles engendrer pour les producteurs ? Pour l’ensemble de la filère ? Et, dans ces nouvelles configurations, quelle est la position du syndicalisme ? Quel rôle veut-il que joue la coopération dans ces rapprochements qui concernent également les entreprises privées ?
“Les coopératives laitières françaises étaient à la traîne”
Si le mouvement est clairement enclenché dans certains secteurs de production, “jusqu'à présent, indiquait un dossier d'Agra presse de juin dernier, les coopératives laitières françaises étaient à la traîne”. Les stratégies de rapprochement sont, de long temps, à l'œuvre aux Pays-Bas par exemple. De même, dans le secteur de la viande, “le regroupement de l'offre de viande doit faire ses preuves”, soulignait le dossier, même si “le nombre d'organisations de producteurs (OP) en filière viande s'est considérablement réduit ces dernières décennies”. Le nombre d'OP en viande est estimé à 65 en 2010 contre 98 en 2000.
L'annonce récente de deux rapprochements dans la région, Agrial et Eurial pour le lait, les groupements Géo et Cavac pour la viande, ne constituent donc pas une révolution, d'autant qu'on savait des pourparlers en cours, sous couvert d'une relative discrétion évidente pour ce genre de tractations. Et si surprise il y a, elle tient peut-être plus du moment choisi ou des partenaires concernés... ou pas.
Pour le directeur général d'Agrial, Ludovic Spiers, dans une interview à l’Agriculteur Normand du 25 janvier dernier, ce rapprochement avec Eurial s'inscrit dans la continuité. "Nous collectons 4 millions de litres de lait de chèvre pour Eurial, les conversations se sont poursuivies sur le lait de vache. Une fusion avec une coopérative nous semblait constituer une bonne solution pour asseoir notre assise territoriale laitière. Eurial a constitué une opportunité. Nos deux entreprises dégagent des résultats. Nous partageons une même vision de l’avenir. Nos activités sont complémentaires (...). Nous avons donc décidé de construire un projet très solide à moyen et long terme”.
L'ensemble représentera un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, soit 10 % de la collecte nationale. Sur le plan juridique, Eurial, SAS détenue par quatre coopératives, va fusionner avec la holding de tête de la filière lait d'Agrial. L'entité fusionnée, qui s’appelera Eurial, sera ainsi une SAS détenue par cinq coopératives.
Pour Ludovic Spiers, cette nouvelle organisation ne va pas éloigner le pouvoir de la base. “ Ce pouvoir de décision, ce sont les coopérateurs qui le détiennent à travers les présidents de bassins. Ils font partie du comité de branche. Toute notre réussite est basée sur cette décentralisation”, indique-t-il.
De même, le responsable de l'entreprise ne prévoit pas de bouleversement en terme d'emploi ou de redéploiement industriel. “Nos activités sont complémentaires et ce projet arrive à un moment ou notre staff laitier n’était pas encore structuré. Nous allons ainsi pouvoir nous appuyer sur l’expérience et les compétences d’Eurial en la matière”.Quant aux relations avec CLE Bongrain, elles ne devraient pas être modifiées car “ce rapprochement Eurial/Agrial est un projet complémentaire”.
Rapprochement
dans la filière viande
En viande, “la diminution du nombre d’exploitations, le besoin d’optimiser les coûts, notamment en logistique transport, et la nécessité de faire entendre une voix unie et forte des producteurs dans les négociations commerciales nous ont conduits à constituer un pôle commun”, indiquent le président du GPVB-Cavec Guy Mérieau, et le président du Groupement des Eleveurs de l’Ouest, Mickael Bazantay.
Cette nouvelle union deviendra “un outil économique puissant, qui assumera l’ensemble des métiers exercés par Géo et GPVB, portera le regroupement, l’organisation et le management des compétences et conduira à renforcer la dynamique des politiques commerciales, et à unifier les règles de fonctionnement et de gestion”. À l’image des deux groupements qui la composent, cette nouvelle structure veut également s'intégrer comme un “partenaire moteur dans la construction de filières (démarches qualité, contractualisation, export,…)”.
La nouvelle entité qui entrera officiellement en fonction le 1er juillet 2013 portera sur la totalité des métiers et des services aux 2 500 éleveurs adhérents et assurera la commercialisation de près de 130 000 animaux sur une zone qui couvre les départements
17, 44, 49, 79, 85.
Ces nouvelles organisations préfigurent-elles de prochains rapprochements ? Quelles conséquences peuvent-elles engendrer pour les producteurs ? Pour l’ensemble de la filère ? Et, dans ces nouvelles configurations, quelle est la position du syndicalisme ? Quel rôle veut-il que joue la coopération dans ces rapprochements qui concernent également les entreprises privées ?