International
En République Démocratique du Congo, la réinsertion des femmes passe par l’activité agricole
Cette semaine, le Dr Denis Mukwege était à Angers. L’occasion de mettre en avant le rôle de l’agriculture dans la réinsertion sociale des femmes victimes de guerres en République démocratique du Congo (RDC), et le rôle d’Afdi Pays de la Loire.
Cette semaine, le Dr Denis Mukwege était à Angers. L’occasion de mettre en avant le rôle de l’agriculture dans la réinsertion sociale des femmes victimes de guerres en République démocratique du Congo (RDC), et le rôle d’Afdi Pays de la Loire.
Connu sous le nom de “L’homme qui répare les femmes”, le Dr Denis Mukwege, gynécologue et militant des droits de l’Homme, a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2018 pour son action auprès des femmes de RDC victimes de viols et de mutilations perpétrés par des groupes armés. Des violences se perpétuent en effet depuis plus de 25 ans dans l’Est de la RDC et particulièrement dans le Sud-Kivu. Elles touchent en particulier les femmes, qui une fois victimes, sont mises à l’écart de la société. Une manière de sortir de l’isolement et la pauvreté est de pouvoir cultiver une petite surface de terre. L’association Afdi Pays de la Loire a noué un partenariat en ce sens depuis 2 ans pour aider à la réinsertion de 1 000 femmes grâce à l’agriculture. Une initiative soutenue et appréciée du Dr Mukwege : « le projet de réinsertion socio-économique est très important pour nous, a-t-il expliqué. Car après avoir soigné les femmes, c’est triste de les voir dans la rue, rejetées et en situation de vulnérabilité, avec le risque que tout le travail fait à l’hôpital soit perdu. C’est pour cela que nos partenaires comme Afdi sont très importants pour éviter la récidive, pour que les femmes soignées retrouvent une autonomie. Vivre de leur travail leur donne une dignité supplémentaire ».
Appel à la communauté internationale
Passer par l’agriculture pour se réinsérer n’est pas anodin dans ce pays. Le paradoxe de la RDC, pays de 100 millions d’habitants, sur une surface comme presque 4 fois la France ? C’est la forte dépendance alimentaire. Le Sud Kivu, province riche en minerais (koltan, or…), riche en eau (plus de 1 800 mm d’eau par an) est dépendant à hauteur de 80 % de l’extérieur pour son alimentation. « Les richesses minières ne rejaillissent en rien sur la population », souligne Marietta Merieau, la présidente d’Afdi Pays de la Loire.
Le fond du problème, s’indigne le Dr Mukwebe, est lié à « une question de répartition des terres », dénonçant le fait que « des oligarques font de la spéculation avec les terres. (...) Comment se fait-il qu’avec 2,345 millions de km2, des femmes ne peuvent pas avoir un hectare pour cultiver ? ». La fondation Panzi du Dr Mukwege s’emploie à acheter des terres pour les femmes du Sud Kivu, mais seulement 50 ha ont pu être acquis en 5 ans...
Pour que les efforts entrepris par les différents partenaires, notamment Afdi, portent leurs fruits, il faut agir sur les causes profondes de la situation, insiste le prix Nobel de la Paix : « des solutions existent, mais elle passent par une volonté politique nationale et internationale ». Il lance un appel à la communauté internationale, car « sans justice, il est difficile de faire avancer les choses... Les femmes demandent à être reconnues comme victimes ».
S.H.
Offrir une chèvre
Afdi organise une campagne de dons pour permettre aux femmes du Sud Kivu de sortir de l’extrême pauvreté en élevant une chèvre. Il est possible de donner 50 euros pour une chèvre, ou 30 euros pour un chevreau, sur le site : https://www.helloasso.com/associations/agriculteurs-francais-et-developpement-international-pays-de-la-loire, avec paiement en ligne, ou par chèque à Afdi Pays de la Loire (tél : 02 41 18 61 80). « Ce petit élevage générera des revenus pour payer la scolarisation des enfants, des soins...», explique Afdi. Le don comprend aussi les soins vétérinaires et une formation.