Dossier maraîchage
Fraise : Une saison pour rattraper l’autre
La récolte de gariguettes annonce une bonne année pour la fraise en Maine-et-Loire.
Reportage chez un producteur adhérant à la coopérative Fleuron d’Anjou.
Les premières cueillettes nous rendent optimistes pour la suite”. Installé en 2004 à l’EARL des Garennes, Alain Mabileau envisage sa production 2014 avec beaucoup plus de confiance que la précédente. “L’an dernier a été catastrophique. Nous avons produit environ 38 tonnes, c’est 10 à 12 tonnes de moins qu’une année normale. Les récoltes ont commencé avec trois semaines de retard mais n’ont pas fini plus tard pour autant, avec des fraises de piètre qualité, gorgées d’eau”. La cause à un printemps mauvais et à un été soudain. Même si le prix de vente n’a pas été si catastrophique, en conséquence à une production très faible, le manque à gagner marque les objectifs de la nouvelle saison. “Il faudrait deux bonnes années en une seule pour parvenir à combler les résultats 2013”. Concernant la météo, Alain Mabileau est, pour l’heure, plutôt satisfait. “L’hiver n’a pas été froid, il y a eu un bel ensoleillement ces dernières semaines et une floraison assez précoce”. Il précise toutefois que, si les conditions actuelles sont optimales, il ne faut pas qu’il fasse beaucoup plus chaud, pour ne pas risquer d’avoir des fruits qui murissent trop vite et n’ont pas le temps de grossir. Pour l’heure, les premiers indicateurs sont bons. “Nous avons commencé les récoltes avec un mois d’avance sur l’année dernière et avec une semaine d’avance sur une année classique”, annonce-t-il, précisant avoir mangé ses premières fraises dès le 20 mars.
Miser sur la qualité
La récolte des gariguettes (50 % de la production de fraises de l’EARL), commencée le 5 avril, devrait s’achever le 10 mai. Suivront les ciflorettes, cireine et candiss dont la cueillette devrait se terminer autour du 30 juin. Trente saisonniers se relaieront sur cette période pour assurer la cueillette manuelle. “Des employés que je connais personnellement ou par du bouche-à-oreille, des étudiants et même quelques retraités” qu’Alain Mabileau doit encadrer pour préserver la qualité d’un produit précieux et dont la production représente à elle seule environ 40 % de son chiffre d’affaires. “La grosseur, la forme, la maturité, tout importe. Il ne faut pas de traces sur la fraise, le pédoncule doit être toujours attaché…” Car aujourd’hui, si le marché concurrentiel est exacerbé par les exportations espagnoles (plus de 50 % des fraises vendues en France), Alain Mabileau, qui vend l’essentiel de sa production à la coopérative Fleuron d’Anjou, avance que “c’est la qualité qui peut faire revenir le consommateur vers le marché français.” C’est ainsi qu’il tente au maximum de privilégier une agriculture non pas biologique mais garantissant les meilleures fraises possibles : pas d’auxiliaires ajoutés aux plants, seulement des traitements éventuels contre les araignées.
Malgré tout, la situation des producteurs de fraises est aujourd’hui compliquée. “Il s’agit d’une culture très exigeante, rappelle Maëlle Krzyzanowski, conseillère au Comité départemental de développement légumier (l’organisme réalise des tests de variétés sur l’exploitation). On plante au mois d’août et on récolte au mois de mai, les prix peuvent être aléatoires selon les années, il y a très peu d’automatisation et la nécessité de gérer une main d’œuvre saisonnière qui peut être importante”.
Benjamin Rullier