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Emploi
Groupements d’employeurs : Jérémy travaille pour trois agriculteurs

Se grouper pour répondre à des besoins de main-d’œuvre à temps partiel, c’est le choix de certains éleveurs. Reportage à Saint-Laurent-de-la-Plaine.

Le Groupement des Chênes, à Saint-Laurent-de-la-Plaine : Sylvie Caillault, Jérémy Godineau, le salarié, Jean-Pierre Abelard, Jérôme Jolivet et Guy Caillault.
Le Groupement des Chênes, à Saint-Laurent-de-la-Plaine : Sylvie Caillault, Jérémy Godineau, le salarié, Jean-Pierre Abelard, Jérôme Jolivet et Guy Caillault.
© AA

Tous les matins, Jérémy va traire les chèvres de Jean-Pierre. Ensuite, son programme change selon les jours : le lundi, il travaille chez Jérôme, son deuxième employeur. Le mardi, il est, soit dans la ferme de Jérôme à nouveau, soit dans celle de Guy et Sylvie. Le mercredi, il se rend chez Guy et Sylvie, le jeudi et le vendredi matin, chez Jean-Pierre. Ses trois employeurs, voisins de quelques kilomètres, ont formé, voilà six ans, un groupement pour faire face à leurs besoins respectifs de main-d’œuvre. Les exploitations se sont entendues pour partager le temps de leur salarié et gérer en commun les aspects administratifs liés à la paie.  Toutes avaient des situations différentes mais comme point de convergence, l’envie de faire travailler un salarié.
Jean-Pierre Abelard élève  avec sa femme 300 chèvres et 25 vaches limousines sur 46 hectares. Depuis de nombreuses années, il a pris l’habitude d’embaucher quelqu’un sur sa ferme, un salarié à mi-temps ou un apprenti. Jérémy, formé au lycée de Pouillé et recruté par le biais de l’Adéfa, est arrivé chez lui en septembre 2004. Le jeune recherchait un temps plein, ce que Jean-Pierre ne pouvait lui proposer. L’éleveur s’est donc tourné vers des voisins. Sylvie et Guy  Caillault, de leur côté, avaient besoin d’un renfort pour leur exploitation laitière (45 à 50 vaches) et leur élevage de canards de chair. « Nous avons eu recours au salarié de la Cuma occasionnellement, nous avons accueilli aussi des jeunes en contrat de qualification, raconte Guy Caillault. Mais la personne changeait tous les ans, c’était difficile d’établir une continuité ».

Un sentiment de sécurité

Jérôme Jolivet, lui, élève 70 vaches laitières, sur 74 hectares. Quand il s’est installé en 1999, il a embauché son père comme salarié à mi-temps, durant les cinq années qui précédaient sa retraite. « Je n’étais pas tenté par la formule du Gaec, explique-t-il. Il aurait fallu monter en production, puis trouver un nouvel associé pour succéder à mon père ». Le départ en retraite de ce dernier a coïncidé peu ou prou avec l’arrivée de Jérémy. L’éleveur apprécie la présence du jeune employé : « Il y a des travaux qui nécessitent d’être deux. Je les fais le jour où il est là. Et puis, c’est rassurant de savoir que s’il m’arrive quelque chose, quelqu’un qui connaît très bien l’exploitation peut reprendre les choses en main dans l’urgence ». Ce sentiment de sécurité est partagé par les trois employeurs. Pour Sylvie Caillault, avoir un salarié est même bénéfique du point de vue psychologique : « On sait que tel jour, on ne travaillera pas seul. Cela remotive, tout simplement. Cela m’oblige à me poser la question de l’organisation de mon travail, à ne pas avoir toujours la tête dans le guidon ».   Pour qu’un groupement fonctionne bien, il faut évidemment que les exploitants ne craignent pas de déléguer des tâches : « Déléguer n’est pas facile. Cela est certainement un frein à la constitution de groupements », estime Guy Caillault, qui est par ailleurs président de la Fédération départementale des groupements d’employeurs de l’Anjou.

Un salarié très impliqué

Jérémy, le salarié, se sent fortement impliqué dans la vie de chaque exploitation et intégré aux différents partenaires qui gravitent autour, comme la Cuma. L’entente entre ses différents employeurs, qui savent faire preuve de souplesse quand l’un ou l’autre a plus de besoins de main-d’œuvre, contribue à une ambiance de travail « conviviale et en confiance ». Mais, employé depuis quatre ans, Jérémy Godineau nourrit le projet de s’installer, lui aussi, un jour. Les employeurs ne sont certes « pas pressés de le voir partir », mais reverront, sans s’inquiéter, leur organisation en temps voulu.

S.H.

Colloque

Travailler à plus pour gagner mieux ?

L’emploi, un atout pour l’entreprise agricole, c’est le thème de la soirée-débat organisée par le CRDA Baugeois-Vallée jeudi
25 novembre à partir de 19 heures à Corné.
Quand l’enjeu pour les entreprises agricoles est de réussir à vendre un produit de qualité en mobilisant de moins en moins de moyens de production, comment faire le meilleur choix pour optimiser la productivité du travail ? Le  réflexe de
l’investissement matériel est-il toujours judicieux pour l’entreprise et les hommes qui y travaillent ? Est-ce que l’embauche d’un salarié, seul ou à plusieurs, peut faire gagner l’entreprise en rentabilité, en confort de travail, pour permettre de libérer le temps nécessaire aux choix stratégiques et s’ouvrir à l’innovation ? Autant de questions qui seront ouvertement posées aux différents intervenants de la soirée dans un cadre assurément novateur et convivial.

Renseignements et inscription avant le 16 novembre : emmanuelle.mounier@maine-et-loire.chambagri.fr Tél : 02 41 57 29 29.

Le groupement d’employeurs

Pour de nombreuses entreprises, l’embauche à temps plein n’est pas possible en raison des besoins périodiques de main-d’œuvre ou de besoins spécifiques exigeant une qualification particulière. Par ailleurs, il s’avère difficile de recruter à temps partiel, les salariés se tournant principalement vers des emplois à temps plein. Pour ces entreprises, le groupement d’employeurs peut constituer une solution.
Le groupement d’employeurs permet donc à des entreprises de s’associer pour l’embauche d’un ou plusieurs salariés qu’elles n’auraient pas seules la possibilité d’employer. Chaque utilisateur recourt selon ses besoins au(x) salarié(s) auquel on assure un emploi durable et permanent et un contrat de travail unique.
La formule du groupement d’employeurs peut également permettre de bénéficier d’un statut social et fiscal plus avantageux.

Maud Bastard, Fédération
départementale des groupements
d’employeurs de l’Anjou . Tél 02 41 96 76 39

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