Il a adopté le sans cornes
Lors de leur assemblée générale, mardi 5 mars, les adhérents du syndicat des éleveurs de la race limousine ont visité l'exploitation de Julien Denis.
C'est à Noyant-Villages (Chalonnes-sous-le-Lude) que les adhérents du syndicat des éleveurs de la race limousine se sont réunis mardi 5 mars pour leur assemblée générale. L'occasion pour le président Bruno Lambert de faire le point sur les événements de l'année : un voyage en Corrèze sur l'exploitation du Gaec Bourbouloux le 6 juin et la participation aux concours d'élevage de la rentrée dont l'inter-régional qui se déroulera à Évron (53) fin août. Mais également de mettre l'accent sur un thème technique : le sans cornes.
Gène sans cornes
Travaillé depuis une trentaine d'années en race limousine, le gène sans cornes est adopté par les éleveurs qui souhaitent faciliter leur conduite de troupeau. "Cela limite le stress et contribue au bien-être animal, indique Louis Verdenal, inspecteur du Herd-Book Limousin (HBL). Mais attention à son utilisation dans les accouplements : elle doit être raisonnée afin de ne pas dégrader les qualités maternelles et le gabarit. Les performances du troupeau ne doivent pas être négligées pour des raisons commerciales de court-terme. Et il faut aussi prendre garde à conserver la diversité des origines de la race".
Pour illustrer cette stratégie, les participants ont visité l'exploitation de Julien Denis. L'éleveur, installé en 2010 suite à son père, a rapidement orienté son renouvellement vers le sans cornes. "Je voulais aller assez vite car je ne souhaitais pas écorner de jeunes animaux, témoigne-t-il. Avec des produits homozygotes sur ce gène, je n'ai plus ce problème à gérer : c'est un confort de travail pour moi qui suis tout seul sur l'exploitation". Aujourd'hui, 50% du troupeau limousin de Julien Denis est sans cornes.
Progression du niveau génétique
De son ancienne carrière d'inséminateur, Julien Denis a conservé l'intérêt pour la sélection génétique. Dans son troupeau composé de 40 Limousines, 20 Charolaises, 15 Blondes d'aquitaine et de quelques Parthenaises, il cherche constamment à améliorer les performances par les index. "Quand j'ai repris l'élevage, je n'avais pas de parentalité en race limousine. J'ai commencé la VA4 en 2012 et l'inscription du troupeau au HBL date de 2018", explique-t-il. Si au départ Julien Denis a recherché "plutôt du format" dans les accouplements en race limousine, il les a ensuite orientés vers la production de viande et les qualités maternelles. Le niveau génétique des veaux limousins en 2022 sur l'exploitation est en progression, en particulier sur l'index de développement musculaire (DMSev à 110,2 supérieur au niveau de la race à 101,6). Le poids de carcasse moyen de ses vaches limousines est de 480 kg.
Achat d'embryons et génotypage
Pratiquant 100% d'IA pour le renouvellement de son troupeau - aucun taureau adulte n'est présent sur l'exploitation-, Julien Denis utilise ses jeunes reproducteurs pour le rattrapage. L'éleveur achète une dizaine d'embryons par an (via Interlim ou Perche sélection) afin "d'accéder à des index plus variés". Il possède par exemple quelques produits du reproducteur Omh PP. "Il a des qualités maternelles intéressantes pour un homozygote, reconnaît Louis Verdenal. Mais il est également porteur du gène culard : attention à l'accouplement avec les génisses". Une précaution prise en compte par Julien Denis qui fait génotyper les femelles dont il souhaite connaître le statut (sur les gènes culard et sans cornes) afin de raisonner ensuite sa sélection en fonction de ses objectifs commerciaux. L'éleveur vise à la fois la vente de reproducteurs de type élevage mais aussi de type viande.