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VENDANGES
Il faut s’attendre à - 30 % de raisin vendangé en Anjou-Saumur

La récolte s’annonce faible en quantité. Les viticulteurs d’Anjou-Saumur vont devoir puiser dans leurs stocks pour faire face à une demande de vins soutenue.

Patrice Laurendeau, président de la Fédération viticole et Olivier Brault, trésorier de la FV et président du bureau Interloire d’Angers.
Patrice Laurendeau, président de la Fédération viticole et Olivier Brault, trésorier de la FV et président du bureau Interloire d’Angers.
© AA

Les vendanges démarrent doucement dans le vignoble Anjou-Saumur. Les premiers bans pour les pinots noir et les cépages chardonnay pour les effervescents ont été publiés les 14 et 17 septembre. Le gros des chantier ne débutera qu’en cette fin de semaine. Une chose est sûre, la récolte ne sera pas abondante. Les prévisions laissaient entrevoir,  il y a un mois, une baisse de 20 % de la quantité récoltée.“Ce sera plutôt - 30 % sur l’ensemble du vignoble Anjou-Saumur”, pronostique Patrice Laurendeau, président de la Fédération viticole. Pour la France, la récolte serait inférieure à 42 millions d’hectolitres, contre 50 millions annoncés au départ, c’est-à-dire une production plus faible qu’en 1991.
En Anjou-Saumur, la météo de l’hiver dernier n’a pas épargné la vigne : des bourgeons ont gelé en février, le froid et l’humidité de juin ont nui à la floraison, entraînant des phénomènes de coulure et de millerandage. Les inquiétudes se vérifient à la vendange. “En Anjou, la récolte devrait se situer en dessous de celle de 2008, année de gel”, poursuit Patrice Laurendeau. Au lieu du million d’hectolitres produits, vins de pays compris, par le vignoble du département, cette année on ne pourra compter que sur 750 000 à 800 000 hectos (contre 900 000 en 2011). Cette moindre récolte va-t-elle faire grimper les prix  au négoce ? C’est ce que souhaitent les viticulteurs. “Mais il faudra trouver un savant équilibre entre ce que le consommateur est capable d’accepter comme hausse et l’attente du vigneron, note Olivier Brault, trésorier de la Fédération viticole. Il faut prendre garde aux conséquences d’une trop forte augmentation. En 2008, nous avons perdu les marchés sur les rosés d’Anjou aux Pays-Bas”.

Heureusement il y a les stocks
Point positif, les viticulteurs possèdent des stocks importants. Ils vont pouvoir y piocher pour réguler l’offre. “On ne devrait pas manquer de produits”, explique Patrice Laurendeau. En cabernet d’Anjou, appellation phare du département, les viticulteurs ont constitué  7 mois et demi de stocks, contre 4 mois en moyenne les années précédentes. “L’augmentation des stocks inquiétait, mais finalement nous allons être bien contents de les avoir…”. Il reste à espérer que la campagne 2013 soit plus productive pour reconstituer les réserves en cave.
Si la quantité n’est pas là, la récolte s’annonce “prometteuse” d’un point de vue quantitatif. La pluie du 21 septembre, 30 à 40 mm d’eau après deux mois très secs, ne devrait pas altérer l’état sanitaire du vignoble mais au contraire faire grossir un peu les raisins.

Année record en cabernet d’Anjou et crémant de Loire
Cette récolte 2012 vient après une année de commercialisation très bien orientée. Le cabernet d’Anjou production phare, a réalisé “une campagne de vente 2011-2012 historique”, signale Interloire. Ce rosé progresse fortement sur le marché français. Il est le 4e vin français commercialisé en GMS. Le rosé d’Anjou quant à lui est en train de prendre des parts de marché aux Pays-Bas. Mais il pourrait manquer de stocks. Les effervescents se développent bien également, le crémant de Loire, appellation régionale, ayant battu tous ses records de commercialisation cette année (+ 14 % de sorties de chais). Il se place première appellation de la Loire en bulles. Le Saumur brut se porte très bien aussi. Le vignoble maintient ses volumes de rouges et de moelleux.

S.H.

 

Pratique
Le bans des vendanges est publié dans l'Anjou Agricole du 28 septembre.

Interview de Jérôme Despey*

Mention château : “Un coup de massue”

La Commission européenne s’apprête à autoriser les vins américains à utiliser le terme “château” ou “clos”, y compris pour les exportations en Europe. Qu’en pensez-vous ?
Jérôme Despey : Il s’agit d’un véritable coup de massue pour la filière. L’utilisation, très réglementée en Europe, est strictement réservée aux vins d’appellation d’origine contrôlée produits et vinifiés sur une même exploitation. Il est inacceptable que la Commission ait accueilli avec bienveillance cette initiative et prépare un projet dans ce sens. Une telle autorisation, si elle était accordée, brouillerait la lisibilité de nos vins et constituerait une véritable tromperie. En tout cas, un détournement de notoriété acquise au cours de l’histoire au profit des vins américains. En outre une telle décision serait de nature à ouvrir la porte à l’utilisation d’autres termes similaires tel que “Domaine” qui décrédibiliseraient la renommée de nos vins.


Des Chinois ont acquis des domaines dans le Bordelais. Ils s’intéressent désormais au Bourgogne.
Cela signifie l’intérêt que les étrangers portent à notre viticulture et à son potentiel. Ce qui est regrettable, c’est que la filière française ne soit pas en mesure de mobiliser les capitaux nécessaires pour garder l’identité de ces vignobles.

Le groupe de haut niveau sur la viticulture se réunit dans quelques jours à Bruxelles. Êtes-vous optimiste ?
Le Commissaire européen à l’Agriculture accepte de parler de régulation. C’est déjà une bonne chose. Il considère que la régulation doit concerner l’ensemble des segments de marché  sur une base interprofessionnelle, cela va également dans le bon sens. Nous serons très attentifs aux orientations, aussi bien en matière d’encadrement des droits de plantation que de leur conservation (voir l'Anjou Agricole du 28 septembre p. 3).


Dans le cadre de la négociation de la future Pac, que souhaitez-vous pour la viticulture ?
Il n’est pas question d’abandonner la spécificité de la viticulture, qui doit garder tous ses moyens pour préserver sa compétitivité, moderniser ses équipements, poursuivre sa restructuration pour s’adapter au goût des consommateurs, promouvoir nos vins et conquérir de nouveaux marchés.

*Président du conseil spécialisé filière viticole à FranceAgriMer, 3e vice-président de la FNSEA.
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