Economie circulaire
Ils partagent leur cuisine et leurs convictions
A l’occasion d’un déplacement dans le Maine-et-Loire, jeudi 4 mars, Joël Giraud, secrétaire d’Etat en charge de la ruralité, a visité le tiers-lieu culinaire “C’est Bio l’Anjou” à Rochefort-sur-Loire. Zoom sur ce lieu atypique.
A l’occasion d’un déplacement dans le Maine-et-Loire, jeudi 4 mars, Joël Giraud, secrétaire d’Etat en charge de la ruralité, a visité le tiers-lieu culinaire “C’est Bio l’Anjou” à Rochefort-sur-Loire. Zoom sur ce lieu atypique.
En un lieu, une multitude d’initiatives. C’est ce qui fait la spécificité de “C’est Bio l’Anjou” à Rochefort-sur-Loire. Le but partagé ? Favoriser une alimentation bio et locale. Ce tiers-lieu culinaire a été créé par Christelle Gasté
en septembre 2018. Face à la crise écologique, cette Rochefortaise d’origine souhaitait y apporter une réponse.
« Agir sur l’alimentation me semblait un bon moyen », explique la coordonnatrice des lieux.
C’est ainsi qu’elle décide de mettre à disposition des professionnels de l’alimentation le laboratoire de ses parents charcutiers-traiteurs. Une exigence : travailler avec des produits bio. “C’est Bio l’Anjou” s’adresse aux artisans, aux producteurs locaux et aux centres de formation culinaire ayant besoin d’organiser des ateliers pratiques.
Bureaux, cuisine partagée, cuisine pédagogique, cuisine privative, atelier de découpe... Sur le site de 800 m2, il y en a pour tous les goûts.
Un tremplin
Depuis l’ouverture du lieu, une dizaine d’éleveurs ont utilisé les locaux. Parmi eux, il y a Baptiste Boré. Il est éleveur en viande bovine et en porc à La Pommeraye. Il utilise les locaux de “C’est Bio l’Anjou” pour la découpe de sa viande bovine. « Depuis 2 ans et demi, je prépare tous mes produits ici. » En contrepartie, il paie des frais pour couvrir les charges d’utilisation des locaux. « Ce lieu m’a permis de tester de nouveaux produits », explique l’agriculteur qui travaille exclusivement en circuit court. « J’élève des vaches de race aubrac croisées rouge des prés. Il n’y a pas de valorisation de mes produits sur le marché. C’est pour cette raison que je privilégie la vente directe. » Aujourd’hui, Baptiste Boré crée son propre laboratoire sur sa ferme. Il espère l’utiliser à partir de septembre 2021, à l’installation de sa conjointe. Pour l’éleveur de porc David Terrien, cet espace collaboratif lui a permis de limiter les investissements à son installation. Il y transforme sa production annuelle de porcs charcutiers. « C’est grâce à ce type d’initiative que l’élevage peut être maintenu sur notre territoire », apprécie l’éleveur.
Un espace d’échange
Antoine Moisy occupe les lieux à temps plein. Il y tient sa brasserie artisanale, Sterne et mousse. « Ici, ce ne sont pas que mes locaux. C’est un lieu de collaboration. On crée du lien entre chaque production. » L’économie circulaire y est favorisée. Ce tiers-lieu permet aussi la mutualisation des moyens. Par exemple, le brasseur prévoit d’acheter du matériel en commun avec un autre “bio résident”, Cyril Boisnier, producteur de rhum. « Au niveau logistique, on prévoit les livraisons en commun. Quand on travaille avec un client, on parle des produits de nos collègues... », constate le brasseur.
Autre résidente permanente : Aïna Ranjoro. Elle monte actuellement sa conserverie artisanale et bio « pour valoriser les produits du terroir d’Anjou et l’exotisme de Madagascar ». Elle a rejoint le collectif en janvier 2021. La jeune femme a aussi l’intention de mettre à profit ses connaissances auprès des éleveurs et producteurs pour leur proposer des prestations.
De la formation
Le tiers-lieu travaille en partenariat avec des organismes de formation comme Agrilia qui utilisent la cuisine pédagogique et la salle de formation pour dispenser des cours et des ateliers pratiques à des groupes. « Nous proposons aussi des solutions logistiques aux cantines pour leur approvisionnement en produits bio et locaux ainsi que de nombreuses formations. » Dans le cadre du mouvement des cuisines nourricières, un réseau engagé dans la transition alimentaire, « il y a 2 ans, 300 cuisiniers se sont formés à une alimentation durable dans nos locaux. » Le lieu tend vers le zéro déchet et favorise l’économie circulaire. « On réfléchit à ce que les déchets de l’un soient une ressource pour l’autre », souligne la coordinatrice.
« Par exemple, les drêches - résidus du brassage des céréales - sont utilisées pour l’alimentation des porcs de Baptiste Boré », précise Antoine Moisy.
. Des réunions mensuelles« Ici, les dimensions solidaire, écologique et humaine sont essentielles, précise Christelle Gasté. Le modèle est basé sur une gouvernance partagée » sont tenues tous les mois par les utilisateurs réguliers.