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CONSOMMATION
Indexation des prix : grande distribution et industriels se renvoient la balle

Comment répercuter les variations de coût des matières premières dans les prix ? La FNSEA propose un dispositif sur cinquante produits alimentaires.

85 % des achats des Français s’effectuent en GMS.
85 % des achats des Français s’effectuent en GMS.
© Anjou agricole

Les distributeurs sont-ils prêts à l’ indexation du prix des matières premières sur le produit fini pour ne pas faire porter la volatilité des cours sur les seuls producteurs ? La grande distribution va-t-elle prendre en compte la récente hausse des cours des matières premières dans ses prix en rayons ? Alors que les négociations commerciales annuelles entre industriels et distributeurs se sont achevées le 28 février dernier (voir page 5), voilà les questions posées par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, au secrétaire général de Carrefour, Pierre-Alexandre Teulié et à Jean-René Buisson, président de l’Ania (industries agro-alimentaires) dans le cadre d’un débat organisé lors du récent Salon de l’agriculture. Le secrétaire général de Carrefour a répondu qu’il était prêt à “creuser” la question, que cette indexation n’était “pas évidente à mettre en place”, tout en estimant que la solution vaudrait si les industries agro-alimentaires jouent le jeu de la “transparence” sur leurs marges. "Jamais les marges n’ont été aussi faibles chez les distributeurs", affirme, de son côté, le représentant d’un des leaders de la grande distribution. Jean-René Buisson, de l’Ania, fulmine : “Nous n’allons pas donner nos comptes d’exploitation à la grande distribution. Elle doit nous faire confiance sur le prix qu’on lui soumet”. Mais Pierre-Alexandre Teulié, coriace : “Nous, nous jouons le jeu et n’hésitons pas à ouvrir nos livres de comptes. Cette transparence doit être à tous les niveaux”. "Les marges industrielles oscillent entre 0,5 et 2 %", rétorque Jean-René Buisson.



Obligés à s’entendre

Les deux parties éprouvent des difficultés persistantes à s’entendre dans les négociations commerciales. Il y aura beaucoup moins de contrats conclus entre fournisseurs et distributeurs que l’an passé si l’on en croit le président de l’Ania. Chez Carrefour, on dédramatise en expliquant qu’on entend tous les ans le même refrain et qu’on y arrive finalement. “Nous sommes collectivement liés. Nous sommes condamnés à ramer dans le même sens”, plaide le secrétaire général de Carrefour. Mais Jean-René Buisson, tenace aussi, lui lance : “Que la grande distribution renonce à ses ristournes annuelles et applique la LME (Loi de modernisation de l’économie), alors nous pourrons avancer”. 85 % des achats des Français se réalisent en GMS. L’Ania demande “un minimum de régulation étatique en matière de commerce pour éviter les dérives”.Brandissant le sacro-saint pouvoir d’achat des Français, la grande distribution redoute en outre que la France fasse cavalier seul en Europe sur l’indexation des prix, qui rendrait les produits hexagonaux moins compétitifs. Un porc espagnol ou allemand est déjà 30 % moins cher, explique-t-on chez Carrefour. Pierre-Alexandre Teulié attend, en 2011, davantage des travaux du G20 consacrés, entre autres, à la régulation mondiale des matières premières agricoles.



Expérimentation FNSEA

Le président de la FNSEA propose de commencer à expérimenter cette indexation “sur une cinquantaine de produits”, estimant que la production agricole “ne demande pas l’impossible, mais de la justesse et de la justice” et prônant “la co-responsabilité” dans les filières. “Face à la volatilité des marchés, la variation du prix à la consommation a été faible à chaque fois”, explique Xavier Beulin.La production agricole peut compter sur le soutien de Bruno Le Maire. Lors de l’inauguration de l’Odyssée du Végétal au Sia, le 22 février, le ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture a déclaré qu’il était “extrêmement intéressant de travailler” sur la proposition de la FNSEA car cette indexation est “une question de justice, d’équité et d’efficacité économique”. Actuagri

Christiane Lambert : Indexer la part "céréales" dans le prix

La profession souhaite, légitimement, une indexation des prix en fonction de la hausse des coûts des matières premières. Certains, comme Carrefour, disent y réfléchir. D'aucuns, comme Leclerc, en réfutent jusqu'à l'idée même. Pour vous, vice-présidente de la FNSEA, comment voyez-vous cela possible ?

Christiane Lambert : c'est là un des gros chantiers menés actuellement par la FNSEA, celui des relations avec la GMS. Dans ce domaine, nous avons le soutien du ministre de l'Agriculture, du Premier ministre, du Commissaire européen Michel Barnier et, tout récemment, du président de la République. C'est dire si cette demande est légitime. Y parvenir nécessite des approches fines en zoomant sur les matières premières. Pour certaines espèces comme le porc, le lapin, la volaille, il est plus facile d'isoler la charge d’aliment. Elle représente 60 à 70 % du coût de production à répercuter. L'observatoire des prix et des marges est l'instance idoine pour donner des indicateurs sur l'évolution des coûts des matières premières. À partir de ces données, une indexation qui tient compte de cette part "céréales" devrait s’opérer demain.


Quelles conditions mettez vous pour la bonne fin de ce système ?

Cela implique une transparence, dans la filière, des coûts de chacun. Ce système devra fonctionner sur la double réciprocité : à la hausse et à la baisse. Ensuite, ce dispositif d'indexation sur les matières premières n'enlève rien aux négociations commerciales classiques sur les volumes, la régularité, les promotions. C'est un dispositif qui, me semble-t-il, peut être aussi adopté et adapté pour les producteurs de jeunes bovins.

Comprenez vous la position de la grande distribution ?

Lors du débat avec Xavier Beulin, Carrefour a dit "pourquoi pas". Il ne ferme pas la porte. Par contre, Michel-Édouard Leclerc a clairement dénoncé une telle orientation qu'il refuse en bloc. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a plus d'argent public et, quand bien même il y en aurait, il ne suffirait pas à compenser ces variations. Ce que nous demandons, à l'exemple de la variation du prix du carburant ou de l'augmentation annoncée des textiles suite à la flambée des cours du coton, c'est un juste retour du coût de nos productions.


RECUEILLI PAR M.L.R

Des propositions législatives et européennes : Michel Barnier veut mettre la lumière dans les relations commerciales

Tout en souhaitant "faire la lumière" sur l'opacité qui prévaut dans le fonctionnement des marchés financiers – la commission européenne prépare un nouveau texte en ce sens - le commissaire européen Michel Barnier, en visite au Salon de l'agriculture, a confirmé sa réflexion en cours sur "l’assainissement des relations commerciales entre producteurs et distributeurs". Des propositions législatives “pour lutter contre les abus” devraient être proposées. “Comme les déréférencements injustifiés ou les reprises des produits invendus dans les filières alimentaires. Il n’a pas exclu non plus que Bruxelles puisse aller plus loin en matière de droit de la concurrence pour autoriser les producteurs à se regrouper pour négocier avec les entreprises. À l’image de ce qui est en train de se faire dans le secteur laitier et qui constitue un premier pas. Autre piste de travail : la réforme des marchés publics “pour favoriser les circuits courts. Des textes devraient être rédigés en ce sens prochainement.

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