Installation : Élever des chèvres, en organisant le travail
Claire Piet, éleveuse avec son mari Sylvain, a reçu le prix de l’Installation de Jeunes agriculteurs Pays de la Loire.
Il y a tout juste un an, Claire et Sylvain Piet reprenaient une exploitation caprine dans les Mauges, au pied des éoliennes de la Chapelle-Rousselin. Ils ont baptisé leur EARL la Rose des vents. Lors de la dernière assemblée générale de Jeunes agriculteurs des Pays de la Loire, Claire a reçu le prix de l’installation. Une récompense pour un défi relevé : le couple s’est installé sur une surface de seulement 28 hectares. « Ici nous sommes au cœur des Mauges, rappelle Sylvain. Les surfaces disponibles sont faibles. Il faut partager. En contre-partie les voisins sont nombreux et le très bon accueil en particulier au travers des Cuma nous a permis de limiter très fortement les investissements matériels ». Si Sylvain est fils d’éleveurs laitiers, Claire n’est pas issue du milieu agricole mais a toujours été attirée par « tout ce qui se rapproche de la nature ». Elle a suivi une formation agricole, avec une spécialisation ovins lait, a effectué des stages en montagne, au Pays basque, puis un passage par l’interim en abattoir… Un jour s’est présentée l’opportunité d’être salariée dans une ferme caprine, puis de fil en aiguille, un projet de reprise s’est construit, avec l’exploitante qui voulait quitter l’agriculture. « Nous avons fait un stage de parrainage de cinq mois avant de nous lancer », racontent Claire et Sylvain Piet.
Avoir la passion
Le couple a repris le cheptel existant de 300 chèvres, en y ajoutant très rapidement 50 supplémentaires : « le gros avantage, c’est que nous produisons du lait et avons donc eu des rentrées d’argent, dès le démarrage », souligne Sylvain. Dès la première année, les jeunes éleveurs ont investi pour moderniser l’outil de travail. Leur objectif : se libérer du temps et réduire la pénibilité, pour pouvoir s’occuper des chèvres « sans que cela devienne une contrainte ».
« Certaines personnes s’étonnent encore que la chèvre soit une production à part entière. Quand on ne nous parle pas de biques… sourit Claire. La chèvre exige beaucoup de temps et de technicité. Si on n’a pas la passion, ce n’est pas la peine de s’engager dans un élevage, c’est perdu d’avance ». C’est pourquoi, la première année, les éleveurs ont mis les bouchées doubles, aidés par la famille et les amis : « Cette aide a été très importante. Seuls, on n’aurait pas pu faire les travaux en auto-construction ». Ils ont agrandi les bâtiments, refait les bétons, posé une charpente métallique, installé un distributeur de concentrés automatique, « un outil indispensable ». Ils ont acheté également une cellule de stockage pour le maïs grain et une dérouleuse pailleuse. Des investissements qui se montent au total à 300 000 euros, mais qui permettent de débuter dans des conditions optimales et de se concentrer à présent sur la production.
Plus d’autonomie alimentaire
Le couple s’est fixé comme objectif de passer de 800 aujourd’hui à 950 litres de lait par chèvre et par an, par un suivi pointilleux de l’élevage, la qualité des fourrages, et la génétique. Limités par la surface, ils cherchent quand même à accroître leur autonomie alimentaire en plantant, pour la première fois cette année, de la luzerne. Quant à la salle de traite, de 12 postes, elle devrait passer prochainement à 20, « de manière à limiter le temps de traite à une heure le matin, une heure le soir. En début de lactation, il nous arrive de passer parfois 1 h 30 à 2 heures à chaque traite. »
S.H.