Énergie
JA et FDSEA dénoncent la mauvaise répartition des marges
Samedi, des agriculteurs ont manifesté à Angers face à la hausse des coûts liés à l’énergie. Ils ont sensibilisé les consommateurs au projet de la Loi de modernisation de l’économie.

Leclerc d’Angers.
Samedi matin, à l’appel de Jeunes agriculteurs et de la FDSEA, les agriculteurs se sont mobilisés pour interpeller les consommateurs devant le supermarché Leclerc à Angers. Ces derniers jours, les manifestations d’agriculteurs se sont multipliées aux quatre coins de la France au sujet de la hausse des produits pétroliers. Cette colère témoigne du mal-être de toute une profession prise en étau entre des charges qui ne cessent d’augmenter et une pression sur les prix toujours croissante exercée par les distributeurs.
Les consommateurs dans l’ensemble assez réceptifs
Le projet de Loi de modernisation de l’économie, qui vient d’être voté par les députés et doit passer au Sénat, ne fait qu’augmenter la fragilité du pouvoir de négociation des producteurs et de la filière agroalimentaire toute entière. La loi Chatel, en application seulement depuis mars dernier, obligeait à faire passer en “marge avant” les marges arrières pour donner plus de transparence sur les négociations et donc faire bénéficier les consommateurs des 30 à 40 % de marges. Avec ce nouveau projet de loi, les fameuses marges arrières pourront reprendre sans restriction. En effet, chaque fournisseur pourra négocier différemment en toute confidentialité. « Les fournisseurs devront renégocier leurs prix toutes les semaines. Tous les prix seront négociables sans pour autant en faire profiter aux consommateurs. La loi Chatel était suffisante pour faire baisser les prix : il aurait peut-être fallu lui laisser le temps de faire effet », a expliqué Christiane Lambert. « Alors que nous travaillons avec des produits périssables, nos outils de production et nos filières vont se retrouver à la merci des acheteurs de la grande distribution », souligne Christophe Réveillère, président de Jeunes agriculteurs. « Nous demandons à ce que les produits agricoles soient sortis du champ de négociabilité des conditions générales de vente ». Cette loi permettra également d’augmenter les surfaces de vente de la grande distribution, ce que les syndicats agricoles trouvent un peu absurde. Les tracs distribués aux personnes venues remplir leurs caddies faisaient état de la différence entre le prix payé au producteur et le prix consommateur pour deux produits : la viande de porc et le steak haché. « Comment expliquer qu’un producteur de viande bovine soit payé 2,70 euros/kg quand on retrouve dans les rayons des GMS des steaks hachés à 9 euros/kg ? », a demandé Christophe Réveillère. « Ces grandes fortunes de France que sont les patrons de la grande distribution se posent en défenseurs du pouvoir d’achat des Français ? De qui se moque-t-on ? » a lancé Christiane Lambert. Les consommateurs se sont montrés dans l’ensemble assez réceptifs aux messages des manifestants : « On est bien d’accord avec vous, mais qu’est-ce qu’on peut y faire ? » demandaient-ils le plus souvent.
I.D.