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Jean Cognée raconte le chanvre
Pour les plus jeunes, c’est une culture synonyme d’innovation. Pour Jean Cognée, le chanvre est aussi lié à l’agriculture de l’île de Chalonnes du début de sa carrière.
Le livre qu’il a fait paraître en fin d’année dernière est un témoignage de la vie des “enfants de la Loire.”
La fibre des histoires. Depuis 2000, Jean Cognée écrit. Il est l’auteur de poèmes, comme ce “Notre mère”, qui, sans le citer, rend hommage au fleuve qui encercle l’île de Chalonnes sur laquelle l’ancien agriculteur a grandi et a déjà passé plus de 80 ans de sa vie. “Il y a des résidents sur l’île depuis l’an 1100”, explique l’homme né à 25 m de sa résidence actuelle au pied du pont de Cordé et qui a vu cette présence sédentaire menacée à plusieurs reprises.
Une Contribution à la défense de l’île
Par exemple, au moment de refaire la route qui traverse l’île, “le projet était de la rehausser de 60 cm”, ce qui aurait contraint l’écoulement de l’eau lors des crues. Il y a aussi eu une enquête publique après les inondations à Vaison-la Romaine de septembre 1992. “L’idée était qu’il n’y ait plus de sédentaires sur l’île”, se souvient-il aussi. En rappelant que les habitants vivent avec la Loire et ses caprices, ces poèmes sont sa “façon d’interpeller les décisionnaires.”
Déjà familiarisé avec la plume, il a cependant pris le temps de la réflexion avant de répondre aux sollicitations d’une ancienne enseignante, Christiane Vialelle, elle aussi née sur l’île. “C’était en 2011, notre association, les Boutons de saule, avait été invitée à parler de la vie des habitants de l’île lors d’une soirée à Saint-Mathurin”, explique Jean Cognée. “Moi, j’ai présenté la vie autour de la culture du chanvre. À la fin des témoignages, elle est venue me voir en me disant qu’il fallait que j’écrive un livre sur ce sujet.” C’est ainsi qu’est né, “Mémoires et vie de chanvriers de la vallée de la Loire”. “Il a fallu qu’elle me relance plusieurs fois car j’ai pris du temps pour rechercher des éléments. Je ne voulais pas écrire n’importe quoi.” Finalement, “j’ai dit oui. J’ai commencé à écrire quand ça venait et je me suis pris au jeu.”
Un an sur l’île
en 1955
Au fil des pages, l’auteur s’est basé sur son expérience afin de décrire la vie d’un couple d’agriculteurs en 1955 avec tous les travaux faits sur la ferme, de mars à février. “Les autres productions étaient vivrières. Le chanvre était fait pour payer les factures” et était particulièrement adapté aux contraintes de l’île, soumise à des crues régulières. “Mes parents étaient producteurs et j’en ai semé jusqu’en 1961”, poursuit Jean Cognée que des raisons de santé avaient poussé à arrêter cette production très exigeante en travail. Par la suite, “la culture a disparu dans la région vers 1965”, avec l’avènement d’une fibre synthétique, le nylon. En effet, vendue aux filatures, la fibre cultivée était utilisée pour la fabrication de textiles, des cordages de marine ou des filets de pêche qui avaient l’inconvénient de devoir être séchés entre deux utilisations. Et c’est “sans doute à cause d’un nœud” que la culture du chanvre avait, à l’époque, disparu.
Ronan Lombard
De fibre en musique 2014
Tous les ans, le festival De fibre en musique fait revivre la tradition des anciens chanvriers du Val de Loire. La 20e édition du festival des fibres naturelles de Montjean-sur-Loire aura lieu du 22 au 24 août. Autour du marché du samedi et dimanche, des animations et expositions sont proposées sur les thèmes de la culture traditionnelle du chanvre ou de la biodiversité.
Rendez-vous par exemple, dès le samedi, 16 h, pour une démonstration des gestes exécutés par les chanvriers d’autrefois, de l’arrachage (ci-contre), à la mise en barge pour le rouissage. Cette année, le festival reçoit Nicolas Vannier (explorateur, cinéaste et écrivain) pour une conférence gratuite, ce vendredi 22 à La Pommeraye (20 h 30).
Programme complet :
http://defibresenmusique.fr
“Mémoires et vie de chanvriers de la vallée de la Loire”, par Jean Cognée.
64 pages, 13 euros.