Interview
J.M. Lemétayer à Peter Mandelson :« Ne sortez pas de votre mandat »
Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, a été élu à l’unanimité président du Copa.
Vous venez d’être élu président du Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne). Quelle orientation entendez-vous donner à votre mandat ?
Jean-Michel Lemétayer : L’ensemble de mes collègues présidents des grandes organisations syndicales agricoles des 27 pays de l’Union européenne a souhaité que j’assure pour deux ans la présidence du Copa. C’est une reconnaissance pour la FNSEA, les actions qu’elle mène et les positions qu’elle défend au niveau européen. Au-delà, je suis conscient des responsabilités qu’il va me falloir assumer. Représenter, défendre et promouvoir les intérêts des huit millions de paysans européens n’est pas chose facile. Je vais, avec détermination, m’y atteler et m’efforcer chaque jour de montrer que ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise. La Commission doit en prendre conscience, elle qui ne cesse de faire évoluer la Pac pour qu’elle divise toujours plus les paysans, les secteurs de production entre eux, les régions entre elles.
Les négociations de l’OMC ont été relancées. Qu’allez-vous dire à Peter Mandelson et à Pascal Lamy en tant que président des agriculteurs européens ?
Tout d’abord un message pour Mandelson : « Ne sortez pas de votre mandat. Il vous incombe de défendre les intérêts de l’Europe face à des puissances émergentes agressives et aux États-Unis
donneurs de leçons ». Ensuite un message pour Pascal Lamy, ou plutôt une interrogation : « Votre volonté d’un accord à tout prix est-elle supérieure à la valeur de ce que représente l’agriculture pour le monde dans ses dimensions alimentaires économiques, sociales et environnementales ? ».
Et à Mariann Fischer-Boel sur le bilan de santé de la Pac et de la Pac de l’après 2013 ?
Le budget et les grandes lignes de la Pac sont fixés jusqu’en 2013. Les politiques doivent s’y atteler et les organisations agricoles faire valoir leurs attentes. Mariann Fischer Boel n’a pas à s’écarter de ses responsabilités en esquissant dès à présent les contours d’une nouvelle Pac. Si elle prend le risque de la provocation, elle aura en retour la crispation, voire la manifestation. Les paysans ont besoin d’ambition, de perspectives : ils veulent marcher à l’espoir, non à la baguette.
La diversité des agricultures et des pays dans l’Union européenne n’est-elle pas un obstacle à l’affirmation de positions claires ?
La diversité est source de richesses. “Unis dans la diversité” est la devise de l’Union européenne. Une Europe à 27 doit faire sa réforme institutionnelle pour être efficace et gouver-nable, l’agriculture peut servir d’exemple et lui montrer le chemin. Nous avons l’expérience et l’énergie pour le faire. Le Copa a l’ardente obligation d’être uni et rassemblé, je ferai tout pour cela. N’oubliez pas que je ne serai pas seul dans cette aventure. Autour de moi, six autres responsables nationaux m’accompagnent au sein de la présidence. ACTUAGRI