Aller au contenu principal

Congrès FNB
Julien Denormandie : « Le statu quo n’est pas une option ! »

La filière est à la croisée des chemins et la loi Égalim 2 une opportunité inédite pour ramener valeur et revenu aux producteurs. Un message unanime porté par syndicalisme et ministre.

Bruno Dufayet, président de la FNB, a conclu ce congrès après deux heures d’échanges de la salle avec le ministre, autour d’un même leitmotiv : « À 800 € de revenus par mois, on ne va pas attendre dix ans de plus pour faire bouger les choses... » 
© PO-L’union du Cantal

Les éleveurs ont gagné une bataille avec un allié de poids en la personne du ministre Denormandie, mais pas encore la guerre, celle engagée de longue date pour des prix et une rentabilité retrouvés. Un ministre de l’Agriculture dont les responsables et les troupes de la Fédération nationale bovine (FNB), réunis en congrès les 2 et 3 février à Aurillac (15), ont reconnu qu’il avait bien fait le job au travers de la loi Égalim 2 et de la construction des prix en marche avant qu’elle impose. Mais ce dernier a lui-même affirmé qu’il fallait désormais transformer l’essai. « On est aujourd’hui armé comme jamais depuis 15 ans, mais ce n’est pas parce qu’on est armé qu’on a gagné la guerre, a imagé le locataire de la rue de Varennes. La loi Égalim 2 nous arme pour aller affronter la guerre des prix et obtenir de la valeur, mais ce n’est pas une baguette magique... »

« C’est notre dernière chance »

À l’occasion d’un échange interactif avec les quelque 400 congressistes animé à deux voix par le président de la FNB Bruno Dufayet et le ministre, le premier a martelé que c’était aujourd’hui aux éleveurs de prendre la main en activant le levier de la contractualisation et en tournant ainsi le dos à des relations commerciales inchangées depuis un demi-siècle dans la filière bovins viande, pratiques qui ont toujours fait de l’amont, de l’éleveur, la variable d’ajustement. Une mécanique qui a conduit à la situation dramatique que connaît la production tricolore : 600 000 vaches de moins en quatre ans, 30 % des éleveurs effacés du paysage au dernier recensement agricole, 800 € de revenus mensuels moyens... Et la spirale pourrait encore s’accélérer avec des charges qui flambent ces derniers mois. Ce qui fait dire au ministre, « que le statu quo n’est pas une option » et aux éleveurs : « On n’a pas le choix, nous avons l’obligation de réussir, c’est notre dernière chance, si cette fois ça n’aboutit pas, c’est foutu ! » La FNB est prête à assumer ses responsabilités. Si la contractualisation — quand bien même elle est devenue obligatoire par la loi pour les privés comme pour les coopératives — ne permettait pas de ramener de la valeur, « alors on dissuadera les jeunes de s’installer. Il est hors de question de remplacer des éleveurs si on n’est pas capable d’apporter des perspectives aux jeunes agriculteurs. Ce discours, on l’assume. On est à la croisée des chemins. Soit demain, il y a des prix et donc des éleveurs et ce sera de la viande bovine française dans les rayons, soit il faudra en importer... », a affiché Bruno Dufayet.

Enclencher la mécanique

Président d’Elvea France, Philippe Auger a ajouté sa voix à ce plaidoyer, estimant que « c’est une filière qui gagne de l’argent, tout le monde en gagne... sauf les éleveurs ! ». D’ailleurs, il n’a pas manqué de relever que les années Covid 2020 et 2021 ont été « des années exceptionnelles tant pour la grande distribution que les abatteurs : ils ont eu de la viande pas chère, en quantité et qui a été consommée... ». Et si le bureau de son organisation a publié récemment un communiqué pro-contrats, c’est en faisant le constat que « jusqu’à maintenant, pas grand-chose n’a marché », mais surtout que la contractualisation ne remet pas en cause la liberté de vendre « à qui il veut ses animaux, quand il veut... » et qu’elle permet d’orienter le marché. Au passage, il a invité le représentant du leader Bigard à enclencher la mécanique. 
Le volontariat, ça ne marche pas
« Le contrat n’enlève en rien la liberté de négocier, c’est un cadre dans lequel vous avez la possibilité de discuter avec un avantage énorme, la mise en place des clauses d’indexation, qui sont essentielles pour avoir de la visibilité sur la durée », a martelé Julien Denormandie. L’heure n’est plus au débat et le ministre a été clair : laisser la signature de contrats au bon vouloir des acteurs de la filière a été un échec. « La loi Égalim 1 était la loi de la confiance, ça n’a pas marché, quand la confiance est rompue, on passe à la régulation », a-t-il répondu au président de la Fédération des négociants en bestiaux, venu afficher son soutien à la mécanique contractuelle... dès lors qu’elle reste basée sur le volontariat. « Les contrats, on pense que c’est une très bonne solution, d’ailleurs certains commerçants, dont moi, en font depuis bien longtemps, mais sur la forme, il ne faut qu’ils soient obligatoires », avait réclamé 
Dominique Truffaut, président de la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB). Bruno Dufayet n’a pas manqué de lui rappeler que depuis 2018 et le Plan de filière, l’objectif affiché par l’interprofession est de 30 % des volumes contractualisés. Cinq ans plus tard, le seuil des 2 % n’a pas bougé... Et à ceux qui réclament des temps d’adaptation, le message a été tout aussi direct : « Je ne veux pas entendre la coopération dire c’est 30 voire 40 % de contractualisation... Non, c’est 100 % et il faut y arriver très vite. À 800 € par mois, on ne va pas attendre dix ans qu’un directeur commercial ait compris qu’il faut aller chercher de la valeur ! », a tancé le patron de la FNB, sous des applaudissements nourris.
 

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Anjou Agricole.

Les plus lus

Jean-Claude Bretault, 55 ans et Vincent Ory, 45 ans, associés de l'EARL de la Bouillère. Installés sur 150 ha, ils élèvent 75 truies en naisseur-engraisseur et 73 vaches laitières. Il y a un robot de traite depuis 2009.
Qui pour remplacer Jean-Claude ?
À l'EARL de la Bouillère à Mauges-sur-Loire (La Pommeraye), Jean-Claude Bretault a entrepris, avec son associé, une série de…
Yohann Serreau, producteur en Eure-et-Loir, président de l'Unell.
Ruptures de contrats avec Lactalis : "Une solution pour chaque éleveur à la fin de l'année"

Suite à la décision unilatérale de Lactalis d'interrompre la collecte auprès de 272 éleveurs,  l'Unell (Union nationale…

Nicolas Le Labourier, de Quatuor Transactions et Gwenaëlle Durand, de Cerfrance Maine-et-Loire, ont évoqué l'accompagnement à la transmission d'entreprise effectué par les deux structures partenaires.
Après 2 années favorables,  des temps plus compliqués
Cerfrance Maine-et-Loire a dressé la semaine dernière un bilan des résultats économiques de l'année 2023, les tendances pour l'…
Un ciné-débat sur les femmes en agriculture

Rencontre avec Valérie Gohier, ancienne agricultrice et aujourd'hui formatrice, qui témoignera à la soirée ciné-débat…

Patrick Pineau et sa fille Marie, de l'entreprise Atlantic Aviculture Services, installée à Tillières
Atlantic aviculture services prend son envol

Société créée en 2009 par Patrick Pineau, AAS (Atlantic aviculture services) continue, malgré les aléas sanitaires, à…

Maladie hémorragique épizootique en France.
Point sur la MHE et la FCO en Maine-et-Loire
Le Maine-et-Loire est largement touché par la MHE et dans une moindre mesure, la FCO8. Aucun cas de FCO 3 à ce jour.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 176€/an
Liste à puce
Consulter l'édition du journal l'Anjou agricole au format papier et numérique
Accédez à tous les articles du site l'Anjou agricole
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter d'actualités
L’accès aux dossiers thématiques
Une revue Réussir spécialisée par mois