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La biodiversité au cœur d'une exploitation
Le préfet a visité l’exploitation de la famille Lardeux à Aviré, le 23 septembre, sur le thème de la biodiversité, l’agriculture biologique et le renouvellement des générations.
Pour les associés de la SCEA du Verger la Hanère, la dimension biodiversité fait partie intégrante du système cultural. Sa préservation suppose de travailler à plusieurs niveaux, de l’aménagement du parcellaire jusqu’à la mise en place de refuges pour insectes, en passant par des pratiques culturales adaptées.
Un diagnostic-conseil de l’exploitation par la Chambre d’agriculture, la LPO et la Fédération des chasseurs a permis de mettre en évidence ses points forts et voies d’amélioration. Le maintien de haies, la diversité de l’assolement, la richesse floristique des prairies et la non utilisation de produits phytosanitaires permettent une biodiversité animale et végétale importante. En complément des abris naturels, les exploitants ont installé dans leur verger des bandes de mélanges de fleurs favorables aux insectes pollinisateurs et aux auxiliaires, ainsi que des nichoirs en bois. Ce qui assure une bonne fécondation des arbres fruitiers et une régulation naturelle des ravageurs. Grâce à ce dispositif, aucun produit n’a été utilisé contre les pucerons depuis trois ans dans le verger.
Des améliorations sont encore possibles, en étoffant les haies et en adaptant les dates de broyage des vergers en fonction de la reproduction des nicheurs. Mais ces adaptations ne doivent pas se faire au dépens de la production. « Il faut trouver le bon équilibre pour favoriser la biodiversité sans pénaliser la production », affirme Jean-Louis Lardeux. Des solutions doivent être trouvées localement et adaptées à chaque exploitation. Par exemple, l’utilisation du bois d’entretien des haies par les collectivités favoriserait leur maintien.
Le département, avec des zones bocagères et des productions variées, a des atouts pour répondre au défi du maintien de la biodiversité. Mais le diagnostic de la situation de l’exploitation est indispensable à la définition de pratiques “sur mesure”, qui seront mises en œuvre progressivement.
François Beaupère, responsable de la commission Aménagement de la FDSEA, explique « qu’à l’échelle départementale, après une première étape centrée sur les espèces remarquables à travers les zones Natura 2000 et ZNIEFF*, nous travaillons aujourd’hui sur la biodiversité ordinaire en mettant en place un réseau de références appelé Arbre (Agriculteurs respectueux de la biodiversité et des richesses de l’environnement) ».
Les présentations et échanges ont également donné la part belle aux sujets qui préoccupent actuellement les agriculteurs angevins. En premier lieu, la valorisation des produits, problématique commune aux agriculteurs biologiques et conventionnels. L’organisation économique des filières est un vaste chantier, indispensable pour une meilleure distribution de la valeur ajoutée. « Les agriculteurs sont prêts à relever le défi, mais ils auront besoin de soutien », insiste Alain Cholet, président de la FDL. Et le préfet, Richard Samuel, de compléter : « Au niveau mondial, l’Europe a des chances de retrouver une position de force dans les négociations commerciales à venir. Au niveau français, la Loi de modernisation de l’agriculture ouvre des portes. Mais pour rééquilibrer le rapport de force sur le marché, le monde agricole devra également être uni et rester serein ».
Frédéric Vincent, président de JA 49, a mis en avant les inquiétudes au sujet du transfert des compétences des Adaséa aux Chambres d’agriculture. Les modalités devront permettre d’assurer un accompagnement gratuit et de qualité aux candidats à l’installation.
Les conséquences de la sécheresse ont également été évoquées à plusieurs reprises. D’après Richard Samuel, les demandes de la profession sont à l’étude, avec prochainement une réunion d’un comité départemental sécheresse, et un travail sur les allégements fiscaux envisageables.
Dans ce contexte difficile pour plusieurs productions, Jean-François Cesbron, président de la Chambre d’agriculture, souligne en conclusion qu’on peut quand même se réjouir de l’amélioration de la situation sur certaines filières.
Marie Calmejane - FDSEA
Mathilde Coisman-Molica
Chambre d’agriculture
* ZNIEFF : Zone naturelle d’intérêt écologique, faunisitique et floristique.