Coopération
La coopération laitière veut être “dans la course de la croissance mondiale”
La FNCL entend conquérir des marchés mais sans mettre en péril ni les outils industriels, ni les exploitations.
“On n’a pas de coopératives à la taille critique dans le lait en France”. Tel est le constat du professeur à l’Essec Business School, René Mauget lors de son intervention à l’assemblée générale de la FNCL (Fédération nationale de la coopération laitière), le 21 avril. “J’attends de voir les effets de la restructuration afin de trouver un nouvel équilibre et des moyens financiers pour aller plus loin que la seule concentration des entreprises françaises”, a-t-il expliqué. “Aller travailler avec l’étranger est une alternative”, souligne le professeur. “Est-ce qu’il faut s’internationaliser davantage est une question ?”, poursuit-il. Le directeur de cabinet de Bruno Le Maire a expliqué que “la restructuration du secteur laitier est l’affaire de toute la filière”. “Les coopératives ont des efforts à faire”, a-t-il ajouté. “La faiblesse de la taille des outils industriels est vraie pour la coopération laitière”, a-t-il indiqué, appelant à “une meilleure gouvernance” des coopératives.
Attitude conquérante
Pour le président de la FNCL, Dominique Chargé, l’ambition des coopératives laitières d’être “dans la course de la croissance mondiale” ne fait aucun doute. Mieux, “la filière doit adopter une attitude conquérante”. La coopération laitière veut s’en donner les moyens et “donc regagner en compétitivité”, a-t-il expliqué. Cet objectif de “conquérir des marchés” doit se faire “dans des conditions économiques qui ne mettent en péril ni les outils industriels ni les exploitations”, prévient Dominique Chargé.
Les leviers ont nombreux : “Amélioration de la productivité des exploitations et des sites industriels, recherche de la taille critique là où les opérateurs français sont en retard par rapport à leurs concurrents européens, développement de partenariats entre entreprises pour valoriser la diversité des territoires (...), stratégies de développement à l’international et à l’export”, a-t-il cité.
Reprise en main des volumes
Sans oublier “le sujet de l’adéquation offre-demande qui fait partie des points qui feront la différence et qui contribueront à une amélioration de notre compétitivité, a rappelé le président. Ceci parce que les coopératives sont tenues au respect de l’apport total. La reprise en main de la gestion des volumes afin de travailler sur la maîtrise de la production” est une obligation afin de limiter “les risques de l’apport total liés à un déséquilibre majeur de la production des adhérents”, a expliqué Dominique Chargé. La notion de “volumes et prix différenciés poursuit cet objectif”, a justifié le président en “complétant la règle de l’apport total”. Cette reprise en main des volumes, permettra aux entreprises d’être “plus réactives et de mieux s’adapter aux fluctuations des marchés”, a-t-il conclu.
AGRAPRESSE
Réaction : Antony Bourget*
Coopératives : une place à prendre à l'export
La FNCL a souhaité que les coopératives soient présentes sur le marché mondial. Que pensez-vous de cette orientation ?
Antony Bourget : globalement, j'ai apprécié l'attitude volontariste de la FNCL d'aller sur les marchés internationaux. Je suis persuadé que demain, le revenu ne se fera pas seulement sur le prix, mais aussi sur les volumes. Les parts de marché sont en Chine et dans les pays étrangers. La coopération ne doit pas passer à côté de cette opportunité. Toutefois les producteurs doivent s'y retrouver. Je ne verrais pas l'intérêt d'aller chercher un marché export pour y perdre de l'argent.
Pour se positionner sur ces marchés, vous seriez favorable à un système du type quota A-quota B ?
Je préfère parler de prix et de volumes différenciés. Ce système doit être géré de façon collective afin de préserver l'équilibre politique et économique de tous les acteurs de la filière. L'interprofession a son rôle à jouer, en particulier celui de donner les moyens d'anticiper les marchés à court et moyen termes, afin d'éviter les fluctuations de prix trop importantes, quitte à donner un peu de latitude aux entreprises, comme on l'a fait avec la flexibilité.
Vous considérez que les coopératives ont plus d'intérêt à aller sur le marché international que les entreprises privées ?
Aujourd'hui, les entreprises privées vont chercher du lait à moindre coût à l'étranger. Si demain une partie du lait est produite à un coût marginal, je pense que les privés le transformeront aussi. Il faut garder l'esprit gagnant-gagnant.
Terrena, dont vous êtes membre de la commission lait, peut-elle à votre avis jouer un rôle sur le plan international ?
Terrena fait partie de Laïta. Peut-être la structure doit-elle atteindre une taille critique pour être pleinement opérationnelle sur ce secteur. Il faut peut-être penser à des partenariats français ou étrangers. En tout état de cause, il faut se préparer dès maintenant pour être prêt en 2015.
Parallèlement, les exploitations ne doivent-elles pas améliorer leur productivité ?
Tout à fait. Mais cette amélioration ne doit pas faire office de variable d'ajustement du prix du lait. Elle doit rester au producteur.
Propos recueillis par M. L.-R.
* Éleveur au Puiset-Doré, Antony Bourget est administrateur FDL et membre de la commission lait à Terrena.