MAE
La FDSEA dénonce les retards d’instruction et de paiement
Cette année, des retards “intolérables” sont constatés dans les paiements des MAE, versés habituellement en décembre.

Depuis début 2011, les responsables professionnels alertent l’administration, y compris le ministre Bruno Le Maire, interpellé lors du congrès de la FNSEA. Malgré cela, dans le département, environ 300 agriculteurs engagés dans les MAE en 2010 n’ont reçu aucun versement au mois de juin. Les autres ont touché un acompte de 70 % du montant total.
La FDSEA a sollicité le préfet pour comprendre les origines du problème et demander une accélération de l’instruction des dossiers. Une délégation, menée par Jean-Marc Lézé et comprenant des représentants des territoires concernés, l’a rencontré la semaine dernière. Une trentaine d’agriculteurs était également présente devant la préfecture pour manifester son mécontentement. “Nous voulons alerter le préfet et une nouvelle fois la DDT sur les conséquences de ces retards”. explique Jean-Marc Lézé. “Non seulement, c’est très dommageable pour les agriculteurs engagés, qui respectent le cahier des charges depuis plus d’un an, et d’autant plus cette année, dans un contexte économique difficile. Mais cela risque aussi de freiner la dynamique d’engagement des agriculteurs dans ces mesures, alors qu’elles sont mises en avant notamment pour la protection des captages d’eau potable. C’est un très mauvais signal envoyé aux agriculteurs qui s’investissent dans la protection de l’environnement”.
Les causes avancées par la DDT sont liées à des modifications des systèmes informatiques. Une avance de paiement des aides du 1er pilier, et une priorisation des dossiers calamités sécheresse se sont ajoutées au problème. Cette situation, qui concerne toute la France, s’est traduite par un lancement de l’instruction des dossiers MAE en avril (au lieu d’octobre). Aujourd’hui, le traitement des dossiers avance, mais plusieurs dizaines de demandes sont bloquées par divers problèmes informatiques.
La DDT s’est engagée, sur demande du préfet, à terminer les contrôles sur les exploitations avant la fin du mois, étape indispensable à la mise en paiement du solde de l’aide (pour ceux ayant déjà reçu un acompte). Mais elle ne peut avancer une date pour les dizaines de dossiers bloqués. Le préfet, sensible aux arguments présentés, a interpellé l’ASP (Agence de services et de paiements) pour demander que les moyens nécessaires soient mis en œuvre. Les responsables FDSEA ont pris rendez-vous fin juin pour faire le point et envisager les mesures à prendre pour éviter que cette situation se reproduise dans les années à venir.
Marie Calmejane
Éric Robert, Le Plessis-Macé
Des MAET réglées avec six mois de retard
Au Gaec du Moncelay, le paiement des mesures agro-environnementales vient d’être versé sur le compte de l’exploitation. En partie, puisque seuls 75 % des 5 200 euros attendus sont parvenus. Et avec six mois de retard. “Ce non respect des paiements prévus génère des complications de trésorerie”, dénonce Éric Robert. Dans cette exploitation laitière, le montant de toutes les aides confondues, DPU et MAET, correspond au salaire des trois associés. Les ventes de lait (500 000 litres de quota) et de céréales servent, grosso modo, “à payer les charges”. Le Gaec s’est engagé depuis plusieurs années dans des mesures de protection de l’environnement. Sur les 135 hectares, 22 sont exploités sur l’île Saint-Aubin, située à dix kilomètres de la ferme. Éric Robert y pratique la fauche tardive, à vitesse réduite et “sympa”, de manière à protéger le râle du genêt. La moitié de la surface sera fauchée le 20 juin, l’autre le 10 juillet. Les surfaces ne reçoivent ni engrais, ni traitement phytosanitaire. Dans le contrat, des mesures d’entretien des berges et des têtards de frêne figurent aussi.
Au retard de paiement, s’ajoute l’inquiétude liée à la sécheresse. “Cette année, on s’attend à 50 % de rendement de foin en moins, et la végétation est très différente, car il n’y a pas eu de crue cet hiver.
Au-delà de son cas personnel, Éric Robert juge très important de préserver la présence agricole sur ces terres, qui constituent une réserve de fourrage aux portes de la ville. “On craignait la désertification agricole de l’île. Aujourd’hui les éleveurs, souvent concernés par le grignotage des terres, sont contents de pouvoir sécuriser leurs systèmes fourragers grâce aux basses vallées”. Il serait dommage que le non respect des délais par l’administration décourage certains de s’engager dans de nouveaux contrats, estime l’agriculteur.
S.H.