Lait
La filière laitière en plein maelström
100 000 éleveurs laitiers français, dont 4 000 à Entremont, réclament des mesures efficaces pour la filière. Professionnels et pouvoirs publics cherchent des solutions à la crise laitière.
Alors que Lactalis et Sodiaal se déclarent officiellement intéressés par Entremont, le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, est venu annoncer, lundi matin à Lanouée, petite commune du centre Morbihan, un prix négocié de 245 euros les 1 000 litres de lait payé par Entremont-Alliance pour les mois de juillet et d'août.
« J’ai bien conscience que ce n’est pas formidable, a-t-il répété, mais cela reste acceptable et décent ». Une solution transitoire pour donner un peu de temps à la recherche de "solutions plus durables". Solutions qui passent, pour le ministre, par la restructu-ration industrielle de l’entreprise d'ici la fin août et par la mise sur pied d'une contractualisation. De son côté, Jean-Michel Lemétayer s’est déclaré « favorable à la participation des producteurs dans leur entreprise ». Pour le président de la FNSEA, « il faut réfléchir à des producteurs actionnaires. Sinon il faut revoir notre statut d’entrepreneur agricole ».
Dès le 15 juillet, le ministre de l’Agriculture avait été clair : « Il faut que l’accord sur le prix du lait du 3 juin soit respecté » (voir Anjou agricole du 17 juillet, pages Une et 6). C’est une stratégie de sortie de crise qu’avait alors tenté de dessiner le ministre de l’Agriculture pour l’ensemble de la filière laitière, à l’occasion de la table ronde sur le prix du lait, réunissant producteurs, industriels et distributeurs. Ce plan de soutien aiderait à la fois les éleveurs et les entreprises et pourrait être annoncé le 1er octobre. Un des objectifs est de réduire la dépendance des entreprises à l’égard de ces produits à fluctuation mondiale que sont le beurre et la poudre de lait.
La profession attend également beaucoup de la diffusion, d’ici fin juillet, des données sur les marges pratiquées tout au long de la filière.
Mieux que les quotas
Autre volet de sa stratégie, le ministre veut de nouveau convaincre Bruxelles de mettre en place une régulation du marché laitier. « Nous voulons des instruments plus souples et plus efficaces que les quotas actuels », indique le ministre, sans pour autant préciser lesquels. Sachant que, selon les premières informations, la commissaire européenne Mariann Fischer Bœl estime que les outils de régulation actuels suffisent. Ce qui fait bondir le président de la FNSEA : la Commission européenne sur le lait est « incorrigible et autiste ». « La réalité la plus difficile à admettre est de se dire que la majorité des représentants agricoles de l'Union européenne ne condamne pas cette attitude. L'espoir qu’on avait mis dans la présidence française » afin de convaincre de la nécessité de « sortir du libéralisme outrancier », a échoué, conclut Jean-Michel Lemétayer.
Selon la Fédération nationale des producteurs de lait, le rapport « ne fait que confirmer l’enfermement idéologique de la technocratie bruxelloise et se refuse à reconnaître que le problème majeur de la crise est lié à l’inadéquation de l’offre de lait à la demande des marchés ». Pour la FNPL, la solution passe par une meilleure régulation de l’offre en
adéquation avec la demande des marchés et un rééquilibrage du rapport de force entre les acteurs de la filière.
m.l.-r. à partir de Terra,
Actuagri, Agra