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La FNPL va défendre mordicus le modèle laitier français

Quelle politique laitière après 2015 ? À l’occasion de la journée lait à Saint-Georges-sur-Loire, le 12 juin dernier, les producteurs du Maine-et-Loire ont débattu de l’après-quota.

« Nous voulons continuer à maintenir un tissu économique, plutôt que de créer des start-up laitières », a indiqué  Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la FNPL, lors de la journée lait.
« Nous voulons continuer à maintenir un tissu économique, plutôt que de créer des start-up laitières », a indiqué Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la FNPL, lors de la journée lait.
© Anjou agricole
Libéralisme à tout va ou maîtrise de la production avec maintien des producteurs sur tout le territoire, l’Europe laitière est aujourd’hui divisée en deux. « Les Allemands étaient encore nos partenaires en 2003 pour défendre les quotas. La position du plus gros producteur de lait européen a évolué depuis. On ne peut pas l’ignorer car cela aura un impact sur la réflexion européenne », a indiqué Alain Cholet, président de la FDL (Fédération départementale laitière) mardi dernier lors de la journée annuelle de la Fédération départementale laitière à Saint-Georges-sur-Loire. « En cas d’abolition des quotas, irons-nous vers une liberté de production sans limite ou vers un système réglementé qui permette de faire évoluer de façon correcte le prix du lait ? ».
« Le revirement de l’Allemagne a un peu changé la donne », a reconnu Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait). Face aux pressions des pays anglo-saxons, la FNPL entend bien défendre le modèle français en faisant du lobbying auprès de ses alliés - l’Autriche, l’Italie, l’Espagne - pour faire fléchir la position de la commissaire européenne. « Nous avons encore notre mot à dire pour la maîtrise de la production laitière. Nous avons un système moins libéral, plus administré, mais qui peut satisfaire le souhait de la Commission européenne », a-t-il insisté.

Schéma de contractualisation
La tension actuelle qui règne sur les marchés n’est pas sans susciter des interrogations chez les exploitants. « “Travailler plus, pour gagner plus”, c’est dans l’air du temps. Mais on veut être prudent par rapport à une augmentation de notre capacité de production. Nous avons en tête le coût du foncier et nous ne pourrons pas aller contre la pyramide des âges », a souligné un producteur dans la salle. « Pour donner envie à des jeunes de s’installer en production laitière, il faut donner aux producteurs les moyens de travailler et de vivre. Il y a autre chose à proposer que le modèle danois. Nous voulons continuer à maintenir un tissu économique, plutôt que de créer des start-up laitières », lui a renchéri Thierry Roquefeuil.
Bien qu’elle ne souhaite pas sortir des quotas, la FNPL a commencé à travailler sur un “plan B” : un schéma de contractualisation entre les producteurs et l’ensemble des entreprises dans le cadre d’une gestion collective. « Dans un premier temps, il faudra des cadres nationaux. Dans les régions, les producteurs auront un rôle à jouer dans les interprofessions ». Des groupes de travail sont déjà en place. Thierry Roquefeuil a invité les producteurs du Maine-et-Loire à participer à la réflexion : « Toutes les idées sont bonnes à prendre, Alain Cholet en sera le relais ». L’objectif pour la FNPL aujourd’hui est que les producteurs français se rapprochent de leur quota : « Il faut montrer que notre position est la bonne, que nous sommes capables de répondre aux besoins du marché ».
D.J.

Prix du lait : La conjoncture doit permettre un retour aux producteurs

La présentation, au cours de la matinée, de la situation des marchés des produits laitiers (en particulier des cours du beurre et des poudres), laisse augurer des jours meilleurs pour les producteurs de lait. Laurent Boussès, nouveau délégué lait régional FRSEAO, a expliqué les raisons de ces évolutions inattendues. Une moindre production en Europe sur 2006, une forte réduction en Australie due à une sécheresse terrible, une concurrence nouvelle entre la valorisation des productions végétales et l’alimentation animale mais aussi une demande mondiale soutenue, en particulier par l’Inde et la Chine.
Thierry Roquefeuil a, quant à lui, rappelé aux entreprises et à la distribution les lois du marché :
« Quand il y a moins de cerises, les prix montent, il doit en être de même pour les produits laitiers ». Puis il s’est adressé aux producteurs pour leur demander de répondre au marché. La FNPL a toujours défendu la maîtrise de la production c'est-à-dire l’adaptation de la production à la demande. « La baisse de la production a permis de retrouver des prix rémunérateurs, aujourd’hui, nous devons produire plus pour répondre aux besoins des consommateurs »,
a-t-il expliqué. En effet, la production française accuse un retard sensible sur la fin de campagne 2006/2007 qui se creuse encore plus au mois de mai. La FNPL souhaite montrer que « la politique de la France est la bonne. Produire moins si la demande est moindre et produire plus en cas inverse. Si nous ne produisons pas suffisamment, le risque est de voir, soit d’autres produire à notre place, soit nos produits devenir moins compétitifs avec des prix trop élevés ».
Le secrétaire général de la FNPL interpelle les entreprises : elles ont demandé aux producteurs d’accepter des baisses de prix quand le marché était mauvais, elles doivent aujourd’hui accepter la hausse sans tergiverser. « Les producteurs méritent un juste retour. C’est ce signe fort qui pourra le plus inciter les producteurs à répondre aux besoins des entreprises ».
Dans la salle, au-delà du prix de base annoncé en évolution supérieure à 10 € / 1000 l et qui paraît un minimum, certains producteurs ont remis en cause la flexibilité qui ne s’explique plus. Thierry Roquefeuil a confirmé effectivement : « Nous venons de voir que la valorisation beurre-poudre est enfin redevenue  positive. La flexibilité qui permettait de réduire encore le prix du lait aux entreprises sensibles au cours trop faible du beurre et de la poudre ne peut plus se justifier aujourd’hui. »
S.D.
 

Quotas : La vision allemande

Un responsable du DBV (syndicat allemand) a présenté en mars dernier devant l’assemblée générale de la FNPL, les arguments suivants : les quotas ne garantissent pas un prix élevé, ni un marché équilibré. 17 % de la production européenne est soutenue et devra, soit ne pas être produite (réduction d’au moins 15 % des quotas), soit être compétitive sur le marché mondial. Ils ne garantissent pas non plus un équilibre des territoires, ni le maintien des producteurs. Enfin, la suppression des quotas permettrait de donner des perspectives aux producteurs. Toutefois, les Allemands demandent aussi un temps d’adaptation et des soutiens spécifiques de l’Europe ou de l’État et/ou des Lands.

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