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La haie : un garde-manger pour les bovins, un gagne-pain pour l’éleveur

Sur son exploitation, l’EARL Les Basses Vallées, David Gélineau a intégré la haie comme une production majeure. Celle-ci lui apporte une belle plus-value comptable, mais est également pâturée tout au long de l’année par ses bovins.

La haie de David Gélineau, éleveur de limousines à Cantenay-épinard, est valorisée en bois de chauffage pour des quartiers angevins tels que la Roseraie, Belle-beille ou encore l’hôpital.
La haie de David Gélineau, éleveur de limousines à Cantenay-épinard, est valorisée en bois de chauffage pour des quartiers angevins tels que la Roseraie, Belle-beille ou encore l’hôpital.
© AA

Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français. L’office français de la biodiversité (OFB), recensait la disparition de 750 000 km de haies vives, arrachées sous l’effet conjoint du remembrement agricole et du déclin de l’activité d’élevage au profit de la céréaliculture intensive. Une perte immense, lorsque l’on sait tous les services écosystémiques et paysagers qu’offre le bocage.


Chauffage pour l’hôpital
David Gélineau est éleveur de limousines à Cantenay-épinard. « C’est clair que la politique bocagère n’est pas suffisante. Peu d’agriculteurs envisagent la haie comme une part entière de leur exploitation », estime celui qui a près de 30 km de haies sur son exploitation, représentant un total de 9 ha. Membre de la Scic bois énergie du département, il produit 100 à 200 tonnes de bois de chauffage grâce à ses haies, et ce depuis 8 ans. Ce bois permet notamment de chauffer le quartier de la Roseraie à Angers, ou encore l’hôpital. « Je fais venir une entreprise, l’entreprise Moreau, qui a une pelle et une hache mécanique ». Le chantier coûte 1 000 € par jour, et entre 300 et 500 m de linéaires peuvent être taillés, en têtard. « Il ne faut surtout pas raser trop bas, c’est pour cela que je fais des têtards. Le têtard, c’est du bois pour l’avenir ». Environ un mois après le chantier de coupe, le bois est broyé en copeaux, puis stocké sur l’exploitation. « Cela s’apparente à un chantier d’ensilage pour du bois ! », compare l’agriculteur. Son bois est ensuite valorisé à un prix d’environ 50 €/t pour le frêne, 35 €/t pour le saule. « On est payé à l’équivalent en MWh, en fonction de l’humidité du bois. Ainsi, des saules vont moins rémunérer que des frênes ». Grâce à sa gestion bocagère, l’agriculteur se dégage une marge brute d’environ 50 % sur cette production. Sa haie, qui fait en moyenne 3 m de large, lui apporte donc un complément de revenu direct, auxquels s’ajoutent de nombreux services écosystémiques. « Cela protège du vent, du soleil, de la pluie, apporte de la biodiversité ... Il faut vraiment reconsidérer la haie comme une alliée, et non une contrainte », confie David Gélineau. Et pour cause, l’éleveur arrive à vendre pour près de 7 000 € par an l’ensemble de sa production. Quand on connaît les difficultés de la viande bovine, cette rentrée d’argent n’est pas superflue.


Des arbres fourragers
De plus, les têtards de l’éleveur servent de pâture pour les 130 UGB de l’exploitation. « J’ai décalé mes clôtures pour que les vaches pâturent. En fin de compte, ce sont elles qui font la taille à ma place pour que le têtard se mette en place ». Une stratégie payante, les bovins raffolant de certaines essences, comme le frêne. En pâturage tournant, l’éleveur gagne ainsi un temps  précieux dans la gestion de ses haies, et un apport intéressant en fourrage pour ses animaux. « C’est évident que cela ne représente pas grand chose, de l’ordre de la dizaine de grammes par jour. Mais cela a une appétence différente, des minéraux différents... », détaille l’éleveur. « On peut également penser à une sorte d’aromathérapie, et pourquoi pas dans le futur regarder quelles essences sont bénéfiques pour les bovins », poursuit celui qui a découvert l’agroforesterie il y a une petite dizaine d’années, et qui depuis s’attelle à développer un réel savoir-faire autour de la haie.

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