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La noblesse des grains
Samedi, aux Greniers Saint-Jean, une dégustation de vins d’Anjou “Sélection de grains nobles” est proposée au public. Philippe Delesvaux, viticulteur, dévoile quelques secrets de fabrication de ces vins rares et prestigieux.
Vins d’exception, de par leur faible tirage (une soixantaine d’hectolitres cette année, seuls 6 en 2008…), les grains nobles ne sont pas pour autant réservés aux palais des spécialistes et amateurs éclairés. Samedi 28 novembre, de 15 h à 20 h, aux Greniers à Saint-Jean, à Angers, chacun pourra déguster, en compagnie des viticulteurs, des vins d’Anjou titulaires de la précieuse mention “Grains nobles”. Des coteaux du layon, des coteaux du layon avec un nom de commune et des coteaux de l’aubance : ce sont les trois seules appellations du Val de Loire autorisées à élaborer des vins à partir de chenins atteints de pourriture noble ou botrytis. Philippe Delesvaux, viticulteur à Saint-Aubin-de-Luigné, est un des seuls à en faire chaque année : « Le botrytis est un champignon magique. Il faut des conditions particulières afin qu’il apparaisse, ou pas, sur des raisins mûrs, à la fin de l’été : des nuits froides, une brume matinale, de la chaleur l’après-midi et du vent… ». Mais il ne suffit pas de croiser les doigts et d’attendre que la nature fasse son œuvre : « Tout un travail est nécessaire en amont. Nous choisissons des vignes qui fournissent plutôt de petits grains, nous favorisons la maturité. Il n’y a pas de place pour l’opportunisme en la matière ». Le rendement est limité à 2 à 3 hectolitres par hectare. Si bien qu’un vendangeur, qui recueille en moyenne une barrique de raisin par jour, n’en récolte que 10 litres en grains nobles. Des tries très serrées sont effectuées, pour obtenir des jus très riches en sucre, « pas au-dessous de 19° ». Aucune chaptalisation, aucun enrichissement n’est autorisé. Sucrés, concentrés, liquoreux, les grains nobles ne
sont « ni lourds, ni plus riches en alcool », souligne le vigneron. Ils trouvent preneur, pour la plupart, auprès de clients étrangers, aux États-Unis, au Canada, en Chine ou encore Russie, entre 20 et 30 euros la bouteille de 50 centilitres. L’élevage minimum étant fixé à dix-huit mois, ce sont aussi des vins qui nécessitent de la patience avant d’être goûtés.
S.H.
* Droit d’entrée : 4 €, verre et dégustation inclus.