Viticulture
« La place du vin dans la société, en jeu »
Les viticulteurs ont revendiqué le droit à la publicité lors d’une journée nationale d’action, jeudi 30 octobre.
Environ 200 viticulteurs ont défilé hier, jeudi, dans les rues d’Angers à l’appel de la Fédération viticole. Objectif : protester contre l’article 24 du projet de loi hôpital, patients, santé et territoires, tel qu’adopté en conseil des ministres le 21 octobre. Il vise à « interdire d’offrir gratuitement à volonté des boissons alcoolisées dans un butpromotionnel, ou de les vendre au forfait. » Pour Patrice Laurendeau, président de la Fédération viticole de l’Anjou, il s’agit là d’une disposition qui interdirait les dégustations au cours des salons et foires viticoles et lors des dégustations dans les caveaux. « Si on doit faire payer les dégustations, on ne s’en sortirait plus, souligne-t-il. Si on ne fait plus goûter le vin, il deviendra impossible d’en vendre. » Dans le même article, figure une disposition qui interdit totalement la vente d’alcool dans les stations-services, actuellement autorisée entre 6 h et 22 h. « Cela remettrait en cause le vin comme produit du terroir, car de nombreuses stations-services proposent des stands dédiés à la promotion des produits régionaux, poursuit Patrice Laurendeau. Quand les gens y achètent du vin, c’est pour le ramener chez eux, pas pour le consommer dans la foulée. On a alerté les élus pour qu’ils interviennent. »
Un cadre juridique précis
Le 20 décembre dernier, le journal Le Parisien a été condamné par le TGI de Paris pour avoir publié une série d’articles élogieux sur le champagne, des articles assimilés par le tribunal à de la publicité pure et simple. Ce que Patrice Laurendeau dénonce : « Nous réclamons un vrai cadre juridique pour l’information et la publicité, pour que les journalistes puissent continuer à rédiger des articles sur les qualités du vin sans être obligés de s’autocensurer. » Plusieurs propositions de loi ont été déposées en ce sens au Sénat, la dernière au mois de mai. Sans résultat pour l’instant. En revanche, la revendication de la filière viticole concernant la publicité de l’alcool sur internet pourrait être bientôt satisfaite. « C’est un enjeu majeur pour l’avenir de la filière, indique le président de la Fédération. Mais nous sommes bien conscients que cette publicité doit être accompagnée de garde-fous ». Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports a indiqué lundi qu’elle ne s’opposerait pas à une modification de la loi Évin, qui, en 1991, n’avait pas pris en compte internet, un média alors inexistant. « C’est positif, mais nous attendons que le texte soit effectif », modère Patrice Laurendeau. Et de conclure : « Nous souhaitons que les promesses de campagne de Nicolas Sarkozy se concrétisent, comme celle de ne pas considérer le vin comme une drogue. Car c’est la place du vin dans la société qui est en jeu. ».
J.F. M.