Incendies
La solidarité agricole a joué à plein
Dans la série d’incendies qui a frappé l’Anjou ces derniers jours, les agriculteurs ont joué un rôle primordial auprès des sapeurs-pompiers. Retour sur cette mobilisation avec quelques-uns d’entre eux.
Dans la série d’incendies qui a frappé l’Anjou ces derniers jours, les agriculteurs ont joué un rôle primordial auprès des sapeurs-pompiers. Retour sur cette mobilisation avec quelques-uns d’entre eux.
Ils ont approvisionné en eau les pompiers avec leurs tonnes à lisier. Ils ont arrosé le long des routes afin de former des pare-feux. Ils ont passé des déchaumeurs et arrosé en bordure de champs et de propriétés pour protéger les maisons, les bâtiments. Dans la série d’incendies qui ont gravement touché le Maine-et-Loire, les agriculteurs se sont montrés solidaires des pompiers, des services de l’état et des collectivités locales mobilisées. « Merci aux 600 pompiers, aux agriculteurs, aux bénévoles et aux habitants pour leur solidarité ! », écrivait le maire de Baugé-en-Anjou, Philippe Chalopin, dans un tweet du 10 août. 1 450 ha ont brûlé dans la forêt de Pugles à Baugé-en-Anjou, entre lundi 8 et mercredi 10 août dans la nuit. « Au plus fort de la mobilisation, le mardi soir, nous étions entre
70 et 80 tracteurs », témoigne Valéry Lebouc, le président de la Cuma. Ce dernier a aidé à coordonner les actions des tracteurs qui sont venus spontanément, et de partout : « ça a été une énorme mobilisation bénévole. J’ai même vu des agriculteurs arriver d’Indre-et-Loire, des Deux-Sèvres, du Nord Sarthe, pour aider ! ». Il a fallu s’organiser pour canaliser toutes ces bonnes volontés et assurer la sécurité de tous.
« Le tracteur a tourné 47 heures non stop »
« Dans ma Cuma, le tracteur a tourné non stop pendant 47 heures. On se relayait toutes les 4 heures, et nous étions deux personnes dans le tracteur pour plus de sécurité. Le plus difficile a été de pouvoir intervenir sans gêner le travail des pompiers », poursuit l’agriculteur. Celui-ci a été colossal, tant le feu allait vite : « le feu passait de cime en cime par les sapins ». L’explosion de munitions datant de la Seconde guerre mondiale a ajouté à la difficulté. Malgré une coordination un peu compliquée au début, « les agriculteurs ont effectué un énorme travail. 1 400 ha ont brûlé, mais on ignore combien auraient brûlé sans leur intervention ». Le feu est désormais maîtrisé, aucun bâti n’a brûlé, aucun blessé grave n’est à déplorer. « Une vigilance des pompiers va s’exercer pendant 2 à 3 semaines, heureusement la pluie a apaisé les choses ».
Agriculteur à Saint-Lambert la Potherie, Anthony Ménard est intervenu en renfort sur l’incendie du Baugeois, avec la Cuma Botanica. « Nous y sommes allés avec un tracteur et une tonne à lisier, nous étions 3 agriculteurs à nous relayer sur 24 heures ». Il souligne l’« émouvant élan de solidarité, de la part du monde agricole et de tous les habitants ». Pour Anthony Ménard, il est intéressant d’ores et déjà de « repenser le stockage de l’eau en matière, non seulement d’irrigation mais aussi d’incendie, comme l’ont montré les feux de cet été ».
Réactivité des agriculteurs sur différents sites
Quand un feu s’est déclaré à Trélazé, samedi 13 août, « nous avons eu peur. Nous étions prêts à évacuer tous les animaux dans des prés mais nous n’en avons finalement pas eu besoin », témoigne Claude Hersant, agriculteur au Gaec des 3 H à Saint-Barthélémy d’Anjou. Le feu est passé à 200 m de sa ferme et 10 ha de ses prairies ont brûlé. Il s’est approché à 10 m d’un bâtiment à paille de l’EARL Grasimond. Les agriculteurs du secteur, épaulés par des collègues du Baugeois, ont prêté main-forte aux pompiers. « Nous nous sommes relayés de samedi après-midi jusqu’à 3 h 30 dans la nuit de samedi à dimanche », expliquent Claude Hersant et Jean-Laurent Laval, arboriculteur.
Lors des deux incendies qui se sont déclarés le 11 août, à Saint-Georges des Gardes, là encore, les agriculteurs se sont très vite mobilisés, via des groupes Whatsapp. Il n’y a que des feux de chaume à déplorer. « Le feu est passé tout près d’une ferme, d’un dépôt de gaz et du bâtiment de la Cuma », témoigne Sylvain Piet, président de la Cuma.
S.H.