FNSEA
La victoire, une responsabilité supplémentaire pour la FNSEA
Le 61e congrès s’est déroulé à Marseille. Le rapport moral souhaite redonner « de l’efficacité syndicale » à la FNSEA qui est sortie renforcée fin janvier après les élections.
61e congrès de transition avant l’échéance de 2008 où une nouvelle équipe dirigeante sera élue, propose un rapport moral consacré au syndicalisme. Ce rapport, intitulé “De la représentativité à l’efficacité
syndicale”, discuté le 28 mars au matin, a été voté sans coup férir. Il faut rappeler que la FNSEA avait consacré au syndicalisme son rapport d’orientation de 2004. Cette nouvelle mouture se veut un préa-lable à une réflexion qui doit s’engager jusqu’au prochain congrès, en mars 2008.
« La victoire n’est pas une fin en soi »
Il n’empêche. Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA a prévenu le réseau syndical, le 28 mars lors de son discours d’ouverture : « Cette victoire n’est pas une fin en soi, c’est une responsabilité supplémentaire que les paysans viennent de nous confier ». « Nous ne devons pas nous endormir sur nos lauriers », a-t-il expliqué. L’idée est de « rebondir sur cette victoire en consolidant nos bases syndicales et en préparant le renouvellement syndical de 2008 », peut-on lire en introduction du rapport moral.
La culture de l’adhérent
« Nous devons maintenir haut la culture de l’adhérent dans toutes nos structures. Il est la base de notre syndicalisme. C’est notre principale force d’action », a martelé le président de la FNSEA. Autre sujet fort, « la formation que tous les élus ont à accomplir ». « La prise de responsabilités (…) impose des attitudes, des comportements, des compétences particulières que nous devons assimiler », a rappelé Jean-Michel Lemétayer dans son discours d’ouverture.
« Notre représentativité ne fait pas forcément l’efficacité syndicale, elle y contribue », a souligné Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA et co-auteur du rapport moral avec Jean-Bernard Bayard, secrétaire général adjoint. C’est pour viser une « efficacité renforcée » que les rapporteurs proposent notamment de fidéliser et conquérir des adhérents en élargissant la base ;
de sécuriser les conditions d’engagement des responsables et d’instaurer des parcours de formation ; de conforter certains échelons de l’organisation et mutualiser davantage de moyens dans un esprit de groupe ; de mettre à profit la représentativité et de gérer les majorités.
Cet esprit de groupe a été évoqué lors du débat qui a suivi le rapport moral. En ligne de mire notamment, les relations avec les AS (Associations spécialisées). Claude Cochonneau, président de la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire, a présenté aux congressistes ce qu’il considère comme une ligne de conduite : il faut considérer que les commissions de travail de la FNSEA apportent la recette, que la FNSEA fait la cuisine et qu’après, ce plat unique est savouré par tous.
Délégation régionale
« Faire adhérer les agriculteurs au projet pour l’agriculture »
Marseille - Une forte délégation de l’Ouest a participé au 61e congrès de la FNSEA qui se tenait jusqu’à hier à Marseille. La présentation des productions de la région, notamment les productions végétales spécialisées, en fruits et légumes et en horticulture, n’a pas été sans rappeler celles du Maine-et-Loire, Claude Rossignol, le président des Bouches-du-Rhône, rappelant qu’elles étaient « sans aide », préfigurant peut-être en cela ce qui attend demain les agriculteurs.
Parmi les membres de la délégation régionale, la Loire-Atlantique, dont la récente victoire aux élections de la Chambre d'agriculture a été saluée. « C’est le résultat d’un travail de terrain de longue date, de propositions de services et de conseils aux agriculteurs », a souligné le nouveau président de la Chambre d'agriculture, Jean-François Coué. Un réseau de proximité, voilà bien ce que suggère Dominique Barrau, de la FNSEA qui invite les syndicats départementaux à nouer des liens avec les collectivités territoriales. Les délégués départementaux reviennent donc encore plus mobilisés de ce 61e congrès. « Cela donne une motivation supplémentaire » , explique André Buffard, qui participait pour la première fois au congrès national. « On entend la spécificité de chaque région, on voit que chacun défend ses intérêts, mais au final, tout le monde comprend que notre cause est commune et que c’est par la solidarité que nous nous en sortirons ». « Notre véritable objectif, au-delà de la simple collecte des cotisations, est de faire adhérer les agriculteurs à notre projet pour l’agriculture », explique Jean-Paul Piet. Le secrétaire général de la FDSEA de Maine-et-Loire souhaite que les agriculteurs soient « nombreux à s’engager au plan local, cantonal ou départemental » et envisage de mettre en place des réunions avec des « rythmes et des horaires plus compatibles avec la vie familiale et professionnelle ».
Temps fort de la vie syndicale, le congrès national permet aussi de mettre à plat les enjeux et d’envisager les évolutions auxquelles le monde agricole va se trouver confronté demain. En l’occurrence, le prochain bilan de santé de la Pac et la réforme qu’elle sous-tend dans l’esprit de Mariann Fisher Boël, les prochaines négociations à l’OMC dans un contexte politique européen renouvelé (élections présidentielles françaises, présidence allemande), risquent d’accélérer le processus.
« L’enjeu, c’est la solidarité entre les productions », estime Arthur Janvrin, confirmant les propos de Jean-Michel Lemétayer, le mercredi matin : « L’union est indispensable, car depuis les accords de Luxembourg, tout se met en place pour opposer lesagriculteurs entre eux, entre productions, entre régions », a analysé le président de la FNSEA qui entend aussi peser au plan européen : il a accepté d’être candidat à la présidence du Copa. Tout en rappelant que la meilleure défense du revenu des agriculteurs est la défense des prix. « Si une nouvelle réforme se profile, je préfère qu’on soit force de propositions », reprend Jean-Paul Piet. « Le rôle de la FDSEA, c’est de rassembler toutes ces forces de
propositions », estime le secrétaire général de la FDSEA. « Notre diversité nous oblige à réfléchir ensemble et ce qui peut paraître un inconvénient est, en réalité, une force ».