Emploi-formation
L’Adéfa cultive le dialogue social en agriculture depuis dix ans
L’association paritaire a convié tous les anciens présidents lors de son assemblée générale, le 3 mai.
Active en tant qu’association paritaire depuis dix ans sur le département, l’Adéfa a déjà à son bilan un certain nombre de réalisations, mises en place avec ses partenaires : la bourse à l’emploi, la charte de l’emploi saisonnier, l’accompagnement des employeurs, le travail auprès des demandeurs d’emploi, notamment, avec le dispositif Adéma… Lors de l’assemblée générale du jeudi 3 mai, tous les présidents employeurs et salariés qui se sont succédé à la tête de l’association ont été rassemblés autour d’une table ronde : Jean-Louis Lardeux (employeur, 2001-2004), Jean Presselin (salarié, 2004-2006), Jean-Yves Fouin (employeur 2006-09 et depuis 2011), et Olivier Caillé (salarié, 2009-11). L’occasion, pour tous, de revenir sur les fondements la structure. De rappeler, notamment, le courage et la volonté politique qu’il aura fallu pour mettre en place une cotisation* pour faire vivre l’Adéfa. “Il y a eu de fortes oppositions à l’époque, mais quand on est responsable, il ne faut pas toujours penser à faire plaisir”, a réaffirmé le premier président, Jean-Louis Lardeux, agriculteur, un des premiers artisans de l’Adéfa avec Jean Presselin, représentant de la CFDT, tous deux élus à la Chambre d’agriculture.
Quels nouveaux défis attendent l’Adéfa ? Il s’agit toujours de mettre en adéquation les offres et les demandes d’emploi, a souligné Olivier Caillé : “On constate une baisse des emplois en général, liée à celle du nombre des exploitations. Malgré cela, des secteurs ont du mal à recruter alors qu’ils proposent des emplois durables, qualifiés. C’est le cas dans les secteurs de la viticulture, en polyculture-élevage, dans le paysage”. Il s’agit aussi de travailler sur l’attractivité du métier, liée à la fois à la question de la rémunération et à l’image des métiers agricoles. “Depuis longtemps, l’Éducation nationale laisse peu partir les bons élèves en formations par alternance, a dénoncé Jean-Louis Lardeux. Il faut que la société reconnaisse enfin que les métiers de l’agriculture sont des métiers nobles”. En matière de formation permanente, le responsable agricole verrait aussi d’un bon œil un “décloisonnement de certaines formations sur des sujets techniques, comme les phytosanitaires, pour lesquelles agriculteurs et salariés ont les mêmes besoins”.
Anticiper les besoins de demain
Autre défi, celui de poursuivre l’innovation sociale engagée par la Charte de l’emploi saisonnier, déjà signée par quarante partenaires institutionnels et par dix entreprises.
L’engagement d’employeurs volontaires dans la charte et la recherche de nouveaux financeurs est une des priorités pour les deux années à venir.
Enfin, l’Adéfa contribue à un travail prospectif régional sur les besoins en emploi et en compétences : “Il s’agit d’anticiper sur ce que seront les besoins de demain en salariat et en agriculteurs, et les besoins en formation”, a expliqué Jean-Yves Fouin. Alors que les salariés agricoles, permanents ou saisonniers, se trouvent de plus en plus en ville, la question de la “mobilité géographique” sera aussi primordiale dans les années à venir, a souligné le sociologue de l’Ésa, Roger Le Guen.
S.H.
*Fixée à 0,03 % au départ, la cotisation a été augmentée à 0,05 % en août 2010 pour à redresser le résultat financier de l’association.