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L’agriculture angevine à l’heure de la crise

Comme toute la France, l’agriculture est impactée lourdement par le coronavirus. Dans le Maine-et-Loire, la diversité des productions conduit à une diversité de situations.

Ce camion appartient à Mathieu Billotte de Multibaies. Il est bloqué à la frontière géorgienne, mesures sanitaires obligent. à son bord, près de 70 000 € de marchandises, périssables. L’export est devenu très compliqué suite à la crise.
Ce camion appartient à Mathieu Billotte de Multibaies. Il est bloqué à la frontière géorgienne, mesures sanitaires obligent. à son bord, près de 70 000 € de marchandises, périssables. L’export est devenu très compliqué suite à la crise.
© AA

Depuis mardi midi, la France tourne au ralenti. Confinement, télé-travail, chômage partiel... La crise sanitaire du Covid-19 a des effets inédits, et toutes les filières économiques sont ou seront impactées. Il en est de même pour l’agriculture. Mais les impacts ne sont pas identiques en fonction des productions. Tous les professionnels s’accordent sur la nécessité des mesures prises par le gouvernement pour enrayer l’épidémie.


L’horticulture en difficulté
Parmi les productions les plus impactées, les horticulteurs vont avoir du mal à encaisser cette crise. à Fleuron d’Anjou, l’activité fleurs est complétement à l’arrêt. « Toutes les plantes qui devaient être vendues en ce moment sont jetées », déplore Christophe Thibault, le président. L’équivalent d’un mois et demi de stock. Chez Antoine Pigot, horticulteur à Tiercé, c’est plus de la moitié du chiffre d’affaires qui va être envoyé au compost. « Les pertes vont être énormes. On est désemparé », s’inquiète l’horticulteur. Un soutien à la hauteur de l’engagement affiché par le Président de la République semble nécessaire pour la filière horticole. « Même si cette crise arrive au pire des moments pour nos entreprises, notre réseau fonctionne bien. Il faut rester optimiste et ne pas baisser les bras. Tous les élus et les interprofessions travaillent pour obtenir des garanties », rassure Claudine Oger, présidente 49 et 72 de la Fédération nationale des producteurs de l’horticulture et des pépinières. Dans tous les cas, de l’argent devra être injecté dans les entreprises. « Quelle que soit la taille de la structure, sans mesures d’aide, il est clair que l’on mettra la clé sous la porte », prévient Christophe Thibault. En effet, la production est déjà lancée depuis plusieurs mois, et les charges sont engagées.
Les effets du Covid-19 se feront ressentir également à plus long terme. Mathieu Billote est le directeur de Multibaies, pépinière spécialisée en plants de myrtilles, à Cheffes-sur-Sarthe : « on compromet la production de l’année prochaine, qui est en train d’être démarrée. Sans main-d’œuvre et sans matériel, car pas de transporteurs, je ne peux plus produire ». Il est donc important de maintenir une continuité de production dans les filières liées à l’agriculture dans son ensemble, afin d’éviter au maximum des ruptures de stocks mettant en danger la pérennité des entreprises. « L’avantage que l’on peut avoir en France, c’est que nos structures ne sont, en général, pas monoculturales. Elles sont donc plus résilientes », tempère Claudine Oger.


Entre opportunité et baisse d’activité
Les filières alimentaires subissent des destins divers. Ainsi, à Fleuron d’Anjou, qui produit également des légumes, la demande a fortement augmenté pour les variétés de grandes consommations. Pour d’autres espèces, à destination de la restauration principalement, la production est à l’arrêt. Christophe Thibault y voit trois raisons principales.
« D’une part, l’importation de produits devient compliquée, donc les gens se rabattent sur du français ». Un effet levier attendu dans d’autres filières, notamment en viande bovine, comme l’espère Mickaël Bazantay, président de Bovinéo : « On espère une relocalisation de la consommation, ce qui serait une bonne chose. Maintenant, il faut que l’ensemble de la filière tourne ». Autre raison à l’augmentation de la demande chez Fleuron d’Anjou ? « La frénésie des gens, qui se sont rués dans les supermarchés, qui doivent donc assurer leurs stocks ». Enfin, « les Français vont avoir plus le temps de cuisiner, et achètent donc plus en grandes surfaces ».
Cette augmentation, soudaine et massive, de la proportion de restauration à domicile par rapport à la restauration hors domicile est également destabilisante pour de nombreuses entreprises. Ainsi, 80 % de l’activité de la Rosée des Champs s’effectue en restauration collective et commerciale. Depuis vendredi et la fermeture des établissements scolaires, bars, restaurants et autres commerces jugés non indispensables, les stocks sont détruits. « Les pertes sont énormes, on est en train de chiffrer, mais c’est compliqué », indique Francis Bailly, directeur. « Heureusement, ce n’est pas la pire saison pour le maraîchage, mais on attend des mesures de soutien », détaille-t-il.


La continuité, une priorité
Partout, les filières s’organisent. « En viande bovine, les outils tournent, avec un peu de décalage mais rien d’affolant pour le moment », témoigne Mickaël Bazantay. « On a 70 % de nos salariés en chômage partiel », constate, pour sa part, Francis Bailly. Si Mathieu Billotte comprend les mesures du gouvernement, il espère que « les salariés des fournisseurs ne vont pas exercer leur droit de retrait. C’est l’épée de Damoclès ». La continuité est primordiale pour stabiliser l’agriculture en ces temps difficiles.

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