Europe
L’agriculture, un avenir lié à celui de l’Union européenne
à quelques semaines des élections européennes, le député Michel Dantin a présenté le fonctionnement des instances communautaires.
Dantin, député européen.
De la pédagogie. C’est ce à quoi s’est livré Michel Dantin, député européen, devant les 300 participants à la soirée débat organisée, mercredi soir 9 avril, par la FDSEA. Pas de recette miracle ou de solutions toutes faites. Pas de démogagie non plus. Sans paraphraser Tolstoï, dans Guerre et paix : “tout comprendre, c’est tout pardonner”, ces explications ont sans doute permis à l’assistance de mieux appréhender le fonctionnement et les rouages d’une Europe créée au sortir de la Deuxième Guerre mondiale pour garantir la paix au continent et qui, de six membres de départ rassemblés pour des objectifs économiques, doit travailler désormais à 28.
Un système assoupli
Pour tempérer la toute puissante Commission européenne bruxelloise souvent jugée excessive sur le terrain, le système a été assoupli. De la démocratie ajoutée. Finie l’unanimité. Le traité de Lisbonne a élargi, par la co-décision, le pouvoir aux parlementaires. Mais il faut toujours compter, remarque Michel Dantin, avec les ancrages culturels et les rapports de force, nourris aussi par le lobbying, entre une Europe du nord plus réglementaire et une Europe du sud qu’il considère plus souple. En l’occurence, les clivages se mesurent plus à la géographie qu’aux appartenances politiques.
“Les pères fondateurs de l’Europe considéraient que si les hommes se parlaient, par le biais du commerce, ils ne se battraient plus. Ils ont sans doute négligé, et nous aussi ensuite, les règles et le cadre social et fiscal”, constate Michel Dantin. Sur le plan fiscal, le député européen considère que des avancées sont possibles même s’il faudra du temps. Sur le plan de l’harmonisation sociale, par contre, sans doute ne faut-il pas attendre beaucoup sur la législature à venir. “La politique sociale est le reflet des aspirations d’un peuple, souligne-t-il, et elles sont très différentes en Europe. Ainsi, en Allemagne, la loi fondamentale de 1949 exclut toute politique familiale (pas d’allocations, pas de congé parental, pas de crèches publiques). Résultat : 12 points de différence sur les charges.
Voter le 25 mai
Alors, cette Europe, imparfaite mais perfectible, est-elle une chance pour l’agriculture ? “Il serait illusoire d’imaginer que chaque pays puisse concocter sa petite politique agricole nationale”, estime Michel Dantin, même si la subsidiarité laisse désormais chaque pays définir sa propre déclinaison. S’il faut se battre à Bruxelles pour faire entendre la voix des agriculteurs, il faudra aussi se faire entendre à Paris. Pour l’heure, à Bruxelles, peu de modifications à attendre sur ce mandat : le budget, maintenu, est calé pour sept ans. C’est donc sur la future Pac qu’il faut déjà travailler. “Investir de la matière grise pour avancer des propositions en 2017/2018”, préconise l’élu européen. “Et ne pas voir Bruxelles uniquement en termes de contraintes, renchérit Christiane Lambert. Il faut accepter les évolutions et anticiper le changement.” Et, pour ce faire, voter le 25 mai pour donner à la France le plus de chance possibles de se faire entendre dans le concert européen. “N’ayons pas peur de Bruxelles, ni de l’avenir, recommande Jean-Marc Lézé. Et revendiquons la place de l’Europe, première puissance économique mondiale.”
m.l.r.
Les questions de la salle
L’avenir de la Pac en débat
L’amphithéâtre était comble pour échanger avec Michel Dantin sur le futur d’une politique agricole commune dans une Europe à 28 pays. Une politique lointaine et technocrate pour certains, l’occasion pour le député européen, ancien responsable FDSEA de Savoie, de rappeler d’emblée que “90 % des parlementaires en charge de l’agriculture sont d’anciens agriculteurs, salariés d’exploitations ou syndicalistes”. Un parlement dont les pouvoirs ont été renforcés et “où la France a toujours son mot à dire et pèse dans le débat”. Interrogé sur la concurrence intra-communautaire, il concède que les disparités sociales entre les États-membres freinent une harmonisation du marché. Pour lui, “il est nécessaire, pour les grandes comme les plus petites exploitations, de réfléchir l’avenir de leur agriculture en créant des liens avec des partenaires européens”. Le futur de la Pac se dessine ainsi par “la nécessité de permettre aux petits de faire face aux gros” dans un monde où, dans les prochaines années, “plus aucun pays européen ne fera partie des plus grandes puissances mondiales”. L’Union européenne, première zone économique, reste le seul moyen d’y faire face. Il insiste ainsi sur la nécessité pour les organisations d’appuyer un lobbying européen.
Concernant un éventuel vote contestataire le 25 mai prochain, Michel Dantin est clair : “le vote européen ne doit pas être une occasion de régler nos comptes avec la politique française”. Tout en précisant que, “les consommateurs européens comprennent désormais l’intérêt de pouvoir consommer des produits de qualité, à un prix stable”. Enfin, Michel Dantin a rappelé que “les écologistes ne sont pas responsables de tous les maux. Beaucoup considèrent même que la France fait un dumping énergétique. Chaque pays avance les mêmes problèmes et se considère trop taxé sur son territoire.”