Innovation
Lapins : des enclos pensés pour le bien-être
A La Chapelle-Rousselin (Chemillé-en-Anjou), Guillaume Godard a investi dans un bâtiment de 1 500 m2, conçu selon le cahier des charges de l’association “éleveurs et Bien”. Un univers de travail confortable et pour les lapins, et pour l’éleveur.
A La Chapelle-Rousselin (Chemillé-en-Anjou), Guillaume Godard a investi dans un bâtiment de 1 500 m2, conçu selon le cahier des charges de l’association “éleveurs et Bien”. Un univers de travail confortable et pour les lapins, et pour l’éleveur.
Fils d’agriculteurs mais pas d’éleveurs cunicoles, Guillaume Godard vient de s’installer à 36 ans dans les Mauges, en créant de toutes pièces son élevage de 900 IA. Le jeune éleveur a connu le lapin par le biais du salariat, puisqu’il a travaillé une quinzaine d’années au sein de Hypharm, la filiale cunicole du groupe Grimaud. « Je voyais des personnes qui venaient se former pour être éleveurs, je voyais que cela marchait bien pour eux, et je me suis dit, pourquoi pas moi ? », raconte Guillaume Godard. Son épouse viendra le rejoindre sur l’exploitation l’an prochain, avec un projet de production d’asperges bio en complément.
Guillaume Godard travaille avec la coopérative Terrena (lapins NA, Nouvelle agriculture). Son bâtiment a été conçu selon le cahier des charges d’“éleveurs et Bien”. Une construction à la pointe en matière de bien-être animal, comme le souligne Christophe Rousseau, directeur des achats vifs pour le groupe ALPM (Alliance Lœul et Piriot Multilap) : « sur les 300 élevages, du Finistère à la Vienne, qui approvisionnent nos abattoirs, une vingtaine sont aujourd’hui équipés ainsi », précise-t-il. Tous les projets de construction et de rénovation sont aujourd’hui réalisés selon ce cahier des charges, qui va au-delà de la réglementation et même au-delà des préconisations du CIWF (Compassion in world farming). L’objectif est d’anticiper les changements attendus de réglementation en matière de bien-être animal et de redonner un élan à la filière lapins qui va devoir renouveler une bonne partie de sa population d’éleveurs dans les années à venir.
Chez Guillaume Godard, le bâtiment mesure 1 500 m2 au total. Seule la maternité est déjà occupée, les lapines étant arrivées mi-avril. Elle ressemble peu ou prou à une salle de maternité classique, toutefois, en y regardant de près, ces cages sont plus hautes, avec des sols plastiques plus confortables et équipées de mezzanines offrant la possibilité aux femelles de se mettre debout et de s’isoler.
En engraissement, une innovation de rupture
La salle d’engraissement représente une véritable innovation de rupture par rapport à ce qui se faisait jusque-là. Plus de cages, mais de vastes enclos aux sols plastifiés, équipés de tablettes et des parties couvertes, encore nommées “nuitées” ou “terriers”, qui permettent aux animaux de se dissimuler ou de se coucher. Ces terriers servent aussi de zone de contention et de regroupement avant l’expédition des animaux. La salle, éclairée en partie en lumière naturelle, abritera 7 500 lapins mais elle est dimensionnée pour 8 000 places, ce qui donne de la souplesse en cas d’augmentation de la productivité. La densité y est de 12,5 lapins/m2. « Chaque animal dispose de presque 2 fois plus de surface qu’en conventionnel », précise Thomas Humeau, technicien Terrena Lapins. Une des particularités est que 25 à 40 % de la surface est surélevée. Les animaux reçoivent une alimentation BBC (Bleu Blanc Cœur) et sont élevés sans antibiotiques.
Soutien financier à l’installation
L’investissement de Guillaume Godard se monte à 930 000 euros HT, subventionnés à hauteur de 69 000 euros par le PCAE animal. Seul 1,5 ha ont été nécessaires au projet.
Il n’y a pas de surface d’épandage nécessaire, grâce au choix d’un séparateur de phase. Les déjections liquides sont stockées dans une poche et seront épandues par des voisins. La phase solide sera vendue à des entreprises de compostage.
Financièrement, l’installation est soutenue par une politique très volontariste du groupe ALPM . « Les investissements vont être couverts par l’accompagnement », souligne Guillaume Godard. Le contrat comprend en effet un prix de vente de base fixé en début d’année et une indexation “vif secur” portant sur le prix des aliments (en forte hausse aujourd’hui). À cela s’ajoute une majoration liée à l’investissement et au cahier des charges, dans le cadre du plan “Avenir Lapin” développé depuis 2018 par ALPM et renforcé en 2022. Désormais, l’objectif fixé pour la rémunération est élevé à 2 Smic. De quoi aborder les prochaines années avec sérénité.
S.H.