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Lait
L’après-quota a commencé

Les coopératives laitières sont favorables à un maintien d’un dispositif de maîtrise de la production, après 2015.

Dominique Chargé, secrétaire général de la Fédération nationale des coopératives laitières et responsable professionnel à Terrena.
Dominique Chargé, secrétaire général de la Fédération nationale des coopératives laitières et responsable professionnel à Terrena.
© AA
Les quotas, tels que connus et gérés de façon administrée depuis 1984 disparaîtront. D’ailleurs leur suppression est devenue inéluctable, non pas parce qu’ils n’ont pas réussi, mais plus par leurs incapacités à endiguer les effets pervers », a déclaré Gérard Budin, le président, lors de l’assemblée générale de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL) qui s’est déroulée, le 26 avril à Paris. À Bruxelles et ailleurs, on leur reproche la lourdeur et la rigidité administrative qu’ils ont engendrées ainsi que leur coût dans les pays qui ont mis en place un
marché des quotas.
D’ailleurs, la Commission de Bruxelles est absolument opposée à la prorogation des quotas au-delà de 2015, a indiqué Stanislav Jas, chef du département productions animales au Copa-Cogeca. Pour lui, le projet de simplification des organisations communes de
marché et la création d’une OCM unique pour l’ensemble des productions sont une première étape de l’abandon de la gestion des marchés, y compris pour le lait. Le bilan de santé qu’elle va proposer l’an prochain obéit à la même logique. Une fois le diagnostic réalisé, la Commission devrait proposer un scénario progressif de sortie du régime des quotas avec une augmentation graduelle des références tous les ans et une diminution de prélèvement obligatoire en cas de dépassement jusqu’en 2015. Au final la production laitière pourrait augmenter de 10 % dans l’Union européenne « sans investissement supplémentaire » et les prix du lait diminuer de 5 à
15 %. Nos partenaires en ont conscience. En Irlande, la production est très saisonnière et
l’essentiel des débouchés sont des produits industriels. La filière est donc très dépendante des mécanismes de gestion de Bruxelles.
« L’abandon de tous les instruments de gestion et la libéralisation du régime laitier devraient se traduire par la disparition de plus de la moitié des producteurs d’ici 2015 », estime Catherine Lascurettes, secrétaire exécutive de l’Irish Farmers association. Les pouvoirs publics ont décidé de soutenir un important plan de restructuration de la filière laitière portant sur 290 millions d’euros en accordant 100 millions d’euros de subventions.
Au Danemark, on se félicite de cette évolution. Dans ce pays où la production moyenne atteint
900 000 kg par exploitation, et où une seule entreprise coopérative, Arla Foods contrôle 92 % de la collecte, la filière appelle de ses vœux la libéralisation complète du marché du lait.

Contrats
L’Allemagne est également prête à abandonner les quotas laitiers. « Il y a plus de chance et d’opportunités que de risques », a déclaré Eberhard Hetzner, le président des transformateurs allemands. Un certain nombre de lands se sont prononcés en ce sens. Mais les industriels n’entendent pas pour autant renoncer à une politique de maîtrise de la production.
Eberhard Hetzner a plaidé pour l’établissement de contrats entre producteurs et industriels.
C’est aussi la position de la FNCL. Si l’abandon des quotas semble inéluctable, pas question de renoncer à la maîtrise des volumes. Gérard Budin, son président, s’est prononcé pour « un système de régulation reposant sur un contrat entre les entreprises et la production » assorti d’un encadrement interprofessionnel de ces contrats, par grands bassins de production. « La France a été trop souvent défensive, nous devons reprendre l’initiative », a-t-il poursuivi avant d’annoncer la présentation d’une position française à l’automne sur le nouveau régime à mettre en place.
ACTUAGRI

Réactions

Maintenir la maîtrise européenne au-delà de 2015

Pour Dominique Chargé, secrétaire général de la Fédération nationale des coopératives laitières et responsable professionnel à Terrena, la disparition des quotas au delà de 2014-2015 ne fait pas un pli. Pour autant, « le pire serait que derrière l’abandon des quotas il y ait le néant ». Il faut donc, estime-t-il, trouver une solution de substitution. Sa proposition : une contractualisation entre le producteur et l’entreprise, laquelle se situe « à l’interface entre la production et le marché ». L’objectif étant de rendre l’entreprise « incontournable », mais aussi « le producteur incontournable pour l’entreprise ». Cette organisation bipartite, d’une part l’entreprise, d’autre part chaque producteur, constituerait un outil de gestion de l’offre qui
s’inscrirait dans un cadre interprofessionnel, national et régional. « Il pourrait régir des contrats entre les différentes catégories de marché, mais toutes les entreprises n’auraient pas les mêmes proportions des valorisations », prévoit le responsable coopératif. Des propositions seront avancées à l’automne. Mais d’ores et déjà, dans cette perspective d’après-quota, la France entend bien être force de proposition. « Plus vite nous proposerons une solution, mieux nous serons soutenus », espère Dominique Chargé qui souhaite que les réflexions françaises, qui trouvent déjà un écho favorable outre-Rhin, recueillent « un assentiment professionnel européen ».
Si la proposition des coopératives est écoutée avec intérêt chez les producteurs, l’approche diverge quelque peu en ce qui concerne son organisation. « La proposition de la Fédération des coopératives laitières d’imaginer une contractualisation n’est pas à exclure », commente Alain Cholet. Principe de réalité, le président de la FDL intègre, lui aussi, dans sa réflexion, la disparition des quotas après 2015. Mais le responsable professionnel imagine une alternative à la proposition des entreprises coopératives. Et de reprendre le projet JA d’une gestion globale de l’offre aux entreprises, en fonction de leurs besoins et de la valorisation des produits, « sans pour autant bannir les produits industriels », précise-t-il. Le responsable syndical préfère ce dispositif collectif, « garant de la collecte et du prix », à la relation directe entre l’entreprise et le producteur. Si les méthodes diffèrent, coopération et production s’accordent donc sur un indispensable maintien de la maîtrise de la production après la disparition des quotas. D’ici là, le producteur souhaite une transition en douceur pour l’ensemble des pays de l’Union européenne. Car il ne conçoit l’après-quota que dans une dimension communautaire, avec une maîtrise de la production évolutive en fonction, là aussi, des besoins.

m. l.-r.

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