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Interview
Le bio demeure un modèle en devenir

A l'occasion d'une commission bio de la FNSEA décentralisée en Maine-et-Loire, Etienne Gangneron, vice-président de la FNSEA en charge du dossier bio dresse un état de la filière bio française.

Etienne Gangneron, vice-président de la FNSEA

 >> Quelle part représente l'agriculture biologique en France ?Aujourd'hui, le bio en France représente 10 % de la SAU avec de grosses disparités selon les régions. L'Occitanie a dépassé les 20 % de SAU alors que d'autres régions comme le Nord ou l'Ile de France ne dépassent pas les 3-4%. Et la France est le 1er pays producteur bio d'Europe. Il y a 20 ans, nous étions en 19e position. Cette première place montre la rapidité avec laquelle la France a été capable de structurer les filières en agriculture biologique. La particularité française en Europe, c'est que la production bio est consommée en France. Alors que l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne produisent mais exportent. Aujourd'hui, en bio, en France, nous sommes autonomes en produits     “animal” et nous en exportons un peu. En fruits et légumes, la France importe encore des produits à cause  du coût de la main-d'œuvre.

>> La production bio continue d’augmenter mais en face la consommation, elle, baisse...Depuis fin 2021, il y a un désaveu des Français pour le bio. La situation est difficile à vivre pour les producteurs. On se demande aujourd'hui ce que l'on a mal fait. Certaines enseignes spécialisées comme la Biocoop ont troublé le message : on n'a pas besoin de dénigrer les autres modes de productions pour vendre du bio. Le bio, c'est un des cahiers des charges les plus exigeants. C'est le mode de production le plus contraignant. Toutes ces contraintes permettent de préserver la biodiversité, améliorer la qualité de l'eau... Ce sont ces arguments que la filière bio doit davantage mettre en avant pour inciter les consommateurs à acheter des produits bio.

>>  La crise du bio entraine-t-elle des déconversions ?    Certains éleveurs se posent la question de maintenir leur exploitation en bio. Par exemple, aujourd'hui, sur ma ferme, il n'y a plus que 10 centimes d'écart entre le prix de vente de viande bovine en bio ou en conventionnel. Même constat pour  le prix du lait. Certaines laiteries payent mieux le prix en conventionnel que d'autres en bio. à cette conjoncture s'ajoute une nouvelle réglementation sur le logement des veaux. Elle en décourage plus d'un...   Le bio est-il arrivé à la fin de son développement ?Non. Nous sommes juste en bas d'un cycle. Il ne faut pas abandonner le bio. Cette crise doit être l'occasion de réfléchir à notre manière de produire. Nous devons travailler en recherche et  développement pour optimiser nos outils. La technique est un volet qui mérite plus d’implication. à Maulévrier, la Maison Gaborit est un très bon exemple à suivre. Le système a été très bien pensé. Ils sont excessivement productifs et en même temps, cela reste un système qui a des bienfaits sur l'environnement. Le bio demeure le modèle en devenir. D'ici 50 ans, les agriculteurs n'auront sûrement plus le droit d'utiliser des produits de synthèse. Tous auront donc besoin d'outils résilients et productifs. C'est pour cette raison que nous avons besoin de la R & D.  

>> Quels leviers peuvent être enclenchés pour sortir la bio de cette crise ?Pour commencer, appliquer la loi EGAlim. Elle impose 20 % de produits bio dans tous les restaurants publics, mais nous ne sommes qu’à 4 %... Ce constat est assez catastrophique. Nous devons mettre la pression pour que les ministères, l’Assemblée nationale, le Sénat proposent 20 % de bio sur leurs tables. Si on atteignait ce niveau, on débloquerait un volume important de produits bio... On a un énorme levier avec  les collectivités et leurs cantines. Mais avec la hausse du coût énergétique, les collectivités voient leurs charges exploser. Je doute qu'augmenter le coût des repas pour introduire du bio sera dans leurs priorités... Malheureusement, l'alimentation sera encore la variable d'ajustement.  Nous comptons aussi sur les aides de la nouvelle Pac 2023 pour accompagner les agriculteurs bio. Les aides des MAEC sont un bon moyen  de reconnaître les services rendus à l'environnement par les agriculteurs bio. Souvent, ils n'ont pas besoin de changer leurs pratiques pour souscrire ces contrats. 

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