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« Le certificat phyto nous inquiète bien davantage que le Brexit »

Interview : Marc Peyres, directeur commercial de Blue Whale, le bureau de vente qui commercialise les pommes de la coopérative angevine Les Vergers d’Anjou.

Etal de pommes françaises à Bradford, dans le Nord de l’Angleterre.
Etal de pommes françaises à Bradford, dans le Nord de l’Angleterre.
© Blue Whale

Le Royaume Uni est  le premier pays importateur de pommes françaises. Quelles conséquences a le Brexit  ?
Marc Peyres  : notre bureau de vente Blue Whale réalise 40 % des exportations de pommes françaises vers le Royaume Uni. En ce qui concerne le Brexit, on peut dire que le pire a été évité ! Les deux plus gros écueils ont été écartés. La première crainte portait sur les taxes à l’importation de 4 %,  qui, en cas de Brexit sans accord,  auraient engendré un surcoût, pour notre groupe, de plus de 2,5 millions d’euros par an. Et la seconde crainte, c’était l’effondrement de la livre sterling, qui n’est pas non plus d’actualité, pour l’instant en tout cas. En revanche, on peut s’attendre à certains problèmes d’ordre logistique.

La transition se passe plutôt favorablement donc ?
Oui, s’il n’y avait la mise en place du certificat phytosanitaire à l’exportation vers les pays tiers, fixée au 1er janvier mais avec un régime dérogatoire jusqu’au 1er avril. Elle nous inquiète davantage que le Brexit. Ni les Anglais ni  les Européens ne sont prêts pour cette échéance, qui peut être plus gênante que la simple mise en place de douanes.
Le seul fait de la fermeture des frontières fait qu’il est nécessaire d’avoir désormais un certificat phyto pour exporter au Royaume Uni. Comme si le danger phytosanitaire était apparu avec la fermeture des frontières ! ça n’a pas de sens pratique ni économique.
Illustration de cette aberration : la semaine dernière, nous avons livré des pommes à Manchester, en Angleterre. Lorsque notre acheteur a voulu revendre une partie des pommes en Irlande du Nord, il n’a pas pu le faire : il lui a été demandé un certificat phytosanitaire car l’Irlande du Nord* est considérée comme territoire européen.

La demande britannique se maintient-elle ?
En décembre, nous avons connu une panique logistique parce que les Britanniques ont voulu faire des stocks de précaution avant l’entrée en vigueur du Brexit. La situation s’est ensuite stabilisée et le mois de janvier a même vu les exportations augmenter. Nous restons optimistes : le Royaume Uni reste une île à 40 km de la France, notre marché tiers le plus proche. Europe ou pas Europe, si dans le passé les pommes d’Afrique du Sud ou de Nouvelle Zélande avaient été meilleures que les nôtres, les acheteurs britanniques se seraient déjà tournés vers ces pays.
Si le marché venait à se modifier, se serait plutôt lié aux fortes contraintes qui pèsent sur la production française, contraintes de législation ou encore d’accès à la main-d’œuvre, plutôt qu’aux conditions du Brexit.
Propos recueillis par S.H.

 

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